vendredi 13 novembre 2015

André Glucksmann

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André Glucksmann, 78 ans, est mort et je ne me sens pas très bien, à 77 ans. J'ai connu ce « nouveau philosophe » ainsi : un orateur puissant, une voix en colère, souffrante et émouvante, disant son indignation sur un scandale politique d'envergure.
Son plus célèbre « coup d'éclat » fut d'emmener les deux « vieux philosophes » si brouillés et si célèbres, Raymond Aron « de droite » et Jean-Paul Sartre « de gauche » pour plaider à eux trois la cause des boat-people Vietnamiens à l'Élysée du temps de Valery Giscard d'Estaing. Et avec succès puisque la France a accueilli au moins 100.000 réfugiés Vietnamiens si lointains... Bien plus qu'aujourd'hui les proches Syriens !
L'humanisme est certes une valeur fondamentale, « ni de droite ni de gauche », et chacun d'entre nous, humbles citoyens, comme, à plus forte raison, chaque personnalité, devrait sincèrement l'appliquer. Mais, bien évidemment, là-haut, les choses se compliquent. Par des querelles entre personnalités et plus encore par la « réalpolitique » de nos dirigeants, beau prétexte à contourner les si beaux principes affichés, pour se maintenir au pouvoir par magouilles électorales...
Lorsque ces ambitieux « nouveaux philosophes » et leurs potes « nouveaux médecins », « nouveaux artistes », etc. croient devoir « faire de la politique », ils s'approchent du pouvoir corrupteur : tels des papillons se brûlant les ailes autour de la lampe fascinante. Ils perdent leur liberté d'esprit, gage de lucidité. Donc s'égarent à se croire omnipotents, donneurs de leçons, élite de l'élite... simples vaniteux de vaniteux.
Ils perdent ainsi toute légitimité auprès du pékin-lambda, du moins celui qui, les pieds sur terre – c'est à dire dans la merde d'un monde d'injustice sociale – n'en a pas moins la tête dans les étoiles, celles justement des grandes valeurs d'humanisme et de liberté. Non, je n'ai pas le bac. Oui, j'ai galéré à vivre et à me cultiver.
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Oui, je me suis égaré dans des labyrinthes d'organisations politiques d'extrême-gauche censées structurer la force sociale du pékin-lambda, ne vivant que de querelles intestines ou d'entre organisations. Et, oui, bien tard, hélas, j'ai rejoint le courant de pensée anarchiste. En voilà bien assez pour « remettre à leur place » certains de mes « brillants » contemporains : Kouchner, Glucksmann et - le pire - BHL. Ils furent de jeunes idéalistes ambitieux et ont très mal vieilli, voilà. Je m'en foutrais bien sinon que ces « puissants messieurs » (et autres du même acabit) ont été nocifs pour nous tous de s'égarer, voire se nier, en politique :
*Glucksmann a été jusqu'à copiner-dur avec Sarko et avec l'Oncle Sam !...
*« L'entarté » BHL a fait pire, la Libye en témoigne...
*Kouchner ? : J’ai récemment appris qu'il jugeait ses activités ministérielles bien moins efficaces que son rôle dans « Médecins Sans Frontières »..., c'est déjà ça, mais bien tardif !
En mai 68, j'ai entendu Glucksmann causer dans la Sorbonne libérée et me souviens avoir pris part au débat, entre libres-égaux. Nostalgie ?... Non, plutôt amer constat que « tout est à refaire », dans la durée : donc en bien mieux, sans arrivistes qui retournent leurs vestes !
Et c'est possible, et c'est indispensable. De mille manières.
Edgard Morin est un grand vieillard qui a le mérite d'être resté dans son domaine de « penser le monde » sans sombrer dans la politicaillerie (sauf à quelques instants, via son ami Stéphane Hessel). Il écrit – en substance – ceci : « c'est par l'imprévu-imprévisible d'un fait social que débute toujours une révolte, une révolution. Avec une force qui bouscule tout, y compris les élites qui se croient seules chargées de la conduite de la révolution... »



Sous l'casque d'Erby




5 commentaires:

  1. Bonjour aux caillardeuses et aux caillardeux. Quand Rémi m’a bigorné hier pour dire que « son » Gluccksmann ne valait pas la peine d’être mis en ligne, j’ai fraternellement refusé d’obtempérer, pour la simple raison qu’il est bon et que cela fait du bien de partager les bonnes choses.
    Perso, Glucksmann n’a jamais été mon infusion, tout comme la cohorte des nouveaux arrivistes en philo faisant irruption dans le champ politique pour se donner un genre, le genre « retiens-moi, sinon je fais un malheur ! » Et, en effet, on peut le dire : quel malheur !
    J’ai donc lu et apprécié ce papier. Quant à l’Erby du jour, ben, comme d’hab, pas si vieux que ça, le cévenole. Un vrai philosophe, lui ! Liens et illustration sont de mon fait. Si erreur ou désaccord dans les choix, c’est pour ma poire.
    La bonne lecture et le bon week-end !

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    1. En fait, j'avais rédigé ce billet il y a bien 48h, trop vite fait, dès que j'ai su la mort de Glucksmann et j'ai fait ensuite une erreur d'envoi: Rodolphe ne l'a donc pas reçu à temps et je lui ai dit lorsqu' enfin il l'a reçu qu'il était superflu de le publier... bon, il m'a fait changer d'avis...
      Si c'était à refaire, je nuancerai mon propos. J'ai à la fois toujours été fasciné par la verve colérique de Glucksmann-l'indigné... et par l'ampleur de ses erreurs politiques (Cf. l'OTAN, l'IRAK, SARKO...) - ce qu'il a parfois reconnu, d'ailleurs...
      Bref je garde une certaine tendresse pour "l'homme déchiré" qu'il fut, et je n'en ai aucune pour les indignes (pseudo-indignés) Kpuchner et surtout BHL, "le nouveau Botul" plein de fric!

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  2. Salut les potesses et les potes ! Je me suis levé il y a deux heures, et surprise, j'apprends que ce qui était prévu est arrivé : juste avant "les élections", grandes manœuvres "terroristes" avec à la clef la proclamation de l'état d'urgence. Glucksmann, tête soixante-huitarde, se sentirait à l'aise dans ce contexte. Rentrant de notre université d'automne à Nice, j'ai bien failli à une semaine près ne pouvoir y aller, vu que les réunions de toutes sortes seront interdites, pour autant que je sache.

    Voyons la suite, et ne lâchons rien. Le précédent Charlie ne me dit rien qui vaille. Que va faire le squatteur de l'Élysée ? Qu'allons-nous pouvoir faire ?

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  3. "J’exprime ma tristesse et mes condoléances aux proches des victimes des attentats de Paris, ce 13 novembre 2015, mais je n’attends absolument rien du gouvernement ni de son État policier et il est hors de question que je me déclare « en sécurité » comme nous y invite Facebook.

    Cet événement dramatique, comme les précédents, ne confirme qu’une seule chose : l’urgence de lutter contre la tyrannie, la bêtise, l’ignorance, l’opinion préfabriquée, le racisme, le fanatisme, les rapports de domination et les inégalités sociales.

    L’urgence de lutter pour la vie contre les forces mortifères qui veulent toutes, les unes comme les autres, nous intimider."

    Ainsi ce termine le court billet de Yannis Youlountas, avec lequel je suis à 100% d'accord. Lire :
    http://blogyy.net/2015/11/14/non-je-ne-suis-pas-en-securite/

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  4. Glucksmann était un grand, un philosophe bien plus solide que BHL, un gaulliste - qui avait bien lu De Gaulle et compris pourquoi il s'était fait virer en 1969 (ni les patrons ni les syndicalistes n'aiment les libertaires).

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