On ne change pas le monde, on l'accompagne dans sa chute.
C’est l’histoire d’un type… Comment dire ?… Enfin, quand on dit un type… C’est ça, et ce n'est pas ça… Tu vois où je veux en venir ? Non ? Pas grave, ce qui est important, c’est l’importance des choses… Vraies ou fausses… Cela ressemble un peu à ces icônes pieuses qu’on distribuait autrefois dans les écoles religieuses… et dans les organisations politiques. T’avais des saints patrons à la pelle, un pour chaque fonction… Le saint des chauffeurs, les saints des alcoolos, ils sont deux !… Matthias et Martin… C’est le minimum !
T’es largué ? Je te rassure, moi aussi !... Le gars de mon histoire aurait eu 2 enfants… Qu’on dit… C’était du temps où il était encore le gars qu’on croît et que tout le monde prenait pour ce qu’il disait être. Adolphe et Benito qu’ils se nommaient, les petiots…
Ils font leurs vies les uns sans les autres… C’était courant à l’époque… La « révolution » de Mai 68… La « permissivité », je t’abuse dans le berceau et j’explique tout ça à la télé… Tout le monde applaudit… La vie était un acte sexuel permanent… N’importe qui s’en vantait… Et Jean Majeur n’était pas le dernier à la fête…
Ellipse…
Le temps a passé… Le gars a changé… Je veux dire Jean Majeur est devenu… Autre chose…
À présent, c’est une « femme », qu'il dit. Elle est genrée, si tu vois ce que je veux dire… Hyper engagée dans son nouveau costard ! Rien d’extraordinaire dans son milieu… Ils sont nombreux à emprunter le sexe de la voisine de palier… Perruque, maquillage, talon aiguille, guêpière et porte-jarretelles… Sauf qu’au sous-sol, c’est toujours le service trois pièces ! Jean Majeur est pour son éradication, le clame haut et fort, mais garde le sien ! Je crois… C'est ce qu'on raconte.
Il retrouve Adolphe à ses 14 piges, sur les bancs de l'école, après trans-formation. Iel est enseignant(e). Désormais, son nom de scène, c’est Bribri, ou Véro, dans les cabarets interlopes… Elle est en chasse… Coup de foudre de l’un pour l’autre. C’est le père, le fils, la mère et… T'imagines ?…
Ni une ni deux, la Vorace t’alpague le bourgeon, te l’entortille sous l’édredon et lui murmure des choses définitives qu'un garçon de 14 ans ne peut entendre sans chavirer de la cafetière : « Je suis ton mari et ta femme, et tu vas aimer ça ! Question d’habitude. A nous la belle vie ! Ne reste plus qu’à mettre de l’ordre dans tout ça… Le narratif, c'est important… Pour tout le monde, je suis ta femme !... Je connais une chirurgienne plasticienne à la sécu, qui va nous arranger le coup… Tu verras, nous allons nous amuser. »
Tu suis toujours ? Pas trop mal à la tête ? Bref, ce qui à la base était une anomalie… « Anomalie ! », ça sonne bizarre… On dirait l’anagramme d’animal !
Pris au jeu et par la « vertu » des réseaux… Réseau est un terme générique… Ça veut dire un tas de choses… À commencer par la principale : se mettre à l'abri… Grâce donc aux réseaux, ce couple dysfonctionnel (le père qui devient la mère du petit, puis sa femme) se hisse au plus haut degré du pouvoir d'un pays imaginaire dans lequel il a été parachuté avec pour mission de le détruire !
Ce mensonge d’État est tellement énorme qu’il occupe les rédactions des médias du monde entier… Toutes les rédactions, sauf celles du pays où l’histoire se déroule !
Mieux, même l’opposition politique de ce pays imaginaire (j'insiste) s’est murée dans un silence de sépulcre ! En bouche close n'entre mouche !
Tenu en laisse, le peuple, guidé par des médias sous contrôle, méchamment conditionné, nie fortement de la tête : « Rien à battre ! » « Complot, que tout ça ! »… « Malfaisance ! »…
Puis, vient le mot magique qui élimine les derniers doutes, comme on purge son organisme le lendemain d’une grosse cuite : « Fake news ! » ; « C’est mon écran plat qui l'dit ! ».
Grosse affaire judiciaire en vue. Si procès, les charges, c’est du lourd : usurpation d’identité, détournement de mineur, inceste, pédophilie… Pratique du pouvoir sans mandat, visant à ruiner le pays imaginaire, le précipitant dans un nouvel âge de pierre…
Avec ça… Finie la vie en rose, mon poulet !
Mais, faut dire les choses, si on veut être juste, tout ceci est un conte à dormir debout : « Toute ressemblance avec des situations réelles ou avec des personnes existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
Sous l'Casque d'Erby