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A Cannes le futile est à l'ordre du jour. Ponctuel au rendez-vous du délire mégalo et de l'indécence, aujourd'hui on ouvre les vannes. Dès ce soir le festival s'étale sans complexe ni état d'âme. Ouvrons les fenêtres, on étouffe ! Comment se donner de l'air quand on est enfermé dans un caisson à des profondeurs sous-marines fantastiques ?...
Ouvrez, au hasard, un journal, digital ou papelard, le brouillage est à son comble, autant que nos nerfs : le tout strass et le tout paillettes mènent la danse. Sauf sortie de piste inopinée, ce qui est tout à fait exclu dans la mise en scène, on se les gèle sévère sous une pluie de bombes, comme si les morts attendaient la fin de la séquence pour se relever et aller toucher leur cachet chez le producteur.
Les acteurs sont priés de changer de trottoir, mais on ne quitte pas le plateau. Sauf le décor, c'est un autre film qu'on tourne, qui ressemble au précédent et sans doute au suivant. Réjouissant, scénario et dialogues sont identiques, c'est du cinéma pour de vrai dans la fausse vie, ou la vie fausse dans le vrai cinéma, tout est question de perspective.
Le succès retentissant de la femme au bouc à l'Eurovision n'a pas éveillé en moi la moindre curiosité sexuelle. Sinon l'idée que ce manque cruel de rasoir, au lieu de desservir l'artiste l'a aidé à travestir la réalité pour nous la rendre aussi vraie que nature. Ce qui a eu pour effet d'en troubler plus d'un...
Le feu, le sang, le crime, la misère, les révoltes, le mensonge économique et politique sur fond de divertissement, c'est du viol et cela n'est pas du cinéma. Mais on s'amuse comme on peut, n'est-ce pas ? Charly Oleg est de toutes les noces ! Un gars formidable, Charly Oleg. Avec lui, pas de problèmes, le goujon est une espèce de poisson à plumes qu'on chasse sous emballage dans le rayon armes à feux et l'oiseau de paradis un coq de bruyère qu'on se farcit en salade après la traditionnelle battue au sanglier.
Au Festival de Cannes de la vraie vie, si tout n'est pas possible, tout est vraisemblable, vérifiable, invivable et mortifère. Un vrai miracle, la vie !
Sous l'casque d'Erby
Et au milieu de ce cloaque, une Canne se dandine sous le soleil des sunlights, pendant que les eaux de Lampedusa charrient des morts, que des bouchers à la mode S.A. ou leurs copains causant Globish usent du lance-flamme, que des bourgeois de Caracas font feu sur des policiers, que le Quai d'Orsay s'avilit de jour en jour, que les vilains petits drones des joueurs ricains continuent à massacrer de vrais enfants quelque part au Pakistan, mais aussi que le ciel bleu s'éclaire pour tout le monde.
RépondreSupprimerBonjour les caillasseux. Temps glorifiants !
RépondreSupprimerA nous les canettes d’art du supra- marché !
RépondreSupprimerLes affaires sont les affaires : Ukraine: ça y est, les Etats-Unis ont commencé à y « faire leurs courses »…
RépondreSupprimerFesse-t-il Valls, des connes !?....
RépondreSupprimer"Peoplelisation du vide pour canaliser les frustrations collectives."
RépondreSupprimerJoli coup ! ....
RépondreSupprimer"Comment se donner de l'air quand on est enfermé dans un caisson à des profondeurs sous-marines fantastiques ?... "
Ben ! ... aveé la techenique, ct'idée !... Air conditionné, mon cher ! Gaz à tous les étages ... si ! si ! le luxe .. le progrès, quoi, comme si nous y étions ... Et même que plus on y croit, plus on s'habitue à respirer l'irrespirable, puisque c'est LE progrès ! On nous l'dit ! On nous l'répète ! On nous l'chante, même ...
J'avoue que j'ai hésité avec la femme à barbe. J'me suis dit : allons ! tu vas passer pour un réac !... c'est l'progrès !
Eh ben ! merci, donc, de t'avancer à ma place !...
C'est vrai que tout ça pue : on fait mariner les pauvres dans la suce "travail ! famille ! patrie !" pendant des décennies. On leur chante sur tous les tons : les" valeurs", etc ! ... et puis, brusquement, on vient les agresser chez eux avec des trucs qui, il y a à peine une vingtaine d'années auraient suscité sinon le dégoût, du moins l'hilarité que provoque la vision de monstruosité qu'avant on se déplaçait pour les voir dans les baraques foraines. Aujourd'hui, on leur dit c'est çela qui est admirable et mérite vos applaudissements et vos suffrages. Et si vous n'en êtes pas, c'est que vous n'êtes que des ringards, bons à jeter aux orties. En d'autres termes, une véritable agression ... Ben ! oui ! les pauvres ! Vous êtes définitivement des cons, pour tous ces gens qui s'amusent, ou, plus exactement, qui font semblant de s'amuser, puisqu'on leur a dit que c'était la fête, que c'était la liberté, que c'était, allez, un gros mot ! : les "années folles" ... Alors ils jouent aux "années folles ", Mais alors que celles-ci sortaient d'une guerre, rien de tel, aujourd'hui ! juste une parodie, juste un film, pour tournebouler la tête des pauvres qui se demandent où ils zombitent.
Entendu à la radio, dans la journée, la voix déjà antique de Renoir (le fils) ) évoquant son cher "cinématographe". Et surtout son inventeur Mélies, qui (citation de mémoire) "a sorti la lanterne magique de l'attraction de foire pour en faire un ART nouveau"... : cela ressemble à ton allusion, Pim, sur les "baraques foraines" ci-dessus...
RépondreSupprimerCet "art nouveau" est devenu - bien avant Cannes - un very-big-business, tolérant parfois des artistes assez singuliers pour enrayer la big-machine à décerveler (cf. le génial Charlie Chaplin qui a parfois financé seul certain film, dont je crois "le dictateur", cf.Tati, Godard...)
Et tu le sais bien, Martine, c'est un phénomène ultra-vicieux qui vise toute liberté d'artiste : c'est le capitalisme. Ouais m'dam Michu... y a plus qu'elle (et m'sieu Michu) qui l'ignore !