Charlie, peut-être, mais arrêtez de nous prendre pour des charlots

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Sale temps pour qui pose des questions ou s'interroge. Pas facile de se dire libre, d'exercer un regard tatillon sur la méchante arnaque qu'on nous fourgue, sans être considéré comme dangereux psychotique cherchant à rompre la bonne harmonie « républicaine » que voilà, parce qu'exprimant un sentiment de méfiance à l'égard d'un pouvoir dont la vocation reste la manipulation des masses par la colonisation des esprits. 

Nous traversons une période de mer agitée à très forte et il est conseillé aux équipages de rester à quai, de se tenir tranquilles dans les bistrots de proximité dans les ports d'amarre, sirotant le pastaga ou le piot jusqu'à plus soif, attendant la levée des alertes. Tout contrevenant prenant le risque d'être enseveli par des lames scélérates. 

Pas question aujourd'hui, tout comme hier et avant-hier, aux belles heures des pages noires de notre monarchie cinquante-huitarde d'exprimer un doute sur les faits et les méfaits d'une institution guerrière, colonialiste, spéculatrice, revancharde et responsable de bien de crimes impunis, sans que la horde fanatisée de petits soldats surentraînés, militants de l'amalgame idéologique et du confort satisfait, ne se lève d'un bloc pour faire de votre vie un enfer, empêchant quiconque de pénétrer dans l'enclos où on les tient avec l'idée d'interrompre une ronde si bien menée... 

Je l'écris ponctuellement, je le répète : je ne suis pas Charlie-le-rossignol-enroué, pas plus que Bush-le-faucon, Sarko-les-casseroles, Mitterrandien, frontiste, islamiste, terroriste ou complotiste, ce que l'on cherche à faire de tous ceux qui posent des questions dérangeantes. Je ne suis pas davantage la chiffe trimballée d'officine en politburo, propriété d'une quelconque usine à plumes qu'on t'enfonce dans le croupion, t'obligeant à remercier son auteur par le biais d'un bristol. J'en ai assez des fausses extases et des vraies misères philosophiques ! Je refuse le statut de marionnette, de pantin, d'objet de consommation courante qu'on jette après usage, jusqu'à la prochaine sollicitation. Je veux, pour mon pays comme pour tous les autres, une politique conforme à l’Écriture, sans autre rature que celle d'une idée s'améliorant par la réflexion et la justice, et une humanité sans taches. 

Je veux être libre. Je veux être moi dans une vraie République et pas cette copie mal pixelisée dont on vend le remugle comme un parfum de luxe. Est-ce trop demander ? 

Étant donné que ce n'est pas pour cela qu'on m'invite ce dimanche à rejoindre les petits soldats de la république dans la rue, je resterai sagement chez moi à lire un bon livre.  Et pourquoi pas l'Erasme de Stefan Zweig... Ou son Romain Rolland.

Sur le sujet :
Je ne suis pas Charlie... 
Je suis Charlie, mais...

Sous l'casque d'Erby

Lettre de Charlie Hebdo

... à M. Mohammed Moussaoui, Président du C.F.C.M (Conseil Français du Culte Musulman)