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Le
court slogan du ''global/local'' avait été lancé par des lanceurs
d'alerte à peine post-soixante-huitard, tant aux États-Unis qu'en
France ou ailleurs. A l'époque, certains, comme Pierre Rabhi
pouvaient même ignorer ce mouvement d'idées... avant de le
rejoindre et bien le renforcer, en fait.
*
Sur
ma table de lecture, j'ai 2 livres en cours de lecture, publiés par
LLL, Les Liens qui Libèrent (déjà tout un programme). L'un est
mince et se présente comme un ''texte venu du futur'' (2093) :
''L’effondrement de la civilisation occidentale'', de Naomi
Oreskes et Erik M.Conway (scientifiques américains). L'autre est
épais de 325 pages : ''Un million de révolutions
tranquilles'', de Bénédicte Manier. Et je vais de l'un à
l'autre, au stade de les parcourir encore. Assez pour vous les recommander, ce que j'avais déjà fait dans
l'article Made in USA du 5 mai (où ils sont mis en lien).
Deux
livres très différents, le premier fiction d'anticipation, le
second de journaliste. Avec ces points communs : ils partent
tous deux du problème de l'eau (déluges ou sécheresses) et sont,
chacun à sa façon, des lanceurs d'alerte : ''ce qui nous
attend bientôt si...'' et
''ce que font déjà certains pour...''. Bref, de quoi remettre
en question pas mal de routines de vie et certitudes doctrinales ou
sceptiques. Routines par exemple de déclamer en manif le slogan
''offensif et rassembleur''. Ou bien pire, de se gargariser de
certitudes très dûment démontrées qu'il ''faut ceci et cela pour
faire la RRRévolution'', après quoi, comme la belle après Cannes,
on questionne discrètement : ''l'ai-je bien descendu ?''...
Dans
le champ de la Révolution aussi, il y a abîme entre déclamations et
action. Même si la déclamation est brillante et sincère, même si
l'action est humble, voire secrète et individuelle, plus ou moins
adroite, mais positive. Quotidiennement, des millions et millions
d'initiatives, d'actions, se tentent, dont un grand nombre, même
échouées, ont le mérite d'exemples de courage, ou d'erreur à
éviter... La pire erreur étant de s'en remettre à ''l'avant-garde
éclairée du prolétariat qu'est LE Parti des professionnels de LA
Révolution''. Qui décidera du ''Grand Soir'' où établir sa
dictature. A la place d'une autre : avec ses combines, ses
corruptions, sa férocité... ses luttes de classes, à nouveau !
*
Il
y a très longtemps que j'ai certitude de LA Révolution-à-faire.
Multiple. De Justice-Sociale-et-Liberté-individuelle. La rêvant
successivement Rouge, Rouge et Noire, Noire, Verte,
Verte-Noire-Rouge. Enfin en anarchiste sans oriflamme sauf bel
arc-en-ciel naturel. Arc que je fais emblème de la culture. Celle de
la terre nourricière et de nos têtes-en-l'air de poètes, rêveurs,
artistes, chercheurs, chacun acharné à vivre heureux, entre
heureux. Gratuitement libres et créatifs : Oui à la
culture !...
Entre
la si lourde terre à sagement cultiver et nos si légers neurones à
follement entretenir, il y a la sagesse qui s'apprend et se partage. Le
savoir-faire, pas à pas, de trier dans son vécu, tant individuel
que social. A transmettre pour le meilleur et alerter pour le pire.
Il y a l'espoir de la relève, et même sa certitude...
Il
y a certitude de l'unité du genre humain solidaire (sauf poisons !).
Et que sa force inouïe est dans la diversité inouïe de ses actions
locales adaptées ''au terrain'' par ceux qui y vivent et eux
seuls...
C'est
tout cela qui s'agite en moi à la lecture de ces deux ouvrages. En
diagonale. Trop vite comme est la vie, zébrée d'éclairs de
lucidité et de belles émotions, aussi de déceptions et de douleurs
terribles... : Un million de révolutions ou effondrement de
notre civilisation (y a eu d'autres, y en aura d'autres) ?
Je prends les deux, vive LA VIE de notre planète ! Avec, une
humanité digne d'elle, libertaire. Sinon, la vie se passera de
l'humanité comme des dinosaures...
*
Pour
terminer, quelques lignes extraites (p.15 à 19) du livre ''Un
million de Révolutions tranquilles'', concernant une de ses
réussites, dans l'État indien du Rajasthan :
''En
1985, Rajendra Singh est un jeune fonctionnaire (...qui)
s'alarme de la malnutrition des enfants. Les familles lui expliquent
qu'elles ne font qu'un seul repas par jour (…).
Un jour, un habitant âgé lui apprend que dans la région existaient
autrefois des bassins en terre, appelés johads, conçus pour
recueillir les eaux de ruissellement (…) depuis le 13°siècle
(...). Les colons britanniques avaient jugé les johads
insalubres(...). Les autorités s'opposent au retour d'un système
jugé dépassé.(...Après
plusieurs échecs) il mobilise les villageois pour quelques
roupies, des pelles, des pioches(...). Et, surtout, des centaines de
volontaires se joignent aux chantiers(...). En un an (il
y a) 50 johads, en n'utilisant que les moyens et
savoir-faire locaux. (…)Le trajet naturel de l'eau a été retrouvé
grâce à la mémoire des anciens et c'est un jeune qui a dessiné
les plans. 26 ans après, le district bénéficie d'un réseau de
10.000 structures d'acheminement et de retenue d'eau (bassins,
barrages, canaux) qui desservent plus de 700.000 habitants. Il a
suffi de quelques moussons pour que les eaux pluviales, canalisées,
renflouent les nappes souterraines.(...)
Cette
restauration de l'écosystème a profondément changé la vie des
habitants. La malnutrition a disparu. Avec des puits à leur porte,
les femmes ne parcourent plus des kilomètres pour trouver de l'eau
et les fillettes retournent à l'école. Les journaliers agricoles
trouvent désormais du travail sur place, ils ont cessé d'émigrer
vers les villes(...).
L'autre
grande réussite du réseau des johads tient à la gestion
démocratique de l'eau. Singh a réussi à dépasser les habituelles
querelles (entre partis, castes, villages) pour instaurer une
gouvernance collective, qui transcende les barrières sociales.
Toutes les familles sont représentées à égalité dans les
assemblées de village. Les femmes, qui ont beaucoup contribué aux
travaux, y siègent à égalité avec les hommes. (…) Ce sens
retrouvé de la communauté a renforcé l'auto-détermination des
habitants sur leurs territoires. Ils ont passé outre les injonctions
de l'administration(...). Plus loin, l'auteure montre que cette
expérience des johads a renforcé les luttes contre les prédateurs
genre Nestlé, Coca, Pepsi, etc. Qui, par leurs forages très
profonds volent l'eau des nappes phréatiques qui s'épuisent,
conduisant les assoiffés déjà pauvres à devoir acheter les
sodas... Plus loin aussi, une autre restauration de savoirs anciens
bafoués par la colonisation fait, en zone sahélienne africaine,
localement reculer la sécheresse... : TOUT EST POSSIBLE...
Sous l'casque d'Erby
Sous l'casque d'Erby
Bonjour les caillasseux. Après la pluie le beau temps.
RépondreSupprimerLes gouvernements des hommes se succèdent en s'amalgamant, le nouveau prenant le dessus en absorbant l'ancien qu'il digère aisément, d'autant mieux que la vocation est toujours la même : prendre sans rien laisser, ou juste de quoi permettre à l'esclave de continuer à faire ce qu'il fait si bien : l'esclave.
"Penser global pour agir local", c'est un bon début... Comme disait je ne sais plus qui : "tirer du pire (le modèle qu'on nous fait subir) le meilleur parti possible".
La pluie ? Elle n'est pas encore là, même si quelques nuages commencent à se rassembler pour une manif.
SupprimerOui, penser global, agir local, c'est la seule façon raisonnable (ou pas, car le grain de folie est nécessaire) pour enfin sortir d'un Système basé sur l'exploitation des plus pauvres par les plus riches, afin que les seconds cessent de pressurer les premiers à leur bénéfice exclusif.
Priorité à la Vie !
Oui, la vitalité de ces "révolutions tranquilles" est d'imposer DE FAIT leurs créations socio-économiques, culturelles, à la barbe des pouvoirs gouvernementaux "légaux"... le plus souvent sans insurrections, sinon sans âpres luttes.
SupprimerC'est une riche combinaison d'acquis d'expériences tantôt très anciennes (rurales) et modernes (citadines), avec inventivités et vraie démocratie locale participative. Souvent avec l'audace radicale de femmes, même dans des traditions très "machistes" !
Il est certain que cela ne détruit pas les capacités répressives des Pouvoirs en place (police...) mais les intimident, désorientent. Ils recourent à des corrupteurs, etc. ? sans succès, souvent, contrairement aux combines entre appareils "démocratiques légaux".
Même le recours aux classiques appels guerriers aux nationalismes font ici long feu. Etc.
C'est tout cela que je (re)découvre à continuer à lire ces pages fourmillantes... Où passent parfois de bons vieux souvenirs de sages-ès-révolutions-concrètes, genre Gandhi, Gramcsi, Laborit...
Bonjour ! Oui, parfois, un peu d'optimisme, comme à Saillans dans la Drôme : http://rue89.nouvelobs.com/2014/03/29/a-saillans-les-1-199-habitants-ont-tous-ete-elus-premier-tour-251062
SupprimerSur "reporterre" (en colonne de droite) Hervé Kempf a "le goût de la victoire", même s'il a le bon goût de relativiser nos fragiles victoires sociales et politiques récentes. Cela me donne l'occasion de préciser qu'abondent, des Etats-Unis ou Canada à différents autres pays "occidentaux" d'Europe, Australie, Japon, etc., ces "révolutions tranquilles" (elles aussi relativement révolutionnaires et tranquilles!) signalées dans ce livre de façon éloquente. Dont ici, bien entendu...
RépondreSupprimerAvec le traité transatlantique signé depuis juillet derniers , les OGM vont s’installés sur nos terres et à l’avenir se croiser avec les graines vivantes et saines ainsi nous n’en aurons plus et serons obligsé d’acheter des engrais et autres saloperie pour faire croitre notre nourriture trafiquée. Le gaz de schiste va pouvoir s’extraire n’importe où, le sable ramassé n’importe où, les animaux à la consommation seront boustés et gonflés, trois semaine pour faire un poulet ...Les état n’ont plus le droit de décider donc le petit peuple qui lutte encore moins...Mais bon je m’accroche encore aux croyances et je cultive ma permaculture dans mon jardin parmis mes poules et canards. Inch allah !
RépondreSupprimerPutain de canards avec tribu de canetons qui enjambent les bordures pour becqueter et piétiner les plants de pomme de terre ! Pas facile, le beurre et l'argent du beurre !...
SupprimerCela dit, moi aussi, je m'accroche à quelques croyances : quand je croise un cobra, un mamba noir ou un taïpan mal embouché, morsure minute, je ne tente même pas de les convaincre, je prends mes jambes à mon cou et je mets de la distance, si j'ai le temps. Non, mais !
Sur le même sujet de l'espérance écologique, d'autres chercheurs essayent aussi de s’appuyer sur la science-fiction et de la croiser avec les sciences sociales pour chercher des visions plus inspirantes : http://www.scienceshumaines.com/la-science-fiction-au-secours-de-l-ecologie-entretien-avec-yannick-rumpala_fr_32101.html
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