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Un
poème c'est une claque du vent
Et ça
te déconstruit et ta grammaire et ton vocabulaire
C'est
pas crac-boum-hue ni carabistouille non plus
mais
ça te chuinte d'entre les zoneilles
et
les zorteils pareil
et
d'entre ces zozos itou
Poème
grand
éclair vert dans un immense ciel bleu
éclair
du regard de l'enfant rieur qui fait
trou
dans ton blindage d'adulte coincé
absence
de merci de qui a reçu aumône bien-pensante
et
merci
incongru au flot qui emporte liasse de billets de banque
et
c'est
le
Michaux de « clown »
(fin
du poème) :
Je plongerai.
Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert
à tous
ouvert à moi-même à une nouvelle et incroyable rosée
à force d’être nul
et ras…
et risible…
Sans bourse dans l’infini-esprit sous-jacent ouvert
à tous
ouvert à moi-même à une nouvelle et incroyable rosée
à force d’être nul
et ras…
et risible…
*
Source |
ça
pèse sur l'inconscient formaté du citoyen-lambda
couvercle
vissé de cocotte-minute au feu
dont
le sifflet de soupape de sécurité
chante
sa plainte lorsque dedans ça bout...
c'est
le bleu blues du nègre esclave dans le champ de coton
c'est
le cri gris du coolie d'Inde et de Chine
c'est
le flamenco de libre Andalousie aussi
qui
est aussi flamenco d'Andalousie asservie
et
c'est
le Barcelone de 1936 : l'ordre anarchiste, à poursuivre.
-
Notes –
- le poème « clown » entier
- pour les plus patients, lire le
savant, beau et long commentaire (où l'on peut par exemple lire :
« Sa protase se déploie / où son apodose s'éteint »!) ici.
Sous l'casque d'Erby
Dans la même veine que Michaux? :
RépondreSupprimerDe Eugène Savitzkaya, auteur du roman « Fraudeur » (Minuit, 167 p., 14,50 euros) et du recueil de poèmes « À la cyprine » (Minuit, 96 p., 11,50 euros) , voilà d'abord une phrase puis un avis, pêché sur http://www.politis.fr/Eugene-Savitzkaya-L-origine-du,30294.html
« De porc à porcelaine, le fraudeur fou chemine autant dans le dictionnaire dont ses doigts rêches et gourds manipulent les pages que dans les prés à cochons de la Hesbaye ensoleillée… »
On peut entendre ainsi ce que recouvre le mot « fraudeur » : une figure strictement littéraire qui prend vie, se glisse dans la peau d’une personne, endosse l’existence du « fou » le temps du roman. C’est pourquoi la langue d’Eugène Savitzkaya apparaît aussi primitive, organique. Elle est un être de chair dont on sent battre le pouls, à fleur de peau. « La cyprine remonte au cerveau », lit-on dans le recueil de poèmes qui porte pour titre ce joli mot désignant les sécrétions vaginales dues à l’excitation sexuelle. C’est une juste métaphore de ce que produit cette œuvre sur le lecteur : un état de pure jouissance.
Le bonsoir caillardeuses gaillardes et gaillards caillardeux. De la poésie, crénom d'un bon diable ! Rémi tu as l'honneur du premier commentaire et c'est très bien. Et puisque le flamenco et l'Andalousie y sont abordés, je n'ai que ces modestes vers à proposer :
SupprimerFlamenco
Dans l'aigu
Ou dans le rauque
Le flamenco est une plainte
Qui se libère comme un roc
Blessé
Par de vieilles craintes
Frontière sans frontières
Il est la neige en feu
Sur les remparts
Ou à la lisière
Libre
Il se met aux aveux
Lorsque son cœur est à l'ubac
Son âme
Repose à l'adret
Un instant
Le fouet claque
Une lame se met à briller
Nuit et jour
La pierre des remords
Efface ses larmes
Nuit et jour
La pierre des remords
Allume son charme
Entre deux soupirs
Bien cambrés
Au bout d'une plaine
Desséchée
Une voix anonyme timbre
Un message d'éternité
Ton lien au-dessus en clair : Eugène Savitzkaya : L’origine du monde
La bonne soirée !
Merci de ton très beau poème Flamenco qui "claque" si fort qu'on croit entendre et les semelles des danseurs et la lame brillante... (je crois avoir déjà lu ce poème dans ton recueil d'il y a longtemps!)
RépondreSupprimerMerci du choix des illustrations et des liens, y compris celui du commentaire ci-dessus : j'ai découvert ce "fils de Michaux" (?) tout à l'heure, en attendant parution du billet !
"Clown" a été écrit en 1939, l'année terrible de la défaite de la Révolution d'Espagne... Michaux avait à peine 40 ans et moi à peine quelques mois... Il a beau être né au 19°siècle (1899) il est "poète du 21°siècle", à mon avis...
Salut les poètes ! Quant à Erby, il a le sens de la "mesure".
RépondreSupprimerTu m’étonnes !
SupprimerBonjour caillardeuses et caillardeux. Hommage à Eduardo Galeano, mort récemment : Les mots d’Eduardo Galeano déambulent dans les rues d’un continent. Plus un texte sur la Palestine publié en 2012 à Caracas. Mort également de Günter Grass qui pour son poème "Ce qui doit être dit" fut accusé d’antisémitisme et déclaré « persona non grata » en Israël. Günter, le poème et Israël
RépondreSupprimerLien vers le texte de Galeano sur la Palestine que j'ai oublié d'accrocher au wagon : Eduardo Galeano: « Peu de Palestine reste. Pas à pas, Israël l’efface de la carte »
SupprimerMerci pour le train de liens, dont dernier wagon accroché...
SupprimerHélas, il s'agit de morts, ceux-là poètes et célèbres...
Ces temps, les morts des boat-people en Méditerranée sont des centaines, d'inconnus, tous plus ou moins poètes, puisqu'à la recherche "déraisonnable" (dixit les cravatés de la Commission de Bruxelles) de vivre dignement...
Paix sur eux,
c'est à dire continuons à être déraisonnables, poètes et rebelles à la "bien-pensance" de la dictature du FRIC...
Je n'ai jamais compris comment on pouvait lire plus de trois ou quatre "vers" de Michaux sans éclater de rire. Mais bon : c'est chacun son goût, comme dirait l'autre. Y en a bien qui lisent Saint-John Perse, alors…
RépondreSupprimerLa bonne nouvelle, c'est que les rangs de la gauche antisémite se clairsèment sérieusement, ces temps derniers !
Salut tout le monde ! Merci pour ce moment de poésie ! Cela fait du bien à l'âme... surtout que l'actualité est toujours pourrie (j'ai parcourue quelques titres et j'ai déjà overdose...) Très beaux poèmes en partage :-)
RépondreSupprimerMerci de ta visite et de tes goûts pour la poésie !
SupprimerCher Rémichhhh vos mots savent servir la poésie
RépondreSupprimerLa poésie savent aussi servir vos mots
En tous les cas elle sert nos maux
Comme tous les arts servent la vie