Erby |
Dimanche. Le jour se lève et il est beau à regarder. Par n’importe quel temps j’aime entendre ce qu’il a à dire.
Des vapeurs tenues à l’horizon maintiennent le paysage en suspension entre ciel et terre, comme on tient quelque chose de fragile et de sublime dans la pupille excitée.
Les cloches rompent le silence. Elles suggèrent tant de choses, les cloches !...
Le monde s’éveille, s’agite, cogite, s’exalte, se précipite vers ce qui sera ou ne sera pas une nouvelle et bonne journée, un dimanche pareil et différent à tant d’autres. C’est beau d’entendre le son des cloches lancées à pleine volée. Voilà ce qu'elles semblent dire en ce jour printanier où rendez-vous est pris avec le bêlant pour la tonte électorale :
« Votez, votez, votez ! Après l’éclipse, profitez de la marée du siècle ! C’est la pêche aux oursins. Baissez-vous. Ramassez. Remplissez les paniers. Comme les feuilles mortes, on les ramasse à la pelle ! Soyez heureux de vous nourrir avec le don du ciel !... »
Matin calme, cils et ciel dégagés. Cool. On lit. On écoute de la musique, on jouit sans entrave... Akoibon bousiller de si belles perspectives gaspillant de l’énergie, du carburant, un argent rare, se pointer devant l’urne pour assurer l’avenir du clan des escrocs, qui une fois élus feront tout pour assurer non point l'avenir de tous mais le leur !
Sous l'casque d'Erby
Le bonjour aux caillouteuses et aux caillouteux. On fait comme on dit ?... Libre à vous !
RépondreSupprimerRoules ta bille comme tu peux le long du ravin, sautes pas, trébuches pas, à droite c’est le gouffre , à gauche .... idem c’est tout pareil....
RépondreSupprimerVous avez le choix sur qui sera vos maitres.
Moi mon choix c’est:
La « Prière d’un petit enfant nègre »Guy TirolienSeigneur,
je suis très fatigué.
Je suis né fatigué.
Et j'ai beaucoup marché depuis le chant du coq
Et le morne est bien haut qui mène à leur école.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.
Je veux suivre mon père dans les ravines fraîches
Quand la nuit flotte encore dans le mystère des bois
Où glissent les esprits que l'aube vient chasser.
Je veux aller pieds nus par les rouges sentiers
Que cuisent les flammes de midi,
Je veux dormir ma sieste au pied des lourds manguiers,
Je veux me réveiller
Lorsque là-bas mugit la sirène des blancs
Et que l'Usine
Sur l'océan des cannes
Comme un bateau ancré
Vomit dans la campagne son équipage nègre...
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école,
Faites, je vous en prie, que je n'y aille plus.
Ils racontent qu'il faut qu'un petit nègre y aille
Pour qu'il devienne pareil
Aux messieurs de la ville
Aux messieurs comme il faut.
Mais moi, je ne veux pas
Devenir, comme ils disent,
Un monsieur de la ville,
Un monsieur comme il faut.
Je préfère flâner le long des sucreries
Où sont les sacs repus
Que gonfle un sucre brun autant que ma peau brune.
Je préfère, vers l'heure où la lune amoureuse
Parle bas à l'oreille des cocotiers penchés,
Ecouter ce que dit dans la nuit
La voix cassée d'un vieux qui raconte en fumant
Les histoires de Zamba et de compère Lapin,
Et bien d'autres choses encore
Qui ne sont pas dans les livres.
Les nègres, vous le savez, n'ont que trop travaillé.
Pourquoi faut-il de plus apprendre dans des livres
Qui nous parlent de choses qui ne sont point d'ici ?
Et puis elle est vraiment trop triste leur école,
Triste comme
Ces messieurs de la ville,
Ces messieurs comme il faut
Qui ne savent plus danser le soir au clair de lune
Qui ne savent plus marcher sur la chair de leurs pieds
Qui ne savent plus conter les contes aux veillées.
Seigneur, je ne veux plus aller à leur école !
Merci Martine de nous donner ce poignant poème-blues (haïtien?) qui me rappelle mon temps d'école buissonnière où je me croyais arabe (ou nègre) d'Égypte, contre l'école-franco-catho...
SupprimerMerci Erby de tes deux (on est gâté!) beaux crobards "terre-à-terre", comme notre amère réalité...
Et
lediazec, merci de ton billet, comme un "manifeste de savoir-vivre", vigoureux poème en prose... de saison !
Si j’ai mis ce poème c’est qu’il m’était d’une absolue vérité quand j’avais dix ans. J’étais et je suis nègre. Nous le sommes tous sur terre. Nous sommes le bas peuple peut importe les couleurs. Nous avons été dans leurs écoles pour apprendre à travailler docilement pour le profit d’un groupe de personnes. On nous divise pour mieux nous contrôler. Nos libertés sont des leurres bien orchestrés.
SupprimerComme le disais si bien Léo
Si la roulette n'avait qu'un trou, on nous ferait miser quand même ... Ne vote pas !
Le peuple gratouille le sable quand la mer se retire, mais au large quelques uns accaparent presque tout dans leurs filets...
RépondreSupprimerLe dessin est excellent.
Aller voter ? Peut-être à 18h05, en cherchant un bistro ouvert.... Le plus proche, le dimanche, est à 2 Km. Parce qu'il fait PMU. Il faut dire que les rues, ici, s'appellent Longchamp, Vincennes, Maisons-Laffittes, Auteuil, Saint Cloud, rappelant qu'autrefois on élevait des chevaux dans le coin.Le quartier du bar s'appelle le Petit Chantilly. Au galop, canassons !
RépondreSupprimermerci pour ce poème.
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