mardi 14 mars 2017

Printemps : avant l’heure, c’est pas l’heure, après l’heure…

Erby
Le printemps s’annonce à grands pas. Ça trompette à tout va chez les piafs. Un signe. Quelle fanfare ! L’aube est toute bleue et l’œil mouline mille faisceaux orangés. Dans leurs fibrilles les organismes le chantent et les corps sont à la cabriole : il n’y a pas de puissance sans volonté, faut le voir pour le croire, le rêver pour le redécouvrir.
Ce vouloir incontournable, cette volonté farouche, qu’on ne maîtrise pas, mais que nous pensons pouvoir dompter avec insolence, comme on bride un animal sauvage, nous tient par la seule force de sa vitalité, faisant feu de tout bois, quand l’hiver signe la capitulation.
Laissons-nous bercer par l’explosion des rêves. Nous ne sommes que de la brindille de saison que le blizzard fouette, que la chaleur réconforte. Du feuillage caduc qui miraculeusement renaît, la lueur d’un doute, tête posée sur l’épaule des certitudes, ignorant tout de son extraordinaire force fragile.
De concert avec la sève, le printemps nous entraîne au-delà de ce que nous supposons n’être qu’un jour comme un autre. Ça l’est et ça ne l’est pas, jeu de miroirs.
Même noir, ce jour a toujours un lendemain, celui qui annonce l’aube qu’on attend avec impatience, graille volage que les piafs déposent au hasard des jardins du bien et du mal pour que chaque vie devienne cette graine régénératrice poussant différemment selon le terreau où elle s’enfonce…
J’aime ces excès qui nous tiennent au taquet et qui nous font espérer à des jours qui arrivent ou qui partent le bagage plein de bonnes et de mauvaises choses. Le quoi frisant le n’importe quoi au bazar des illuses, on s’y berce comme si de rien n’était. C’est que Dame nature a du cortège pour l’accompagner. Comment oublier, en la célébrant, les mauvais jours passés et à venir ?...
Le comment du pourquoi des petites et des grandes choses de la vie. D'ici et d'ailleurs. Des fringues à 50 000 boules de Fillon, du népotisme oligarchique, des Rolex de la haute à faire vivre plusieurs ménages pendant des mois, des bagnoles, des circuits d'argent, des manipulations médiatiques, des dindons qu’on branle parce qu’ils ne peuvent plus faire la chose normalement, des poules qui pondent 10 œufs par jour, les plumes dans l’édredon, des chèvres qui deviennent chèvres à force d’être chèvres, sans savoir pourquoi elles le sont. Ni pourquoi, nous humains, sommes devenus tout aussi chèvres !
Mais que nous soyons chèvres ou pas, dindons ou poulaille, martin-pêcheur ou oiseleur-oiselé, comme disait Cocteau dans « prairie légère », nous célébrons le printemps, ou l’automne, ou la fin de l’hiver, ou l’arrivée de l’été !
Nous ferons de même l’année prochaine, si Dame nature le veut bien et si l’homme n’a pas entre temps commis une nouvelle folie.

Sous l’Casque d’Erby



12 commentaires:

  1. Le bonsoir aux caillardeuses et aux caillouteux. Comme on dit, pas d’heure pour les braves. La bonne lecture et la bonne soirée.

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  2. Sale époque les amis, mais qui sait ?

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    1. Pour être sale elle est sale, cette époque! Ce qui me rend zen, c'est que je sais ce que je ferai au premier et au second tour. Dans mon esprit c'est réglé!

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  3. Fabuleux texte sur la saison des explosions spermatiques... ;-)
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Merci Dame Céleste. Un texte fait à l'arrache pourtant. Fallait que ça sorte. Le jardinage m'a bien aidé.

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  4. Au printemps les bourgeons explosent !.... comme j'aimerais qu'il n'y ait pas qu'eux ! No comment et bonne nuit !

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    1. Tout pareil, René. A la bourre parce que je remets le jardin en état. Pitaing, les ronces! C'est de la vigne, le pinard en moins!

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    1. Robert Lamoureux, l'inventeur du sketch à ellipse ! Je m'en régale !

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  6. ahhh le printemps ! On se sent tout guillerets mais on n'oublie pas le monde de merde dans lequel on se débat

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  7. (de Rem*)
    « Ils nous disent... nous répondons... » :
    ... un printemps espagnol, olé !!!...
    http://www.bastamag.net/En-Espagne-une-nouvelle-cooperative-de-medias-independants-pour-le-changement

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    1. Lien en clair, Rémi. Longue vie à eux, longue vie à nous. Je croise les salsifis pour que cela dure longtemps... Chacun faisant ce qu'il peut, ce qu'il doit, à l'intérieur et à l'extérieur des "frontières", pour que la liberté d'opinion (et d'information) ne soit pas un vain mot dans un monde vain !

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