samedi 18 mars 2023

Western version faillite bancaire

Erby
Entre la rivière et la mer un mince et solide filet d'eau. Entre la sueur et l'argent un gros fil à la patte : la banque !
Récemment la tête remplie de misère et de violence ; de projets sépulcraux et de chaos mondial, pour me détendre, j'ai plongé dans un vieux film comme on en produisait jadis pour distraire la foule tout en lui faisant croire qu'on s'occupait d'elle.
Installé dans mon canapé, les arpions en éventail, je regardais un vieux western à la psychologie black and white. Le méchant étant très méchant et le gentil très gentil, limite benêt, on se laisse prendre par ce minimalisme très efficace.
Plongé dans les faillites bancaires, mon entourage fut atterré par ce choix baroque et par le détachement que je montrais devant une actualité sentant le feu et le sang sur fond de 49.3. La dixième fois qu'il nous le fourgue le Manu ! A part ça, si t'es pas content...
J'avais beau expliquer qu'il y avait un rapport, du moins dans mon esprit, rien à faire. « Mais comment peux-tu regarder un truc pareil ! Quelque chose m'échappe ! », me dit un cousin qui n'a toujours pas quitté ses frusques de l'époque où jeune rimait avec couillon !
J'avais beau dire qu'il n'y avait rien de plus limpide que cette histoire pour comprendre la faillite des banques, autrement dit le nettoyage des poches des citoyens par des gangsters en col blanc. On ne me comprenait pas. Circonstance aggravante, un film américain ! Un produit de l'Empire ! Quelle horreur ! « Et en quoi me dit-on un film de pan-pan qui date de Mathusalem aurait un rapport avec le krach bancaire ? »
Le film date des années quarante du siècle dernier, certes, mais le sujet c'est quand même la banque. Un sujet aussi vaste que les océans. La faillite des banques, tout le monde en parle et ça craint pour nos matricules. Tout comme dans mon western pourri, la faillite se résume au nettoyage à sec des poches du clampin dont la naïveté frise la complicité pour crime en bande organisée.
L'histoire de ce film à l'esprit désincarné, propre au genre, raconte l'histoire d'un campement de chercheurs d'or où la boue et la non-vie ont la part belle : hommes, femmes et enfants forment un tout hétéroclite et misérable qui rappelle « La ruée vers l'or du Klondike » du grand Jack London, dont Chaplin avait tiré un long-métrage.
Des « chanceux » ont trouvé des filons du précieux métal, mais, prudents, cachent leur joie. Le malfaiteur rôde en quête d'un sale coup avant le suivant. Motus...
La nouvelle s'étant répandue que des gisements importants... des chariots chargés de marchandises, d'alcool, bois de charpente, prostituées, clous et planches constitueront ce que deviendra très vite – avant l'existence même de chiottes publics – un bâtiment important, à la suite duquel d'autres s'ajouteront.
Ce bâtiment – en fait une cabane en bois assez imposante pour impressionner le passant – arborera une enseigne des plus aguichante avec quatre lettres magiques : BANK. C'est pas Vegas, mais pas loin !
Sa devise, proclamée par un monsieur élégant en costume-cravate jouant le bateleur : « Nous sommes ici pour protéger votre or ! Venez admirer la solidité de notre bâtisse et la résistance de notre coffre-fort ! Aucun voleur ne s'y risquerait sans le payer de sa tête, nos meilleurs pistoleros veillant au grain ! Signez ici, au bas de ce document attestant que vous êtes bien le dépositaire de telle quantité d'or... Une croix suffira ! »
En face de la banque, le saloon, où l’orpailleur épuisé va s'arsouiller jusqu'à plus soif, soulager une queue en souffrance dans le ventre des prostituées, elles aussi à la recherche de fortune pour fuir cet enfer et des joueurs de poker prêts à tout pour alléger vos fonds de poche.
Quand le pauvre chercheur émergera de cette bacchanale, ayant dépensé, jusqu'au dernier, les jolis dollars « offerts » par le banquier, il découvrira que la banque a fermé « ses guichets », fait faillite et qu'il ne lui reste plus qu'à continuer de gratter la roche jusqu'au sang en rêvant au monde merveilleux de Narnia.
La morale des banquiers, c'est de ne pas en avoir ! Nous étions prévenus, Naomi Klein l'a très bien résumé dans « La stratégie du choc », mais ce n'était qu'un vulgaire western !

Sous l'Casque d'Erby 



9 commentaires:

  1. Le bonjour à toutes et à tous. Je ne vous fait découvrir rien de neuf, mais ça libère la soupape. Le bon weekende.

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  2. Salut Rodo, ! En tant qu'ancien employé de banque, tu me gênes....(d'où viendra le jean, si, si ! fait en toile importée de Gênes, mais venant de Nîmes — d'où le nom de denim).
    Ce qu'il y a de "bien" avec les banques, c'est qu'elles arrivent avec leurs fins sabots, et surtout avec les lois faites sur mesure pour plumer le gogo. Un vrai plaisir. C'est pourquoi les banques ont aussi inventé le maqueron, pour écrire les lois qui leur vont bien. Ledit maqueron, l'œil clair, la godasse pas claire et les poches immenses, bien équilibrée de chaque côté de son tronc très fin (rassurons-nous, seul le tronc est fini : le reste a la subtilité du Tyrannosaurus Rex en rut.
    .
    D'où le joli mot banqueroute, quand le magot se tire le long de cette même route...
    https://www.laroute66.com/

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    1. Salut Jean-Claude. Je ne te sens nullement gené. D'autant que nous sommes nombreux à accomplir des tâches pour des entreprises peu louables. Cela s'appelle le travail et l'exploitation capitaliste que nous cherchons à balayer. Le bon dimanche.

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  3. Coucou bonjour, je savais en ouvrant ce matin trouver un billet du grand Lediazec ...Y en a des choses à vomir tant on frémit ces temps ! et je trouve aussi étonnée l'illustre dessin de R*B.....
    Bravo à vous les gars...;-)

    https://www.crashdebug.fr/un-repenti-de-la-haute-finance-luciferienne-temoigne-si-seulement-les-gens-savaient-comment-fonctionne-reellement-le-monde

    Mais....il savait déjà l'autre bougre:
    « Que veux-tu, c'est eux qui nous gouvernent »!
    - François Fillon à Philippe de Villiers à propos des Bilderbergs

    Oma

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    1. Salut OMA. Ils étaient bien placés pour savoir. Ce qui rend leur mensonge doublement punissable. La Bise.

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  4. NB : L'affiche est une reprise du film de Damian Pettigrew : " Fellini, je suis un grand menteur
    ". Je ne pouvais que la "bricoler" pour la circonstance, vu les agissements des ignominieux qui font la loi à coup de 49.3 !

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    1. Bonjour René. Affiche superbe avec les touches tout en finesse sur l'ignoble 49-3. Le bon dimanche.

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  5. Tout à fait d'accord avec toi ! Avec le recul, on voit que tout était déjà inscrit "noir sur blanc", pourrait-on presque dire, dans les vieux films. C'est même incroyable comme tous ces films prennent soudainement un sens beaucoup plus profond et apporte un message beaucoup plus limpide ! C'est aussi vrai pour les vieux romans et probablement l'ensemble de notre culture. Cela me fait le même effet avec les livres. L'argent apparaît dans chaque histoire comme la source principale du malheur de chaque protagoniste. Il semble gravement dénaturer les rapports humains et plomber la société destinée, entraînée, poussée à n'avoir qu'un seul et unique but : en accumuler d'une manière ou d'une autre. Les banques y sont l'araignée au milieu de la toile qui attend.

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    1. Bonjour Euterpe. L'argent comme moteur, le sexe pour combustible, rien ne semble freiner cette frénétie du vide. Sidérant. En somme, nous ne sommes que des animaux de laboratoire servant de nourriture à d'autres animaux de laboratoire. C'est, hélas, une chaîne sans fin qu'on voudrait briser enfin ! Le bon tout à toi.

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