Notre
Dame des Landes, le dossier
La décision est
prise : elle sera pleinement entérinée dans quelques jours, car le
8 février la Déclaration d'Utilité Publique sera obsolète, et non
renouvelée. Pas un coup de pioche n'a été donné par les
promoteurs sur le périmètre de la ZAD depuis le début, ce qui
aurait pu faire dire que les travaux avaient été commencés.
Malgré tout
certains ne désarment pas. Le dossier est pourtant colossal, y
compris pour donner les arguments "contre".
PRIX : il avait été
convenu que les travaux de l'aéroport seul reviendraient, à la
louche, à 580 millions, dont 300 versés par Vinci en échange de
l'exploitation pendant 55 ans. Bonne affaire. Entretemps, les
évaluations se sont envolées, en particulier parce que pour
construire sur "le dur" la piste (et non plus deux pistes
comme conclu au départ) il fallait forer des piles multiples de
quatre-vingts mètres dans l'argile. Vinci en restait à ses 300
millions, en revanche les collectivités locales et régionales
auraient dû payer de plus en plus cher (aux alentours de deux
milliards semble-t-il) ; sans compter naturellement les travaux de
voirie et de chemin de fer très importants pour desservir ce coin
perdu.
En face, l'aéroport
actuel n'est pas près d'être saturé, les autorités ont donc le
temps pour apporter des aménagements – en particulier pour
faciliter les décollages et atterrissages tous temps. La piste est
aussi a re-surfacer, pour un coût modique et des travaux qui ne
bloqueraient les trafics que pour 2 ou 3 jours. En tout 200 à 250
millions.
NUISANCE SONORE :
elle est tellement négligeable que quand fut proclamé le résultat
de la CONSULTATION de juin 2016 les citoyens actuellement sous les
avions ont majoritairement voté pour garder l''aéroport actuel, ce
sont ceux qui sont moins concernés qui ont voté pour le transfert.
A Nantes les quartiers bourgeois du nord ont dit oui, les quartiers
sud près de l'aéroport, plus "populaires", ont voté
non, total cent voix d'écart seulement pour la ville même.
Au niveau du
département, ce sont les communes du nord, les plus loin des deux
aéroports, l'actuel et le projet, qui ont davantage voté oui, les
autres ont dit non,
Seule exception au
sud : Saint Aignan de Grandlieu, adossée au lac du même nom
(seconde zone de migration d'oiseaux aquatiques de France après la
Camargue) a voté oui pour bénéficier du départ de l'aéroport,
afin de construire de nouveaux quartiers bien plus gênants pour les
oiseaux, que les avions. Tous les experts sont d'accord là-dessus.
Petit bémol : de
toute façon il fallait garder une piste à Nantes Atlantique, afin
de permettre les mouvements du curieux avion Bélouga. Celui-ci
emmène de l'usine Airbus les grandes pièces en direction de
Toulouse, et il n'y a aucune autre façon de le faire.
RISQUES POUR LA
VILLE : allons, les pilotes sont unanimes, Nantes Atlantique est très
"facile" en comparaison de beaucoup d'autres aéroport,
dont la plupart sont au moins aussi près d'une grande ville. C'est
au point que, cruel rappel aux partisans du nouveau terrain, en 2013
Nantes-Atlantique a reçu le prix du meilleur aéroport européen.
En revanche, la
région de Notre Dame des Landes, extrêmement humide, est bien
connue pour ses brouillards fréquents. Et qu'on ne dise pas qu'il
n'y a aucun risque en cas d'écrasement de l'avion : dans l'axe de la
piste (eh oui, il n'y en avait plus qu'une dans le projet "amélioré")
se trouve un peu plus loin la centrale électrique thermique la plus
importante de France à Cordemais.
SATURATION : on est
très loin du compte, parce que les avions depuis la création de
l'avant-projet en 1962 sont devenus à la fois plus grands, plus
économes, moins bruyants, mieux remplis. Oui, Nantes-Atlantique voit
le nombre de mouvements d'avions (le seul critère à prendre en
compte) augmenter tout doucement, mais il y a beaucoup de marge par
rapport à des aéroports comparables qui reçoivent deux, trois fois
plus d'avions. Entretemps il se pourrait bien que le trafic aérien
entre en récession pour différentes raisons (économiques,
raréfaction du carburant...)
ACCÈS : Pour
rappel, au départ il était prévu deux pistes, pas de taxiway à
Notre-Dame des Landes. En raison de l'envolée des coûts de
construction, Vinci a préféré réduire à une piste, et le nombre
de portes d'envol aurait été inférieur à celui de Nantes
Atlantique. En revanche le parking voitures (à plat, parce que c'est
moins cher) devait être agrandi, et la surface commerciale de
l'aérogare également. On évite de penser à ce que cela représente
pour un handicapé moteur obligé de parcourir l'immense parking,
puis longer les très nombreuses boutiques avant de pouvoir accéder
enfin aux avions. Quant à un accès via le train, dans combien
d'années aurait-il été disponible ?
En revanche,
maintenant Nantes acceptera sans doute d'allonger la ligne 3 du tram
(1,5 Km dans une zone non construite) afin d'accéder directement à
l'actuelle aérogare : voilà une desserte facile ! Et comme des
rails passent déjà à proximité, il pourrait même y avoir des
accès TER directs également. Ce n'est dépendant que d'une volonté
politique.
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Voilà. Face à un État tentaculaire et souvent sourd aux arguments, des dizaines, des centaines de milliers de personnes en France ont réussi à rétablir le bon sens et les vraies priorités. Maintenant la ZAD va pouvoir devenir la Zone Artistement Diverse, un lieu au départ unique de création du nouveau. Un nouveau qui a peut-être déjà existé dans un autre contexte, mais dont le souvenir a disparu.
Les détracteurs vont sans doute se précipiter pour hurler : « Mais ce n'est pas possible ! Vous n'avez pas le droit, pas le droit de ceci, de cela, pas le droit de l'ouvrir, à peine de la fermer, encore moins d'exister ! »
Le droit SUIT la Vie, il ne la précède jamais. En revanche, il ne se gêne pas pour précéder la mort.