Quel que
soit le mot - vagabond, zonard, clochard, SDF, marginal, clando,
crado, romano... - , le sédentaire (le pire se limite à se dire
''brave Français-moyen de-souche'') regarde de travers ce
non-conformiste si divers. Divers déjà par le choix ou le non-choix
de sa manière de vivre. Libre...si... ?
Ce
peut être parfois par révolte, instinctive ou mûrement réfléchie,
de ''normes'' du moule social où le former (formater ?) à vie... Ce
peut-être, plus souvent, par engrenages de divers malheurs plus ou
moins accidentels, genre chagrin d'amour ou deuil, chômage, alcool,
prison et autre pente glissante. Pente aussi de celui qui s'est cru
capable de monter la hiérarchie d'une ''carrière professionnelle''
comme son voisin ''Français-moyen'' et en est exclu :
licenciement, collectif ou non, etc. Ce peut être mélange de
révolte et de subi : choix lucide provoqué par choc de
terrible épreuve... ou coup de foudre !. Et cela arrive à tout
âge, de 15 à 75 ans, voire avant et après... Et dans toute
société.
En
troisième catégorie de ces si mal-vus et incompris : les
laborieux ''voyageurs''. Plus exactement ces familles ou groupes qui
restent de traditions nomades ancestrales, ''les rroms''. Et pas
qu'eux : les forains, les colporteurs, etc. Ceux-là se
déplacent en principe de façon à peu près programmée, par exemple
selon saisons, fêtes, etc. Mais sont face à de bien cruelles
entraves ''légales'' (par ex. aires réservées), dans ce monde
brutal. Où l'on ne va plus au cirque ni même aux grands marchés et
fêtes d'antan, ''La Saint-Michel'' ou autre. Car ce monde est
''casé'' par la-télé-chez-soi pour la culture-pour-tous(?). Et par
le standardisé Big-Markett à croisements de caddies standards, pour
objets standards. Citons, parmi tant de petits-métiers disparus ou
presque, les gais baladins de rue, dispersant la poésie de leurs
chants, musiques, contes et marionnettes : ''à vot'bon-cœur,
merci''...
Citons
encore d'autres artisans-poètes : Vitrier ! Rémouleur !
Peaux de lapins, peaux !... Ou, de hameau en hameau de Bretagne,
notamment Monts d'Arrêts, Montagnes Noires et Pays Bigouden, voici
le ''Pilahouère'' nomade, colporteur du pire et du meilleur... :
Ramassant fripes et autres vieilleries dans sa charrette à bras ou
sur son dos, il apportait menus objets de la ville (dont pieuses
images!) et surtout des ''on dit que...''. Puis enchaînait vite,
cidre à l'appui, sur contes et légendes brezontag, réinventés à
son goût. La transmission de la si vive culture bretonne doit
beaucoup à ce personnage poétique, tantôt assimilé à
l'Ankou-faucheur-de-vies, tantôt au si bon cénobite errant...
*
Bref
les temps changent. La nomade tradition poétique continue autrement.
L'Américain d'origine bretonne, Jakez Kerouac (OK : Jack !)
en témoigne avec son cri célèbre : On the Road !.
C'était le début du mouvement culturel Hippie, si parallèle du
mouvement protestataire contre l'agression US de l'héroïque peuple
du Vietnam : de façon originale l'héroïsme et l'héroïne
firent plier l'empire US !
L'originalité
perdure, s'intensifie : Voyage. Surprend toujours sédentaires
et bêtas pouvoirs établis... Et nous-même : le mouvement
''Punk'' (en partie récupéré par le show-biz), se réclame plus ou
moins anarchiste. Cela a bousculé plus d'un ''vétéran'' de la
culture, historique, de l'anarchisme (CNT, FA)... Et donc contribué à
dépoussiérer encore le mouvement anarchiste, après la si vive
''révolution rampante'', culturelle et mondiale, dite de Mai 68.
Qui a ''vagabondé'' en fait dans bien des sociétés et sous bien
des crânes, de 1964 à 1980 environ, voire avant et depuis...
jusqu'à aujourd'hui !
*
VAGABONDER ? :
Le pire-et-meilleur reste à évoquer. Pour en rester aux derniers
siècles, se furent la mise en esclavage et déportation
transatlantique de millions d'africains, alors que s'achevait
l'essentiel de la destruction des sociétés pré-colombiennes, si
souvent génocidées... : On sait l'importance historique de ces
si atroces bouleversements. Entre autres la naissance et l'essor du
Jazz, des mouvements afro-américains contestataires, s'étendant à
la Jamaïque, au Brésil, etc. Et la courageuse renaissance à la vie
libre de sociétés pré-colombiennes, dans les Andes et ailleurs...
Ailleurs
aussi, en immense Asie (Sibérie, Perse, Moyen-Orient, Indonésie,
Inde, Chine, Japon, etc.!) les conquêtes coloniales ''du Blanc''
avaient ravagé les ordres sociaux-culturels ancestraux, en très
grands fracas : pillages, guerres, guérillas. D'où nouvel
équilibre instable de régimes cruels, de ''l'ordre communiste'' de
la dynastie des Rois Ubu de Corée du Nord, à ''l'ordre chiite'' des
Ubu Ayatollahs d'Iran-Révolutionnaire, ''l'ordre
de-la-plus-grande-démocratie-du-monde'' d'Inde, ''l'ordre
nucléaire'' du Japon (seul nucléarisé en 1945!) et ''l'ordre de la
(bientôt) première puissance mondiale'' : La Chine. ''Ordres''
impossibles dans la durée, avec des sociétés si mouvantes,
cultivées, migrantes, toujours plus assoiffées de libertés
individuelles, locales, fraternelles : créatrices d'avenir.
Bien sûr ce schéma d'hier à demain est en gros le même en Afrique
et en Océanie. Et revient visiter notre vieille Europe, dont les
peuples sont désormais ''colonisés'' -via pseudo-crises et ''Ordre
UE''. Par ce SUPER-UBU de DIEU-FRIC, symbole du capitalisme
''triomphant'' en voie d'écroulement.
*
En
témoigne dramatiquement l'île Lampedusa. Chaque année et de plus
en plus, voici les faits : centaines de bateaux, milliers de
noyés, dizaines de milliers de migrants économiques sans-papiers
sont à l'assaut d'un rêve de bonheur ''cheu-nous'', (''déjà à
plaindre, s'pa m'dam'Michu ?'')... Alors quid du ''bouchon de
Calais'', quid de ''la chasse au Rrom'' et autres scandales aussi
sordides que Lampedusa ? Et autres Gibraltar, mer Égée,
trafics de faux-papiers, trains d’atterrissages où gisent des
gamins ?... La réponse est évidente : Leur monde''légal''
marche sur la tête avec son ''immuable'' système pyramidal où
règne 1 Dieu-Fric dictatorial. Et, par 7,2 milliards, nous marchons
à l'endroit.
Sur
nos pieds, en vagabonds souvent, comme le firent tant de pauvres
ancêtres des Canadiens Français, entre les fleuves St-Laurent et
Mississipi, et retour. Ils appelèrent leur épopée ''Le Grand
Dérangement''... Nous sommes désormais dans ''Le Grand Dérangement
Mondial'', où remettre le monde à l'endroit. Vagabonder ensemble
vers la conquête de la Justice Sociale par la Liberté créatrice.
Ou, bientôt, ensemble crever sous le cadavre du stupide monstre
capitaliste en agonie?
Comme
le résume joliment un titre d'émission radio, nous sommes
chacun-tous des ''savanturiers'' !
Note-
J'aurais pu étayer mes propos de beaucoup de références, liens,
etc. Mais usant de mon ''droit à la paresse'', je me suis contenté,
petit poète, de vagabonder en ''chemins de traverse'', ce qui fait
impasse sur moult développements possibles, que je vous laisse le
libre choix de faire ! J'en signale un seul, que j'aurais dû au
moins signaler ci-dessus : l'importance croissante des réfugiés
politiques (d'un peu partout!) et des réfugiés climatiques, en plus
des migrants économiques...