ERBY |
Il y a longtemps, dans la ville de Lannion, j’exposais ma poésie, la partageant avec artistes peintres et photographes. Jouxtant le lieu, dans un local d’Etat, j’ai eu l’occasion de zieuter la sauce au noir et la flopée de nuances de Soulages dont on itinérait les œuvres de centre culturel en centre culturel à travers l’Hexagone, sur ordre du ministère de la Culture. Mitterrand aimait Soulages. Un reportage télé que j'ai visionné plus tard montrait le président lui rendant visite dans son sanctuaire, à l'écart du monde, loin de la foule, scellant par le fait son intronisation au panthéon des célébrités dont le nom s’insère dans le catalogue de l’Histoire de l’art, à tort ou à raison.
Même si le public ne comprend goutte à la chose, ni n’aime ce qu’il pense être une couillonnade, la machine à enduire de l'éloge submergeait l'esprit critique de tout son poids.
J’ai quitté le lieu où les institutions l’avaient imposé, l’esprit brouillé par le malaise et, aussi, par la colère. Qu’on puisse à ce point nous prendre pour des péquenots m’insupportait !
J’avais éprouvé le même sentiment avec le cinéma et ce que l’on appelait la « Nouvelle vague », à laquelle je n’ai jamais pu adhérer malgré des efforts de politesse très louables. Des faiseurs qui jouaient à faire croire qu’ils pensaient, alors que leur babillage sonnait aussi creux que cela pourrait se faire dans le crâne d’un australopithèque récemment découvert. Oh, l’infiniment lointain murmure du néant dans l’oreille des sourds et muets !
Mes potes de l’époque, biberonnés aux « choses fondamentales » de l’engagement culturel avec un grand C, trouvaient là de quoi se prendre pour des grands penseurs, méprisant les gens de faible condition, qui cependant les nourrissaient, crachant sur le prolo une bile dédaigneuse, rêvant à des mondes éthérés, du haut du vide sidérant qui les empêchait de voir autre chose que leur beau miroir !
Dire cela (et bien d’autres choses encore) de Pierre Soulages dans les années 80/90 était sacrilège ! Jack Lang distribuait ses sucreries à la sortie des collèges et il fallait se prosterner devant le dieu « culture » et son armée ! Les soldats de la Junte de l’art vous sautaient sur le râble vous réduisant à l’état de chiffe, si jamais vous osiez ne serait-ce qu’un début de doute devant la grande œuvre imposée au public ! Juste si on n’ouvrait pas dans nos « démocraties » décadentes des camps de rééducation pour un nettoyage express du disque dur.
Ce sont les mêmes petits soldats, ou leur alter ego (ça se reproduit si vite !), qui aujourd’hui militent pour la culture Woke, la transidentité, la Grande Réinitialisation et le Nouvel Ordre Mondial, si cher à Klaus Schwab et aux vampires du VIème Reich, qu’on désigne du côté de Davos d’une pudique « IVème Révolution Industrielle » !
Ces mêmes domestiques, cornaqués et téléguidés, dont l’activité principale consiste à militer pour des causes funestes. L’important étant de déclencher de la rivalité et de la haine, ce tous contre tous si cher aux mondialistes : le noir contre le blanc ; l’arabe contre le noir et contre le blanc ; la femme contre l’homme ; les enfants contre leurs parents…, les vrais ennemis vivant dans l’ombre (de moins en moins ces temps-ci), ourdissant des nouveaux complots, au cas où ceux-là n’atteindraient pas l’objectif programmé.
Voilà que je m’égare ! Tant que ça ?...
De tout ce que j’ai lu sur Pierre Soulages depuis sa disparition, la page que lui consacre Egalité & Réconciliation est de mon point de vue celle qui résume le mieux l’artiste et la dérive de l’art en ce monde. Comme tout le reste !
Sous l’Casque d’Erby