jeudi 1 décembre 2016

SNCF, le ticket orwellien

Peut-on dire que les personnes travaillant pour le compte de la SNCF, ou n’importe quelle autre grosse boîte, sont des ouvriers ? A la façon dont la ploutocratie s’emploie à les disqualifier par la dévaluation j’en doute. Ouvrier, vous voulez rire ! Rien que l’utilisation de cet adjectif singulier vous place dans la catégorie des gars d’une autre époque ! La bonne éducation – et le matraquage de la novlangue – n’autorise que les termes édulcorés, tels salarié, employé, agent, ou, à la rigueur, ouvrier spécialisé, ce qui vous confère de suite un statut d’honorabilité qui envoie par le fond l’idée d’un cousinage avec les héros de « La bête humaine », même si cela ne change rien à la torture de l’esclavage moderne.
Ainsi donc, révoltant devient malaise sur les lèvres des artistes de la manipulation ! C’est le terme utilisé dans la presse pour parler de la découverte par des syndicalistes d’un document manuscrit recensant environ 25 agents de la gare Saint-Lazare, avec des remarques où chaque matricule prend pour son grade. Rédigé par un duo zélé – depuis, les auteurs du rapport ont été « éloignés » du service nous dit la direction de la SNCF – le tandem n’y va pas avec le dos de la cuiller. Je cite un tout petit florilège : « Très chiant côté sécurité, racaille bas de plafond, un peu conne, cafte les autres ». Ça, c’est pour l’entrée, car pour ce qui est du plat de résistance ne vous attendez pas à de l’allégé, c’est du bourratif 100% maison. Pour certains cas, les joyeux drilles étoffent la fiche signalétique jusqu’à relecture détaillée de George Orwell, puisqu’on y trouve des informations sur « l'appartenance syndicale et des commentaires insultants, racistes ou relatifs à la vie privée. La liste concerne des agents de départ chargés de donner le feu vert au départ des trains. Sur un ou deux, il est écrit : vient de divorcer ou marié à une étrangère, avec la nationalité de la dame » !…
Si prise les paluches dans la confiote la direction de la SNCF fait des moulinets pour « calmer le jeu » – tu parles d’un jeu ! – mettant en place une « assistance psychologique » et tout le saint-frusquin, combien d’autres rapports de ce genre sommeillent dans les placards sans que nous le sachions ? Et combien d’autres grosses boîtes exemplaires se livrent en toute liberté à ce type révulsant de fichage sans que le pouvoir politique ne pipe mot ?...
Mais, surtout, ne les traitez pas de salauds, vous risqueriez le procès en diffamation et le chomdu longue durée.
Estimez-vous heureux, sales prolétaires, de vous tirer à si bon compte !

Sous l’casque d’Erby



6 commentaires:

  1. Bonjour les caillardeuses et les caillouteux. Les pavés se font rares !

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  2. Salut Rodeo, salut à tous.

    Dans les gradations du mensonge, il y a le mensonge, le mensonge carabiné, et le discours politique. Celui-ci peut se décliner aussi en sermon religieux, déclaration d'institut de sondages, contenu du Vain Theurr ou des articles de Grands Reporters ™ ou analyse "philosophique". Tout cela est du même tonneau, gare aux aigreurs d'estomac.

    "Et j'ai crié, crié-é, Sale Fouine, sale phénomène,
    Et j'ai crié, crié-é, à l'ignoble énergumène...."

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  3. Fichage, flicage... Le terrain est préparé pour l'extrême droite.

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    1. Euh..., Steph, ne penses-tu pas que l'extrême-droite, on la subit déjà ? Le FN n'en est qu'une manifestation, pas obligatoirement la plus virulente, mais certainement la plus assumée.

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  4. pas de doute, ces vignettes là vont servir !

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