jeudi 5 juin 2014

Petits pas et Grands rêves

Cri - M art'IN 
Non, il ne s'agira pas ici de savante ''stratégie politique'' des petits pas vers le grand idéal, censée s'opposer à la pratique bébête des ''grandes réformes'' politiciennes d’esbroufe (régions, mariages, justice, école...) qui tournent aux fiascos mérités.
Il ne s'agit ''que'' de récentes anecdotes (bien plus signifiantes à mon avis!) vécues par un p'tit vieux qui a tant mal aux jambes, marchant à son rythme, dans le seul périmètre de son mini-quartier de centre ville sans poésie apparente. Mais avec poésie latente, là, comme partout.
Or donc, voici-voilà ce que ce vieillard (moi) a récemment vécu d'important (!?) en quelques jours sur l'asphalte du trottoir, face à de surprenants inconnus. Et ce qu'il en a conclu. A vous de juger !
-1-
Sortant d'une belle visite de voisinage (80 mètres) mon attention est soudain attirée par un couple bizarre qui semble venir vers moi du trottoir d'en face. La bizarrerie est qu'il traverse gaiement la calme rue en biais, hors passage piéton, et surtout qu'il s'agit d'une joyeuse fillette vêtue d'une magnifique robe longue et rouge, qui ne donne pas même la main à l'adulte, un bel homme costaud et souriant. Ils ne s’aperçoivent de mon existence que lorsque que je lance à la gamine, soudain : ''T'as raison ! Écrase les autobus !''. Surpris, ils rient tous deux en m'observant quelques secondes, puis continuent leur chemin en devisant gaiement. Lui marche à grands pas et elle sautille, danse, court à ses côtés, se retourne parfois vers ''le vieux'', comme pour s'assurer qu'il la suit des yeux... de plus en plus loin, à son rythme.
Mais, comme pour m'attendre, ils se sont mis à jouer sur la demie-douzaine de grandes marches publiques d'entrée de l'école du coin, assez longtemps pour que je les rattrape par petits pas souffreteux. C'est alors que je comprends le but ultime du jeu : trouver la meilleure position pour que la petite se juche d'un bond à califourchon sur les solides épaules du grand, malgré le handicap de la robe. J'applaudis au spectacle de ce bond favorisé par les marches et l'adroite position accroupie du costaud, qui se redresse tout fier avec sa cavalière souriante. Ils sont face à moi, hilare. Je leur lance : ''Voilà la belle princesse sur son grand destrier brun !''. Ils rient et m'expliquent qu'ils sont père et fille (comme je m'en doutais). Puis elle reprend ma fable : ''Hue ! Au galop !'' et le cheval obéit, qui traverse au galop, encore en biais, le proche grand carrefour - malgré quelques voitures !... Pendant que, lentement, je traverse à mon tour (au passage protégé!), juste à temps pourtant pour voir que le papa a déposé sa fille sur le trottoir, non sans mal malgré ses grands bras car il s'est inévitablement empêtré un instant la robe sur son crâne...
D'une bonne dizaine de mètres je leur crie : ''Je me suis trompé : elle c'est la fée, lui le sorcier !''... Et, puisque nos chemins divergent là, on se quitte en agitant les bras et éclats de rire !

*
Après cette féerique histoire de belle fillette et beau papa, qui m'a joyeusement ensorcelé, je dois, deux ou trois jours plus tard aller au marché local, celui qui vend certes fruits, légumes, saucisses..., mais peut offrir aussi de poétiques spectacles et aventures. En voici deux rapides, indépendantes, mais qui se succèdent juste avant et à la toute fin de ma quête au p'tit-bonheur du marché du jour...
-2-
Gustave - M art'IN
Il y a à environ 50 mètres du marché au café (fermé) dont la terrasse sur trottoir est munie de deux bancs. Je viens de faire à peine 300 mètres, mais mes jambes souffrantes exigent repos. Un groupe, que je vois d'abord de dos, a la bonne idée de se serrer sur un seul banc : l'autre, en face, est libre, ouf ! Au moment d'y aller une toute jeune fille (14 ans?) sort si vivement du groupe qu'elle me frôle, avant de me voir. Elle semble vouloir quitter la terrasse. Je lui lance : ''t'en vas pas, y a de la place à côté de moi sur l'autre banc !'' et tout le groupe rigole. Re-ouf, j'ai en face de moi des personnes de bonne humeur. Qui s'avèrent même bien délurés... comme moi. Je devrais écrire déluréEs, puisque ce sont 4 femmes et 2... ''hommes''. Dont un nourrisson de 2 mois et un gamin de 13 ans qui ne sait que bécoter les lèvres de l'une d'elles (c'est déjà ça!). Elles ? Une femme de 40 à 50 ans, mère, sans doute d'une ou deux des trois adolescentes de 14 à 20 ans : toutes quatre sont belles et bavardes... entre elles et avec moi. Les répliques fusent, tout le monde rigole. Bébé compris, du moins d'être agité par de jeunes bras inexpérimentés, dont sûrement la précoce maman. Bref c'est leurs vies. La mienne est de les quitter, reposé et gai. ''Kénavo-bisous'' aux femmes et aux 2 ''mâles'' !
-3-
Fin de marché, avec ''cerise sur le gâteau'' : j'entends une mélodie tzigane d'accordéon. Endiablée. Je cherche, découvre bientôt LA musicienne assise sur un minuscule pliant. Belle jeune femme blonde aux yeux bleus, loin du style gitanos mais qu'importe. Je l'écoute, béat, lui glisse un sou et quelques mots entre deux morceaux. Soudain arrive un ami avec qui j'étais peu avant au café, qui interrompt l'artiste : ''salut ZOÉ !... justement nous parlions avec Rémi de ta mère, notre commune amie!...''. Comme les présentations sont faites j'imite son geste de lui faire 2 bises. On parle un peu, juste le temps de conclure que j'ai dû vaguement la voir à ses 10 ans environ, il y a presque 20 ans... Puis elle reprend son accordéon pour un air tout frais-tout gai qu'elle me dédie, clin d’œil à l'appui, tout sourire ! Merci ! Un bon moment plus tard je la quitte avec ''bisous du geste''. Jambes lourdes mais cœur léger ! Léger de LA ZOÉ l'insolite gitane. Encore une fée ou une sorcière : une artiste.
Décidément le monde est bien petit et pourtant si grand : plein de belles-bizarres féeries... ça aide !


Sous l'casque d'Erby



13 commentaires:

  1. Bonjour les caillasseux. Place à l'insouciance, à l'art de vivre et à la poésie, loin des cérémonies des dates anniversaires, dont on connaît le pouvoir de manipulation et le haut degré de toxicité, comme le dénonce très bien Pim sur son blog Y'a bon USA ... , à qui Babel emboîte le pas en martelant quelques vérités que nous avons quelque mal à entendre Vladimir Poutine, et NOTRE avenir.
    Pouvons-nous espérer qu'entre tant d'excès il y ait encore de la place pour donner de la couleur à nos vies ? C'est toute la volonté et l'humanisme du papier de Rémi. Gageons que la vie est plus forte que tout le reste !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour le relais ...
      Que ce monde s'étouffe d'un excès de poésie ...
      laqulle, comme chacun ne le sait pas, est DÉJÀ dans la rue, craintive, rétive et comme espiègle à filer comme le vent qui passe. Il suffit souvent de lui un petit coucou pour qu'elle déracine toute certitude ...
      Bien à vous.

      Supprimer
    2. "j'dirais même plus"... : suffit souvent de lui faire un grand coucou ( à la poésie) pour que s'enracine la certitude que ce monde mené par le fric dément MARCHE SUR LA TÊTE et que nous marchons (même souffreteux...) à l'endroit pour abolir cette démence...

      Supprimer
  2. C'est un billet plein de poésie et d'optimisme ! Oui, comme disent les cafards, merci et ça fait un bien fou ! Très belle journée ensoleillée (et on oublie les mouches...)

    RépondreSupprimer
  3. Je plussoie-z-à tous. Quel beau réveil (j'ai mal dormi, couché trop tard) ! Rem* attire dames et messieurs (même fort jeunes) comme le magicien merlinesque qu'il est.

    Des yeux s'accrochent dans des lieux improbables, des instants de simple partage de l'instant qui court à votre hauteur, puis s'écarte et continue ses foulées vers un autre avenir.

    RépondreSupprimer
  4. Tu excelles vraiment dans ce genre et matière poétique, relationnelle et partage, anecdotique. Ca parait simple comme ça mais c’est de plus en plus extrêmement compliqué à réaliser pour mult raisons stratégiques qui font que les humains sont de plus en plus déliés.
    Encore bravo l’artiste !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bravo encore à toi, l'artiste, dont deux créations - pour moi nouvelles - illustrent mes propos, bien mieux que je ne pouvais l'espérer!!
      Tu le sais, tout comme Rodolphe : j'ai toujours trouvé, du temps où j'étais plus valide et où j'allais vous rendre visite (parfois hébergé n.jours), votre "nid" est plutôt un forum ouvert plein de "courants d'air humains" donc plein d'imprévus et d'anecdotes cocasses : autant de "poèmes" vécus sinon rédigés, chantés, filmés, etc. Une pépinière pour prolixes observateurs-créateurs ! De ceux qui - quelques soient par les emmerdes de la vie sociale empoisonnée par les politiciens qui se disputent "le gâteau", sont assez sots pour nous laisser leur piquer "la cerise sur le gâteau"... Cette cerise du goût de la vie, la poésie, magique au point de tous les jours, tous les instants, être toujours là malgré qu'on la déguste !

      Merci aussi, mes autres amis qui ont ci-dessus leurs avis élogieux, parfois excessifs pour ma petite personne, humble œuvrier comme vous-mêmes : et, entre-nous et au-delà, "l'essentiel est de participer" comme dit l'autre... mais participer à quoi? : à RÉ-ENCHANTER le monde, tous les jours, malgré son état déplorable... çà aide à faire grandir l'ESPOIR de le remettre à l'endroit!

      Supprimer
    2. Faudrait que je me relise mieux... Lire (vers le milieu du commentaire de 9h29) "quelques soient par AILLEURS les emmerdes"

      Supprimer
  5. en voilà d'une belle histoire Rémi
    une pépite de poésie qui éclaire la journée

    un grand merci
    et chapeau bas

    ;-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ben ça, me v'la en couleurs d'aencre en compagnie de LÉO! et de belles photos et pensées, merci l'ami Jean-Jacques !

      Supprimer
  6. En primes du jour : un excellent Erby et un excellent Dimey... merci lediazec !
    Deux amis se sont succédés en visite chez moi. ils ont appréciés et l'article et les créations martine-îîîchesques des illustrations.
    L'un d'eux a même cru voir en l'accordéoniste Zoé "le grand amour" dont il a rêvé la nuit dernière ! ! Me reste à organiser la rencontre et, si besoin, être témoin de leur mariage social, qui consiste comme chacune-chacun devrait le savoir, à fêter leur Union Libre entre proches et amis, sans mairie (ni bien sûr église). C'est comme ça d'ailleurs, que "j'ai marié" ma fille, ainsi que le papa du "marié", en toute amitié!

    RépondreSupprimer