*Éloge du Chaos... ou de la Révolution ?*
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Ce Printemps fut en partie inspiré par l'indignation arabe face à l'invasion d'Israël en Palestine, des USA en Irak, en plus des revendications locales de justice sociale et de liberté. Ce mouvement fit un temps trembler tous les régimes, du Maroc au Yémen et au delà (Turquie, Iran...). Surprenant, il sidéra USA, Europe et Israël... le temps d'organiser la confusion du tous contre tous, le chaos plutôt que la révolution sociale : but de la manipulation des « Fous de Dieu ». Ceux-là recrutent d'ex-activistes de ce Printemps Arabe, devenus amers, exaspérés du rétablissement de l'ordre par la corruption US du pouvoir militaire en Égypte. Ou par le maintien de la dictature corruptrice en Syrie, avec soutiens de la Russie et de l'Iran, malgré l'importance de la dissidence...
Le chaos plutôt que la révolution sociale a réussi en Libye (son riche dictateur en pétrodollar devenait trop mégalo anti dollar!) : il s'exporte en Irak-Syrie du nord où est le bastion kurde très original, potentiellement révolutionnaire. Où semer le chaos à l'aide de ce trublion peu contrôlable de pseudo État Islamique... Une stratégie US du n'importe quoi du moment que ça saigne (« faut qu'ça saigne » précise Boris Vian !)... pourvu que le spectre de la révolution sociale s'éloigne au lieu de menacer les champs de pétrole d'Arabie et le pouvoir du Kapital.
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La révolution sociale menace le capitalisme, là comme partout. Rien à faire : elle échoue là, renaît ailleurs, plus originale et audacieuse. Imprévisible. Rampante. Car nous sommes des hommes, vous des vautours, déshumanisés. Nous vaincrons.
Un algérien me confie sa fougue : « nous n'avons pu rejoindre le Printemps Arabe mais la prochaine vague révolutionnaire partira d'Algérie et ira beaucoup plus loin ». Puisse-t-il dire vrai !... En tout cas l'espoir est là, la cogitation avec. Ni islamisme, ni réformisme, là-bas. Ni libéralisme à la sauce sociale-démocrate ou à la sauce chrétienne-démocrate, ici... Ni à la sauce nationaliste. En Russie, Chine, Europe, Amérique du Nord et du Sud... en Afrique et ailleurs, les politiciens agitent leurs hochets nationalistes désuets : cela est dérisoire face à nos buts de liberté individuelle dans et par la justice sociale, locale et mondiale. Qui se prépare avec nos petits moyens locaux, partout : « Penser global, agir local »... et bien. Avec confiance en l'homme, en toute connaissance de ses faiblesses. Avec entre-aide mutuelle... et sans tuteur !
Le discrédit des partis politiques en tant que MACHINES à conquérir (ou garder) le pouvoir est immense partout. La démagogie tapageuse nationaliste d’extrême-droite en vit, facile, comme faune bactérienne foisonnante dans l’abcès purulent qu'est le pouvoir d'État, corrompu par le maître capitaliste. Rappel : les dictatures de Mussolini, Hitler ou Franco furent foncièrement pro-capitalistes, en dépit du slogan fasciste « à-bas-le-capital-cosmopolite-dirigé-par-les-youpins » et variantes.
*Éloge de la lenteur*
Note préliminaire - Sous ce titre, existe un livre d'un certain Carl Honoré. Mais il ne s'agit que d'un essai de bavard journaliste canadien, qui est très loin de ma perspective anticapitaliste, même si çà et là, nous disons la même chose. Je recommande plutôt la très revigorante lecture du récit d'un natif des îles Samoa de visite en Europe il y a un siècle et recueilli par l'ethnologue Erich Scheurman, paru sous le titre « Le Papalagui », éditions Pocket. Par ailleurs, je salue le joli choix du lent escargot pour emblème du mouvement dont l'audacieux journal mensuel est « La Décroissance », lancé par « Les casseurs de pub »...
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Nous voulons briser le système capitaliste vermoulu de ses incohérences et contradictions internes, blessé à mort et d'autant plus féroce. Face à ses armes démentielles, dont tant de corruptions, il n'est plus possible de l'affronter frontalement avec succès. Ce fut encore possible du temps de l'héroïque résistance vietnamienne, aboutissant à sa victoire à un prix effroyable... pour un piètre résultat puisque l'État du Vietnam est aujourd'hui, comme la Chine, retourné à la gestion capitaliste sous étiquette communiste maintenue, sans vergogne...
A défaut de l'affronter, il n'est pas facile mais fécond d'ignorer ce pouvoir d'État, de le contourner, bâtir localement nos zones de liberté. Courageusement, audacieusement le remplacer dans des niches locales judicieuses - et elles sont très nombreuses. Cela peut saper et enrayer l'emprise du maître capitaliste sur nos vies, dans nos têtes. S'en émanciper : « L'imagination au pouvoir » clame depuis 1968 un slogan moqueur de la stupidité du pouvoir d'État, face à l'inventivité de chaque pouvoir de chacun, ou de chaque groupe local autonome. Et ce slogan a certes une ironie plus féconde que toute démagogie, électorale entre autres. Là s'inventent doucement, gentiment, avec hédonisme ou au mieux, de nouveaux modes de vie, pas à pas : patiemment expérimentés un peu partout et en tout domaine, agricole ou citadin. Oui, patiemment, avec la lenteur qui sied à l'invention d'un avenir sûr... et d'un présent émancipateur du stress du « tout vitesse » - comme il y a les mythes du « tout confort, tout électrique, tout TGV, tout robotique... ».
Restent de sages dictons : « faut de tout pour faire un monde », « le monde ne s'est pas fait en un jour » (ni même en une semaine biblique !)... Or, l'humanité subit un cataclysme à vitesse de croissance exponentielle, celui du capitalisme. Né il y a moins de 6 siècles, ce qui est très peu dans la formation de l'humanité. Et encore de nos jours, il y a traces culturelles très vivantes de l'ère pré-capitaliste ici-même, en plus de sages connaissances que nous enseignent tant de populations encore peu touchées par le cataclysme. Qu'elles soient de peuples nomades ou sédentaires, mais habitants en zones montagnardes, désertiques, tropicales, glacées, d'îles du Pacifique... L'aspect, certes bien secondaire, mais positif de la « mondialisation » de notre présent est de fournir à quiconque de quoi réfléchir à nos situations de « civilisés » de zones tempérées, par rapport à ces prétendus « sauvages »... Sauf à être aliéné à 100% par le bourrage de crâne du système, ce qui reste rarissime, on est chacune et chacun plus ou moins inquiet du sort où nous entraîne le capitalisme, lui si sauvage. Faut-il, selon le capitalisme « mourir, survivre dans l'indigence, l'indignité ? Ou ne réussir qu'en écrasant le voisin » ?...« Mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente... » chante le poète Georges Brassens, beau spécimen du talent et de l'humour qui sommeille en chacun, d'une façon ou l'autre. Alors, lentement, gaiement... et entre nous, œuvrières et œuvriers de l'à-venir : CONFIANCE !...
A défaut de l'affronter, il n'est pas facile mais fécond d'ignorer ce pouvoir d'État, de le contourner, bâtir localement nos zones de liberté. Courageusement, audacieusement le remplacer dans des niches locales judicieuses - et elles sont très nombreuses. Cela peut saper et enrayer l'emprise du maître capitaliste sur nos vies, dans nos têtes. S'en émanciper : « L'imagination au pouvoir » clame depuis 1968 un slogan moqueur de la stupidité du pouvoir d'État, face à l'inventivité de chaque pouvoir de chacun, ou de chaque groupe local autonome. Et ce slogan a certes une ironie plus féconde que toute démagogie, électorale entre autres. Là s'inventent doucement, gentiment, avec hédonisme ou au mieux, de nouveaux modes de vie, pas à pas : patiemment expérimentés un peu partout et en tout domaine, agricole ou citadin. Oui, patiemment, avec la lenteur qui sied à l'invention d'un avenir sûr... et d'un présent émancipateur du stress du « tout vitesse » - comme il y a les mythes du « tout confort, tout électrique, tout TGV, tout robotique... ».
Restent de sages dictons : « faut de tout pour faire un monde », « le monde ne s'est pas fait en un jour » (ni même en une semaine biblique !)... Or, l'humanité subit un cataclysme à vitesse de croissance exponentielle, celui du capitalisme. Né il y a moins de 6 siècles, ce qui est très peu dans la formation de l'humanité. Et encore de nos jours, il y a traces culturelles très vivantes de l'ère pré-capitaliste ici-même, en plus de sages connaissances que nous enseignent tant de populations encore peu touchées par le cataclysme. Qu'elles soient de peuples nomades ou sédentaires, mais habitants en zones montagnardes, désertiques, tropicales, glacées, d'îles du Pacifique... L'aspect, certes bien secondaire, mais positif de la « mondialisation » de notre présent est de fournir à quiconque de quoi réfléchir à nos situations de « civilisés » de zones tempérées, par rapport à ces prétendus « sauvages »... Sauf à être aliéné à 100% par le bourrage de crâne du système, ce qui reste rarissime, on est chacune et chacun plus ou moins inquiet du sort où nous entraîne le capitalisme, lui si sauvage. Faut-il, selon le capitalisme « mourir, survivre dans l'indigence, l'indignité ? Ou ne réussir qu'en écrasant le voisin » ?...« Mourir pour des idées, d'accord mais de mort lente... » chante le poète Georges Brassens, beau spécimen du talent et de l'humour qui sommeille en chacun, d'une façon ou l'autre. Alors, lentement, gaiement... et entre nous, œuvrières et œuvriers de l'à-venir : CONFIANCE !...
*Éloge de l'étrange étranger*
MÉFIANCE ! nous bassinent les politiciens franchouillards, « les sauvages étrangers nous envahissent ! On n'est plus « cheu-nous » : Oui ?...
Bienvenue à toi, mon paisible frère !
Clovis fut le seul étranger qui entra ici par les armes pour fonder le royaume de France - mot dérivé de celui de son étrange peuplade germanique des Francs. Dont acte, comme l'exception confirme la règle. La règle est que nul n'entre en France que pacifiquement, ou bien il en sort...pas indemne. Cas des entêtés « Anglois » qui mirent des siècles à le comprendre, des « Sarrazins » nettement moins, des hordes d'Attila moins encore, cependant que les Vikings, eux, se francisèrent très vite en leur duché de Normandie. Quant à nos voisins germains (si cousins des Francs!), qu'ils soient Autrichiens, Prussiens ou Allemands de 14 puis nazis de 40, les pires, ils blessèrent certes durement la France, mais partirent. Ils sont désormais « nos meilleurs amis » (pour les partisans de ce gros truc puant de capitalisme, dénommé « Union Européenne »)...
Toujours est-il que désormais, ouf, nos paisibles voisins européens sont très nombreux à visiter la France en touristes. Certains s'y établissent même très durablement, parfois à en revitaliser des « trous perdus » au fin fond d'une campagne assez ingrate, dans le Massif Central par exemple...
Merci !
Bien plus important fut l'immigration d'européens lors de l'essor industriel de la France, en gros de 1860 à 1975. Ils vinrent par millions d'ouvrières et ouvriers, soit Polonais, Italiens, Belges, Espagnols, Portugais... voire Russes, Ukrainiens, Roumains ou Allemands... - ceux-là pour raisons politiques. Non sans mal, peu à peu, ils s'intégrèrent au peuple français, y apportant beaucoup de leurs cultures et de leurs gènes. Ainsi que bien des « gens-du-voyage »...
Progressivement, bien d'autres populations plus exotiques furent immigrées « des colonies » pour faire tourner chantiers, usines, etc.. L'une des premières, sans doute, fut cette « importation » forcée de paysans d'ex-Indochine pour créer le célèbre riz de Camargue : vos humbles talents, amis prolétaires, ont beaucoup, beaucoup fait le capitalisme français. Vos descendants sont bien autant Français, en droit, que ceux des Polonais, etc. (ou ceux des Bretons, etc.) ! Mais non : vous êtes trop voyants, exotiques, voire « musulmans », oh, scandale !
Le récent film « Indigènes » décrit avec tact la tragique épopée de tirailleurs algériens, débarqués en Provence en 1944 et faisant dure campagne jusqu'en Alsace. Mais que de silences honteux sur l'énorme rôle, dès 1914, des troupes coloniales au secours de « la mère patrie », l'amère métropole si ingrate !
Il y a pire : Nos politiciens ont toujours du mal à admettre la décolonisation. Ils ont compensé « leur perte » de l'Algérie par la « FrançAfrique », leur France-à-fric. Et lèvent les bras au ciel devant la misère qui pousse en France tant de citoyens francophones d'ex-colonies pillées par le système colonial et néo-colonial. Et le racisme anti-arabe s'en mêle, entretenu par leur amertume de l'indépendance arrachée par la guerre de Libération Nationale en Algérie.
Les récents et actuels chaos au Moyen-Orient entraînent désormais d'autres énormes et terribles exils vers l'Europe. Derrière les scandales de Lampedusa ou Calais, se dévoile la cruauté de l'Europe-des-riches, toute la nocivité d'un bon siècle de capitalisme à l’assaut des « fabuleuses richesses de l'Orient », amplifié du fabuleux pétrole du Golfe et du sinistre rêve sioniste devenu le guerrier Israël. Les palestiniens dirent bienvenue-mon-frère aux premiers humbles pionniers juifs. Trahis les uns et les autres par Israël-capitaliste. Je dis bienvenue-mon-frère à toute victime de la démence du capitalisme, souvent guerrière, toujours féroce. Et que vive tout pays ouvert au monde, à bâtir entre frères pacifiques, tant en Palestine qu'en France que partout !
Sous l'casque d'Erby
Ce billet est en fait "une page arrachée" (provisoire) à mon chantier d'écriture sur le thème "Œuvrières & Œuvriers" ...
RépondreSupprimerDans ce chapitre, figurent aussi 3 autres thèmes, sous les titres "Éloge du surhomme ou de la révolution?", "Éloge de la folie douce" (au début) et, en finale, "Éloge de la marge" que je vous ai épargné : c'est au moins aussi long !
Et ce chapitre n'est que le "hors-d'œuvre" du festin prévu par le menu des bâtisseurs d'avenir!
Merci lediazec d'avoir mis cela en page, bien et vite.
J'avais choisi le dessin de l'escargot parachutiste (!) de paix débarquant en plein Gaza ou Kobané bombardé, semble-t-il... sauf qu'il s'agit, virtuellement, de la France (cf.UMP ou la rose du PS dans la foule)! : un résumé de l'utopie créatrice d'à venir, dans le merdier du capitalisme cruel. Finalement, est publiée la page entière du mensuel "La décroissance", bon ! Cela fait "une pub gratuite" pour ces "casseurs de pub", j'espère qu'ils vont apprécier...
Cher Rémi, tes mots toujours aussi éclairés et sages ! Pour ma part, je ne qualifierais pas le capitalisme de "sauvage" mais de "barbare" ! :-)
RépondreSupprimerD'ailleurs, peut-être, pourrais-tu faire un éloge du sauvage ?
Très bonne journée à toutes et tous !
Bonjour les caillasseux. Temps chauds.
RépondreSupprimerJe retiens de cette page, "arrachée" à d'autres, son humanisme, comme toujours chez Rémi, sa volonté à dénoncer la barbarie capitaliste et à proposer un éveil qui tarde à s'ouvrir un chemin dans les esprits et dont nous en avons fortement besoin si nous voulons construire un avenir honorable à nos descendants... Je retiens aussi et particulièrement le mélange, et donc la richesse apportée par "l'étrange étranger" dans la construction et la culture des pays, quels qu'ils soient. Sans cette graine, poussée par le sort jusque dans nos sols, que serions-nous, sinon une terre inhospitalière gangrenée par la consanguinité ?...
En ce qui concerne la Sociale, je ne vois dans l'immense Chaos du présent aucun signe annonciateur, sauf peut-être dans l'esprit de quelques individualités... Quand le geste quotidien est à la survie, il ne reste hélas que peu de place malheureusement pour songer à autre chose que sauver sa peau...
MERCI !
Supprimer~Quand le geste quotidien est à la survie, il ne reste hélas que peu de place malheureusement pour songer à autre chose que sauver sa peau...~
Qui ne tentes rien ..
http://lesbrindherbes.org/2014/10/29/urgent-brindhermissime/
jp31
Merci à toi JP31. C'est exactement ce que nous tentons de faire, contre vents et marées, mais Diable, que la chose est compliquée !
SupprimerLien direct. On se dépêche d'aller le découvrir et plus et plus : URGENT ! Annonce BRINDHERMISSIME ! Fraternellement
"un éveil qui tarde à s'ouvrir" écris-tu dans ton commentaire... Hé bien voilà la citation qui préside en tête de mon chantier d'écriture de cet essai :
Supprimer“Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître, et dans ce clair-obscur surgissent les monstres”
Antonio Gramsci
Concernant l'appel URGENT relayé par JP31, je ne peux, comme toi, lediazec, que souhaiter "bon courage" à ce couple, mais j'avoue ne pas avoir osé le leur écrire : ils attendent du concret...
Bravo pour ton optimisme mon Rémichhhh !
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