Israël, mythes et réalités – 2 : De l'extrême gauche à l'extrême droite.

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Que l'on reste en son terroir natal ou que l'on émigre, l'éventail de nos motivations humaines est bien sûr le même pour juifs et non-juifs (''goys''). Éventail qui, en très gros, mêle désirs d'ordre matériel, mystique, idéaliste : Le ''banalement matériel'' va du minimum de bien être au délire de faire fortune ; le ''plus ou moins mystique'' va du cénobite éperdu de ses méditations personnelles aux communautés spirituelles, se sachant parfois menacées, ou/et aux prosélytes d'endoctriner autrui de sa foi ; le ''pur idéaliste'', enfin, tente l'aventure de réaliser du neuf, encore si utopique...

La façon originale dont se combinent ces facteurs éclaire sur la dramatique dérive du sionisme. D'abord idéaliste, puis faisant appel au mysticisme et finalement donnant à son terrorisme armé la possession de l'État d'Israël : d'où sa dérive de l'extrême-gauche à l'extrême-droite... Rem*

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L'égoïste citadin de Tel-Aviv peut s'y croire tranquillement dans une banale grande ville occidentale, avec ses critères d'hyperconsommation, paisible à l'ombre d'une démocratie parlementaire formelle. Où il met son bulletin dans l'urne quand on le lui demande parfois. L'essentiel de sa vie est de ''faire des affaires'', il fait confiance aux ''professionnels de la politique'' pour le reste, oubliant ou ignorant que tout ce système n'est que truquage d'apparences, ''théâtre d'ombres'' destiné à cacher la seule vérité de l'État d'Israël : d'appartenir à Tsahal, l'armée. Un peu comme si une clique genre Salan-OAS dirigeait l'État Français, faisant élire comme ''Président''(bidon) une espèce de caméléon de ''gauche'' - genre Guy Mollet ou F. Mitterrand. Ce qu'est en Israël le ''sioniste de gauche-alibi'' Shimon Péres... Alors que le vrai pouvoir, de Ben Gourion à Netanyahu en passant par les Meïr- Barak-Sharon est toujours militariste, obsédé de conquérir la Palestine. A en effacer même le nom !
C'est évidemment du vrai Israël conquérant dont il va s'agir ici, pas des magouilles de cuisine électorale. On a que trop glosé sur les subtiles divergences d'entre sionistes (les ''historiques'' plutôt ashkénazes, les ''ultras'' plutôt séfarades ou russophones, etc.). Pas assez sur la réalité qui est qu'Israël embrigade si dur sa jeunesse des deux sexes dans l'occupation militaire de la Palestine...

Palestine et Israël vus d'Égypte 

Je dois à mon enfance égyptienne (fin 38 - mi 56) beaucoup de ma vision du si voisin palestinien (j'y fus plusieurs mois en convalescence à Haïfa en 46-47), confronté à la conquête sioniste-israélienne (conquête qui continue toujours, à la folie : dans une toute autre époque !...). Mon père fut un ''expat'' (dit-on aujourd'hui) français en Égypte de 1930 à 1956, employé au canal de Suez. Il me souvient de réunions au jardin familial vers 46-50 de ses divers amis, français, anglais ou égyptiens (discrètement coptes ou juifs, plus couramment que musulmans). Il y racontait volontiers ses visites en Palestine, où il avait croisé ''des paysans-pionniers, sympathiques mais bien plus fous que nous le sommes au canal'' : ces jeunes des kibboutz. C'était l'état d'esprit général du ''dynamisme occidental venu réveiller la nonchalance orientale''. Opinion typiquement coloniale bien établie dans les têtes, y compris celles des élites égyptiennes ''modernes'' du temps...

A partir de 1948, je fus surtout témoin de manifs de rue, expressions de colères populaires, éclatant par le scandale créé par la catastrophe -''Nakba''-. Celle de la création d'Israël, non seulement pour les palestiniens, mais pour les égyptiens : leur Armée était défaite par des terroristes ! Lesquels devinrent Tsahal, signifiant Armée de ''Défense d'Israël'' alors qu'elle est de ''Conquêtes'' de terres et d'eaux !! J'étais tout jeune mais bien placé pour voir le double-jeu de la G.B., officiellement neutre dans sa protection militaire du canal de Suez, mais en fait alliée des sionistes (avant de passer la main à Uncle Sam). Je ne reviens pas ici sur le drame de Mahmoud, lié à cela et qui m'éveilla tôt aux ''justes causes du peuple''..

Juifs antisionistes et Résistance Palestinienne 

''Si nous nous révélons incapables de parvenir à une cohabitation et à des accords honnêtes avec les Arabes, alors nous n’aurons strictement rien appris pendant nos deux mille années de souffrances et mériterons tout ce qui nous arrivera''. Einstein, dès 1929 ! 

Le plus célèbre juif du 20° siècle fut pourtant pressenti pour devenir 1° président du futur État d'Israël. Il refusa net, au grand dépit des politiciens du mouvement sioniste... 
Un autre lucide antisioniste juif m'a passionné : Henri Curiel (1914-78). Cet homme à part  était un juif égyptien au parcours singulier : fils de gros patron, il fut tout gamin, bouleversé de la misère des fellahs du Nil et devint très jeune un idéaliste fondateur d'un parti communiste égyptien. Avec, romantiquement, l'idée (vite abandonnée) de créer des sortes de kibboutz, version fellah !!... Plus tard en France, toujours fidèle à son grand idéal communiste (via très audacieux épisodes : réseau Jeanson, etc.), il deviendra vibrant internationaliste, radical, jouant un grand rôle pour des contacts entre vrais antisionistes juifs d'Israël, Résistance Palestinienne, mouvements ''Tiers-mondistes''. Notamment via BenBarka, lequel ''disparut'' en 65 à Paris, Curiel y étant, lui en 78, ''liquidé'' : 2 victimes parisiennes (entre tant d'autres !) des espions d'Israël...
J'ai (très peut-être) vite vu et échangé quelques mots ou enveloppes avec Curiel, du temps parisien (vers 1970) où j'ai un tout petit peu servi de relais bricolés, pour pré-contacts toujours anonymes, entre antisionistes, palestiniens ou autres. Qu'importe. Il importe de savoir que bien d'autres juifs antisionistes se sont battus et se battent contre la pensée unique : ''Juif=Sioniste''. 35 ans plus tard, des liens existent toujours, utilement, entre antisionistes d'Israël, de Palestine, de partout. Dans un autre contexte mais toujours ouvert sur l'avenir. Toujours de la Justice historique et sociale :

''Exister c'est Résister''

Cette affirmation, réentendue encore tout récemment à la radio, est courante là-bas. Le moindre palestinien vivant sous botte israélienne lui impose ce fait. Mahmoud Darwish, l'immense poète palestinien commente, en 1988 : ''Ils disent ne pas pouvoir coexister avec nous. Mais leur dilemme c’est qu’ils ne peuvent vivre sans nous. Il ne nous appartient pas de régler ce paradoxe, lequel engendre la cruauté d’une jungle où le mythe s’allie au fait accompli, et la fragilité de l’homme à la dureté de l’acier.'' 

Dans une conversation avec J.L. Godard, au Havre en 2006, Élias Sanbar répète ce qu'il disait à un interlocuteur israélien : ''Quand vous dormez, c’est nous qui occupons vos crânes. Vous occupez de la terre le jour. Nous occupons vos têtes la nuit.''

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''Le Big Brother des Services-Secrets-Complices'', israéliens, atlantistes et autres... chinois, russes, etc., n'y peut rien : la lutte des classes ne s'arrête pas par assassinats clandestins ou indics infiltrés. Ni bien sûr par ''victoires'' militaires terroristes contre le million et demi de gens de Gaza, la plus grande prison du monde. Non plus par les ''cinémas'' diplomatiques (ONU, UNESCO) ou les ''dons'' corrupteurs de pays, producteurs ou consommateurs de pétrole, etc. Ni par les élucubrations de politologues, amateurs de ''savante stratégie planétaire'' et autres théoriciens du complot, des blocs ! 
Il m'est impossible en un court article d'entrer dans la chronologie terrible de cette dérive, depuis un siècle, de la réalité de l'immigration juive en Palestine. Du doux rêveur juif qui fut si bien accueilli au début du 20°siècle en Palestine multiconfessionnelle, au si dur raciste israélien qui tente tout (terrorisme, corruptions, blablas-paix) pour abolir la Palestine. Avec tant de complicités mondiales des ''Grands''... marchands, USA en tête. Mais cette dérive est partout facile à trouver à qui veut : Via le site de l'AFPS (Association France Palestine Solidarité : voir BDS, Boycott-Désinvestissement - Sanctions et y participer !). Ou le site de l'UJFP (Union Juive Française pour la Paix), celui de la LDH, ou d'Amnesty International, etc.. Ou bien lire ces petits livres sérieux (entre autres !) :

*LaPalestine expliquée à tout le monde du Palestinien Elias Sanbar (Le Seuil 2013).
*LesPalestiniens dans le siècle (2007, Découvertes Gallimard), n. photos, magnifique présentation, sobres textes de Elias Sanbar. 
*Détruirela Palestine, ou comment terminer la guerre de 1948, 2002, suivi de *L'héritagede Sharon. Détruire la Palestine suite, 2006, de l'Israélienne Tanya Reinhart, La Fabrique Editions.
*Laguerre israélienne de l'information, désinformation et faussessymétries dans le conflit israélo-palestinien, 2002, de Joss Dray (la photographe) et Denis Sieffert, le directeur de rédaction de Politis.

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Pour conclure, je ne m'aventure pas (ce pourrait prendre 10 pages !) à un parallélisme entre cette dérive du sionisme politique du confetti Israël et celle qui fut le drame de l'immense URSS (1922-1991)... Juste rappeler que l'URSS fut, par ''géniale (?) stratégie stalinienne anti-GB'', la 1° puissance à reconnaître Israël (après avoir aidé clandestinement les terroristes sionistes à s'armer). Puis, via sa disparition, l'un de ses tous premiers fournisseurs de migrants (souvent non juifs, en fait). Rappeler surtout qu'à une échelle gigantesque (du ''bloc de l'Est'') il y a eu dérive inouïe, des vrais soviets (comités populaires avec nombre d'anarchistes) par dictature communiste (dite prolétarienne !). Devenue policière-terroriste par le pouvoir remis à un seul aventurier, Staline. Derrière lequel l'appareil bureaucratique de production (militaire ou quasi...) prépara, de fait, l'actuel capitalisme...
Du naufrage du ''phare du socialisme réel'' il restera la résurgence de l'espoir révolutionnaire vrai, libertaire. De bien fragiles acquis sociaux restent. Et surtout des acquis culturels ou scientifiques... 
Je ne sais l'avenir d'Israël. Ce peut être naufrage, si les Israéliens restent dociles à la dictature sioniste de l'État-Tsahal. Ou bien... ? le réveil de la jeunesse ? Un ''Printemps Juif'' non-violent ??
Reste d'ores et déjà un fait culturel majeur : la moderne langue hébreu. Liée hélas à la disparition du si poétique yiddish... Ainsi vont nos langues, comme toutes les aventures de l'humanité ! 

Sous l'casque d'Erby