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J'ai distraitement suivi devant le poste les résultats des départementales d’urne en urne, un peu comme on joue à la marelle, ou comme on suivait jadis une course hippique commentée par feu Léon Zitrone. En réalité j’ai beaucoup joué de la zapette d’officine en bureau pour apprendre ce que je savais déjà : un taux de participation « légèrement supérieur à celui de 2011 », assez peu conséquent pour que les ramenards et autres frotte-manches ne s’en flattent pas trop, ce qu’ils n'ont pas manqué de faire sans réserve... J’ai même saisi une perle, certes nombreuses en ces périodes de fête foraine. Interrogé par un commis de la bonnette dans un bureau de vote du côté de Montrouge, un votant a lâché ceci : « J’ai toujours voté, il y en a qui sont morts pour ça !... » Sentant proche l’infarctus, j’ai tout de suite quitté l’honteuse bêtise pour chercher un abri de fortune afin d'apaiser des palpitations soudaines.
Pile poil, sur Public Sénat, ils avaient eu la bonne idée de rediffuser « Louise Michel, la rebelle », un téléfilm d’excellente facture suivi d’un débat, racontant l’épisode de l’indestructible anar depuis le moment où elle prend les armes contre les troupes de Bismarck, puis celles des versaillais, son incarcération dans la forteresse de Rochefort et sa déportation en Nouvelle-Calédonie, en compagnie de milliers de communards. Ouste les trublions, la France n'a que faire de ces égalitaristes, elle se donne au plus offrant ! C’est là que Louise Michel donnera la pleine mesure de son engagement politique, incitant, parfois portant, des camarades à garder courage et espoir, se liant d’amitié avec les kanaks, ses frères de misère, atrocement massacrés par la France à l’époque où le sabre et le goupillon (un cureton militant contre le « rouge » avec la hargne d’une armée djihadiste) portaient haut l’empire colonial français dont on ne dénoncera jamais assez les atrocités commises partout où il a posé ses sales pattes. Elle finira sa déportation en enseignant aux enfants Caldoches de la bonne société coloniale et se battant pour faire de même avec les enfants Kanaks, ce qui lui sera accordé une fois par semaine, le dimanche !...
Remarquablement porté par Sylvie Testud (à qui certains frustrés ont reproché un jeu trop appuyé) et Nathalie Boutefeu, superbe, ce téléfilm de Sólveig Anspach a sauvé mon dimanche et la téloche du naufrage électoral.
Beaucoup moins remarquable fut le débat qui a suivi. Débat où l’invité Jean-Luc Mélenchon, en sa qualité d'historien, essayait de donner le change à des bricolos de la pensée politique, prenant soin de minorer le rôle joué par les anarchistes pendant les 72 jours de la Commune, ainsi que partout où ils ont porté haut l’étendard de la révolution sociale contre le capitalisme d’Etat. Est-ce dès lors étrange si aucun anarchiste n’était invité à ce clabaudage bourgeois ?...
Mais il est des vies et des adieux que les fossoyeurs de l'histoire ne pourront jamais enfouir assez profondément dans les poubelles pour nous faire oublier ce que nous leur devons !
Mais il est des vies et des adieux que les fossoyeurs de l'histoire ne pourront jamais enfouir assez profondément dans les poubelles pour nous faire oublier ce que nous leur devons !
Bonjour les caillardeuses et les caillardeux. On n'oublie pas, messieurs de la haute. On n'oublie pas.
RépondreSupprimerOn n'oublie pas : nous, mesdames et messieurs d'en bas... "c'est la canaille? hé bien j'en suis!"
Supprimer« J’ai toujours voté, il y en a qui sont morts pour ça !... »
RépondreSupprimerIl y a aussi des gens qui sont morts en tentant d'éradiquer la variole : ce n'est pas une raison pour l'attraper.
Sinon, je vous trouve bien courageux : se taper un téléfilm sur Louise Michel, et en plus fait par des Français, il faut avoir l'âme chevillée au corps !
Vrai, Didier, j'ai aimé. Et encore davantage quand j'ai découvert ce matin la critique négative de Télérama...
SupprimerAh, ça, je dois dire, c'est un excellent argument en faveur du film !
SupprimerTu me fais rire Didier....
RépondreSupprimerQuand on pense que déjà à l’époque, Louise Michel lutais admirablement pour l’égalité entre les humains et la bonne harmonie avec la nature et qu’aujourd’hui on en est toujours au même point à voter béatement , pour que les élus d’où qu’ils viennent massacrent et arment , dans une volonté claire de se faire de la place et du pognon, c’est à désespérer.
Mais c'est que je ne suis pas du tout pour l'égalité, moi ! Je tiens beaucoup à ce qu'il y ait des gens plus pauvres que moi et d'autres beaucoup plus riches ! Des plus laids et des plus beaux, Des qui bandent mieux et d'autres pas du tout. La diversité de la vie, quoi.
SupprimerQuel charabia d'aristo, ce beau bavardeux de mauvais Goût/Goux... V'là qu'il confond la diversité naturelle, si saine et belle, avec l'aspiration à la Justice Sociale. Bon, bref !!!
SupprimerDans le cas de la Commune, mon cher Didier, on parle de République universelle et d'égalité de chance pour tous, dans la diversité libertare. Rien à voir avec les sinistres dérives "collectivistes" de l'ex-Union Soviétique qui ressemblent à tout sauf à du socialisme...
SupprimerBon, on ne va pas discutailler durant des jours pour des vieilleries de cent cinquante ans, tout de même ! La Commune m'intéresse à peu près autant que la bataille d'Azincourt, c'est te dire…
SupprimerQuelle femme, il faut lire ses mémoires. http://www.despasperdus.com/index.php?post/2011/03/08/Louise-Michel
RépondreSupprimerBonne idée, DPP. Lien ajouté dans l'article. Merci.
SupprimerQuel joli cadeau. :)
RépondreSupprimerSous un arbre, la semaine passée, je lisais ce poème de saison.
Hirondelle qui vient de la nue orageuse
Hirondelle fidèle, où vas-tu ? dis-le-moi.
Quelle brise t’emporte, errante voyageuse ?
Écoute, je voudrais m’en aller avec toi,
Bien loin, bien loin d’ici, vers d’immenses rivages,
Vers de grands rochers nus, des grèves, des déserts,
Dans l’inconnu muet, ou bien vers d’autres âges,
Vers les astres errants qui roulent dans les airs.
Ah ! laisse-moi pleurer, pleurer, quand de tes ailes
Tu rases l’herbe verte et qu’aux profonds concerts
Des forêts et des vents tu réponds des tourelles,
Avec ta rauque voix, mon doux oiseau des mers.
Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !
Je ne sais quel écho par toi m’est apporté
Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,
Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.