mardi 2 septembre 2025

De mon temps

M art' IN
De mon temps, c'est en plein vol qu'on tringlait des mouches survoltées. 
De mon temps… De mon temps… De mon temps…   
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps ! 
De mon temps… De mon temps… De mon temps…   
Quand y avait l'feu, on allait pomper du gazole pour l'aider à reprendre de la flamme.
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps !
De mon temps… De mon temps… De mon temps…   
On s'pointait aux carrefours, qui n'étaient pas encore des rond-points, et on faisait tourner le manège avec les poulardins. 
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps !
De mon temps… De mon temps… De mon temps…  
Les vieux cons étaient aussi cons que ceux d’aujourd'hui, les restos du cœur c’étaient les poubelles qu’on ratissait à toute heure. 
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps !
De mon temps… De mon temps… De mon temps…  
On rêvait le monde comme on ne le pense plus aujourd'hui. On le salivait tant et tant dans des piaules minables qu'avec la sueur, on avait l'eau courante. 
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps !
De mon temps... De mon temps... De mon temps... 
Quand le passé caressait le bord des grèves, les lèvres dansaient avec l'écume sur la crête des brisants.
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps !
De mon temps… De mon temps… De mon temps…  
Dieu jetait un œil aux enfers, implorant Lucifer de le laisser en paix !
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps !
De mon temps… De mon temps… De mon temps…  
Il y avait ceux qui l'ouvraient et ceux qui la fermaient, tout comme à présent... 
Ceux qui pleuraient pour un rien et ceux qui riaient avec dédain, tout comme à présent !
De mon temps… De mon temps… De mon temps… 
On grattait de la guitare comme aujourd'hui, on s'épile les burettes. 
Ferme ta gueule et lustre le sapin, t’as plus pour longtemps ! 
De mon temps… De mon temps… De mon temps…

Sous l'Casque d'Erby



lundi 1 septembre 2025

Les Moutons enragés, la voix des sans voix, s’éteint.

Nulle commémoration. Pas une parole à la mémoire de ce rempart historique de la pensée alternative de la part de l’équipe repreneuse des ME. 
Pas un mot, pas un geste, on casse avec méthode !  Tel est le ressenti devant le mutisme de la nouvelle direction. Rideau.
On achève bien les chevaux !
Après le départ de l’emblématique Volti, l’âme et le cœur des Moutons enragés durant de longues années, le silence des cimetières recouvre d’un voile anonyme son esprit. Nous voici devenus un troupeau dispersé dans les ruines de l’histoire.
Pas de mots donc, ne serait-ce que par respect de tous, mais un silence honteux ! Pire : de l’indifférence ! On creuse un trou et on jette la dépouille dans le charnier des frustrations. Comme si l'existence même des Moutons enragés, devenue référence par la détermination de ses nombreux militants et contributeurs au cours de longues années, n'était plus qu'une chose qu’on jette dans la fosse commune, comme on fait d’un chien errant.
Cette clôture soudaine, nous l'avons pressentie, vue venir, malgré le refus obstiné de certains amis à l'admettre. Cela paraissait tellement gros ! Les signes annonciateurs étaient pourtant manifestes, présageant une conclusion inéluctable. 
La disparition des Moutons enragés nous confronte aussi à notre vulnérabilité résultant de notre indécrottable insouciance. Cela n’est nullement un reproche, ce serait même notre marque de fabrique et l'esprit qui nous honore.
Désormais, seuls restent le deuil et les larmes que certains mettront en conserve pour les essuyer à point nommé lors d’un rappel nostalgique.
Le sabordage des Moutons enragés, orchestré tel une démolition contrôlée, en cette période critique de bouleversements sociétaux et de mutation civilisationnelle, constitue un coup dur supplémentaire dans la longue liste des sales coups encaissés. Juste au moment où le fort de l’orage nous tombe dessus !
Tant pis, ou tant mieux si je me trompe, mais tout est fait — ou donne l'impression de l'être —, pour qu'il en soit ainsi.
Haut les cœurs !

Sous l’Casque d’Erby 



jeudi 28 août 2025

Videz vos têtes, l'Etat s’occupe du reste.

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Nous l'entendons, le proclamons et le transmettons comme une évidence : chaque époque traverse des transformations significatives. Des changements radicaux dans nos modes de vie, que l’enseignement dispensera, dès l’âge le plus tendre, dans les écoles de l’État, ou assimilées, afin de préparer l’avenir au mieux de ses intérêts. Celui qui tient le pouvoir est le maître des esprits.
Présentée comme un « progrès civilisationnel », cette mutation devient la norme, puis le dogme qu’on ne transgresse pas. Un tel bouleversement signe la pérennité du cynisme politique, dissimulé sous l’apparence d'ouverture d'esprit et du démocratisme avec lequel on bétonne les âmes moribondes.
L'initiation des enfants dans les écoles de la république aux pratiques sexuelles, de la fellation à la sodomie, passant par toutes les nuances de la pornographie, est présentée comme une évolution louable, ouvrant grand les portes de la légalité à la pédophilie la plus abjecte !
L'individu inconscient, préparé à trouver cela naturel, ne s'en indignera guère. Au point qu’il exprimera non seulement son approbation, mais pourrait même attaquer verbalement ou physiquement toute personne manifestant son indignation !
La classe politique, avec ses discussions biaisées, sa soumission à un pouvoir supérieur, ou par conviction propre, veille au maintien de cet ordre mutant. C’est une guerre impitoyable qu’on nous fait, dont on nous dit le besoin impérieux.
Les manifestations publiques, par exemple, offrent un exutoire donnant l'illusion d'une société démocratique. L’illusion seulement. Car dans la réalité, cela rappelle la gestion des animaux d'élevage : on leur accorde la jouissance de vastes pâtures, mais au crépuscule, tous au bercail ! Si d’aventure l'un d'eux s'égare et tente d'emprunter une voie différente de celle indiquée par le fléchage, quelques coups de bâton suffisent à le ramener dans le rang. À lui apprendre les bonnes manières, quitte, s'il persiste, à l'envoyer dans les champs faméliques du « goulag », après l'avoir amputé, soit d'un œil, soit d'un bras, soit des deux, comme cela est courant lors des rassemblements tels celui des Gilets Jaunes.
Les élections présidentielles de 2027, dont les grandes manœuvres sont déjà en cours, illustrent le mécanisme. Que nous participions massivement au scrutin pour déposer un bulletin de notre « choix » ne modifiera en aucune façon le résultat final, que le Ministère de l’Intérieur se fera une joie de communiquer après un délai, « raisonnable » ou pas, projections sondagières à l’appui, afin que l’on ne subodore pas le coup de Trafalgar. Le candidat préalablement sélectionné par l'élite – Manu et d’autres sont là pour le prouver – sera invariablement proclamé vainqueur, indépendamment des résultats réels ! 
Voilà des années que nous marchons ainsi, de génération en génération, vers un monde meilleur et à la fin, on finit par se demander ce que nous cherchons réellement.

Sous l’Casque d’Erby 


samedi 23 août 2025

Dansons sous les décombres

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Je dois admettre que j'atteins un point de saturation insoutenable. Il est temps de mettre un terme à cette division toxique qui consiste à se décharger de toute responsabilité en attribuant systématiquement les torts soit à Voltaire, soit à Rousseau, selon les penchants. 
Alors que la guerre en Ukraine touche à sa fin – comme l'attestent unanimement les spécialistes de tous les camps – pourquoi les dirigeants européens s'obstinent-ils à la prolonger ? Cette interrogation est d'autant plus légitime lorsque l'on considère que les ressources financières de l'Union sont dans le rouge intense et que l’économie des personnes est exsangue, devant supporter de nouvelles levées d’impôts pour contribuer à « l’effort de guerre ». Autant dire pour nous finir !
Malgré sa posture belliqueuse, l'Europe est dans l'incapacité d'opposer une résistance militaire sérieuse à une puissance russe qui inspire de la crainte aux États-Unis même. Chercherait-elle par cette attitude à réguler son surplus d’humains par la guerre, les remplaçant par des plus corvéables importés via les réseaux migratoires ? Ne cherche-t-on pas, aussi, à poursuivre la guerre afin d'étouffer les questions embarrassantes que se poseraient les populations une fois le « conflit » terminé, quand la comprenette prendra le dessus sur la panique ? De demander des comptes aux petites frappes qui nous gouvernent, comme on commence à le voir avec l’escroquerie du Covid ?
Des explications claires concernant l'endettement et l'absurdité d'un engagement militaire dans une région où notre présence ne sert que des intérêts particuliers et des réseaux occultes ?
Autrefois, on « achetait » la paix sociale avec des politiques d'assistanat, soutenues par les syndicats et des politiciens privilégiant les solutions faciles afin de maintenir leur position et consolider leurs avantages ; désormais, c'est pour empêcher la parole libre de retrouver le chemin de la démocratie, qu’on vend la guerre !
Face à une crise économique dépassant largement la capacité d'action des représentants nationaux, les citoyens sont traités avec une indifférence similaire à celle réservée aux animaux en élevage industriel. À ce propos, la destruction des cheptels, particulièrement bovins, n’est-elle pas à mettre en corrélation avec les décisions prises par l’UE avec le Mercosur afin d'étouffer, voire ruiner définitivement, notre agriculture sans plus de scrupules ? 
L'Union européenne présente des défaillances structurelles considérables. Bâtie sur des sables mouvants, elle file vers son effondrement avec une telle constance que l’on se demande si tout cela n’est pas volontaire !
Construite sur des fondations instables, incapable de résister aux pressions extérieures, sa fragilité accélère sa disparition. Ce qui n’est pas un mal en soi, mais les conséquences entraînent avec elle la disparition des habitants, de la culture et la civilisation d’une partie considérable du continent, écrabouillés sous les décombres !
Au-delà de cette ligne, aisément franchie, que reste-t-il aux peuples pour se raccrocher aux branches ?

Sous l’Casque d’Erby 


samedi 16 août 2025

Guerre civile ou mise au pas ?

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On en parle de plus en plus : les risques d'une guerre civile sont manifestes, même si cela heurte les esprits qui, par crainte ou par excès d’aveuglement, se refusent à l’admettre.
Le fait que les médias conventionnels commencent à traiter le sujet démontre une préoccupation croissante au sein des sphères dirigeantes. Néanmoins, pour qu'une telle situation se réalise pleinement, plusieurs facteurs politiques, sociaux, économiques et culturels doivent converger, ce qui, politiquement parlant, n’est pas encore le cas. Même si la rupture entre le gouvernement et la nation est consommée, le chemin est encore long entre le constat et les travaux pratiques.
Que le gouvernement mette le tarif du kilowatt d’électricité au prix d’une centrale nucléaire, ou aligne celui de la bouteille de gaz au coût de la construction d’un gazoduc, rien ne semble émouvoir le consommateur plus vivement que le prix du kilo de cerise sur les marchés provençaux en cette période estivale. Rien n’est plus émouvant que le « danger » de la très improbable arrivée au pouvoir de l’extrême droite, argument politique exploité à jusqu’à la nausée par un gouvernement aux abois et une « gauche » sans idées qui ne finit pas de sombrer ! 
Les arguments présentés par les commentateurs des médias dominants relèvent d’une stratégie de la peur remontant à des temps immémoriaux : par celle-ci, comme tout récemment avec le Covid, on peut se permettre de tirer sur la corde sans crainte de la voir se rompre. Une guerre civile, quelle horreur ! Plus c’est gros... 
L'accaparement du pouvoir par une élite politique au service des intérêts financiers et l'appauvrissement systématique du pays par volonté oligarchique pourraient justifier une insurrection populaire. Une sorte de jacquerie comme on en voyait du temps jadis, vite réprimée et vite oubliée, dont certains livres d’histoire conservent trace. Mais qui s’intéresse à l’histoire de nos jours ? 
Cependant, même l’hypothèse d’une révolution profonde, cherchant dans son essence les racines d’un mouvement social comparable à celui de l’Espagne de 1936, ou approchant une nouvelle version du Front populaire, paraît aléatoire compte tenu des nombreux indices de résignation observés dans une population fortement anesthésiée !
Une explication à cela : l'absence d'un prolétariat digne de ce nom, fermement déterminé, avec le soutien de représentants politiques incorruptibles, prêts à soutenir un peuple à l’agonie. Nous en sommes loin, même si la progression de la précarité nous rapproche dangereusement d'un seuil de tolérance proche de zéro pouvant servir de déclencheur.
Mes aïeux ! Triste et autrefois grand pays, nous avons connu les monarchies absolues ou constitutionnelles, le Directoire, le Consulat, le premier et le Second Empire et nous en sommes à la Cinquième république ! Je passe les guerres, le choléra, la Terreur, la Commune de Paris pour atterrir aux portes de la plus totale des contre-révolutions : la mise en place implacable de la sinistre Agenda 2030 dont on banalise l’avènement !
Alors, guerre civile ou soumission totale à un régime globaliste pour qui l’humain compte pour des clopinettes ?

Sous l’Casque d’Erby

mardi 12 août 2025

François B . le nouveau criquet pèlerin.

M art' IN
Face à l'état du monde, je me sens comme le personnage décrit par Théodore Sturgeon dans "L'idiot de la fable". Le type que chaque pas pousse vers la trappe, qui perçoit les paroles sans en saisir le sens, ou, s'il les comprend, préfère garder le silence.
Néanmoins, restons optimistes et gardons espoir. L'être borné présente de multiples facettes et demeure perfectible. N'importe quel psy au rabais vous en fera la démonstration, moyennant avantages en nature.
Considérons la récente et déplorable gestion de la crise du Covid, dont on voudrait nous faire revivre le remake le 10 septembre prochain, avec une mobilisation immobile. Tous dans nos salons et les mômes au congélo !
Si ça n’est pas du vice, je ne sais pas ce qu’il faut pour dessiller nos mirettes !
Sous n'importe quelle apparence, un sournois reste ce qu’il est, un malveillant. 
Je songe à François B., Premier ministre, bien qu’il ne soit pas seul dans ce cas. Il est une sorte de criquet pèlerin. Il se décline sous deux formes : la phase solitaire et la grégaire. Cette dernière se révélant en cas de forte augmentation de la densité de congénères. 
Tel cet insecte vorace et destructeur, il agit en groupe et gobe notre sang pour nourrir ses tissus adipeux, préserver son statut et garnir ses avoirs financiers, rêvant de laisser trace dans les livres d’histoire.
Alors qu'on le décrit dans son milieu comme l’isolé de service, celui qui, par son vote, permet au pire d’advenir. C’est dans son insignifiance que réside sa force. En réalité, seul le parasite qui l'habite est isolé.
La fonction créant l'organe, dès que le nombre d'individus de son espèce augmente significativement, il sécrète de la sérotonine, un neurotransmetteur qui altère davantage ses facultés intellectuelles.
Le phénomène de masse contribuant, nous observons un tableau familier, alimenté par les nombreux conflits mondiaux, qui stimulent sa rhétorique et son positionnement opportuniste.
Monsieur de Bétharram est connu pour sa propension à la déloyauté. Parvenu à son niveau d'incompétence optimal, il n'hésite pas à nous imposer des restrictions dont il s'est lui-même dispensé par privilège. Une analyse psychique révélerait probablement des déviances importantes, ce qui l'exclurait d'emblée de toute épreuve évaluant son intégrité morale. Face à une telle situation, la science demeure impuissante. 
Ce représentant d'une meute hélas fort répandue atteint l'apogée en devenant le dirigeant principal d'un groupe d’individus corrompus. Son système fonctionne à plein régime afin d'épuiser nos ressources jusqu'à totale disparition.
Ce type de personnage n'envisage aucunement de se retirer de sa fonction, si vous pensez la chose possible. Quelle qu’en soit la pression, ce n’est que les pieds devant qu’il s’en ira. 
A l'instar des espèces à forte densité, lorsqu'il se déplace, l’homme obscurcit l’horizon. 

Sous l’Casque d’Erby 


samedi 9 août 2025

J’ai comme un doute


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« Je veux dire que celui qui sait toujours où il va n'arrive jamais nulle part et qu'on sait seulement ce qu'on veut dire une fois qu'on l'a dit. » 
À la vitesse de la lumière - Javier Cercas



De temps en temps, on prend une phrase en pleine figure. Une vraie. Une dure. Une de celle qui te fait tanguer. Qui s'engouffre comme houle déchaînée s’abattant sur le pont d’un rafiot. Qui résume le monde comme aucun livre. Pourquoi celle-là et pas une autre ? Ça me colle un doute. Je sens sa moiteur glissant sur ma peau comme une nappe de pétrole dandinant à la surface des océans.
Le doute est l'habit de lumière à l’ombre des certitudes. Sans lui, je me sens nu et bizarre. Mon cerveau prend froid. Puis, vient l’excès de gamberge. Ce tout et ce rien qui s’empare de mon tout, que je ne puis chasser sans me sentir inhabité.
Avez-vous déjà été saisis par une pensée vide ? C'est ça le doute. Un esprit à la recherche d’un crâne à pourvoir. Depuis le temps que je lui file des coups de pied. « Dégage ! », que je lui dis méchamment. « Fous-moi la paix ! »
Parfois, il fait mine de s'en aller. Pour le calmer, je lui parle avec douceur. Je m'en excuse presque. Mais, la bête est sournoise ! Quand elle vous tient, elle ne vous lâche plus. Après une bonne raclée et un bon paquet d'insultes, toute chiffonnée, je la vois s'éloigner. Je redeviens le maître des airs !
Je le vois s’éloignant, tête baissée, me tournant le dos, sinuant sur le sentier érodé par la culpabilité. Sa reptation me fait l’effet d’une morsure ! J'ai un peu les jetons. Voir le doute me quitter ainsi, sur un coup de tête, c'est stupide. Que vais-je devenir sans lui ? Je le rappelle !
Même s'il m'agace, on ne peut pas se quitter comme ça. Dans le doute, il est enrichissant d’avoir un doute. 
Je voltige d'une page à l'autre. Prudemment. Rien à voir avec la frénésie de l’addict, prenant pour argent comptant tout ce qu’on lui conte à longueur de pixels. J’y vais parcimonieusement, au rythme des floraisons saisonnières. Je joue à saute-mouton avec les mots. Je ne suis pas un vorace des syllabes ni un dévorateur de syntaxe. Je flâne avec bonhomie à la recherche des idées perdues. Dès lors que l'une s'agite et prend l’espace comme un origami emporté par la douceur de la brise, je suis un homme comblé.
J'ai une montre de gousset à l'arrêt. Les aiguilles se sont immobilisées à minuit pile. Je refuse de remonter le mécanisme. Minuit est une heure symbolique. Le point de bascule entre l’avant et l’après.
Un tour de curiosité sur les réseaux, ces annuaires des choses aussi graves que frivoles, alternant la poussière du temps au brouillard du néant avec une incroyable désinvolture. Ça erre dans l'agitation ou l'indolence. Le charter des bonnes et des moins bonnes destinations. La boîte à chaussures dans laquelle s'entassent factures, déclarations de revenus, taxes, impôts, état civil et, in fine, une vie entière. La vie dans une boite à chaussure !
Un défilé baroque. Un cortège bigarré de brèves tirant à hue et à dia, marchant vers un point aléatoire, mais inéluctable. Comme une utopie s'accroche à une suivante pour en saisir une nouvelle. Qu'est-ce qu'une utopie ?
Serait-ce ce panache de fumée auquel nous donnons un corps, une âme, une vie et une matérialité crédible ? À qui nous prêtons des sentiments qu’elle n’a sûrement pas, mais qui réchauffe les cœurs au cœur de l’hiver. Qui se dérobe sous nos pieds, sans crier gare, se dissipant dans le smog des fascinations fugitives.
Je sursaute. On frappe à la porte.
- Oui. Vous désirez ?
- Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis demain… Nous nous sommes déjà croisés à maintes et maintes reprises.
- Quand ? Où ?
- C'était demain !
- Déjà !


Sous l’Casque d’Erby