mercredi 9 octobre 2013

Nous ne serons pas tous surhumains

Sur humanité                       
   
L’être humain tente de s’arracher de l'image qu’il redoute plus que tout, l’animal ... Il tente de prouver qu’il n’est pas aussi « bête »… Il a usé de stratégies diverses pour se mettre à l’abri de toute ressemblance : Dieu, la science, la technologie, le progrès.... Le « petit animal » lutte inlassablement. Ne pas laisser ses passions régenter ses vilains sens. Il est angoissé par ses pulsions, ses instincts, ses intuitions, ces rêves, ses désirs, son imaginaire et ses créations. Il doit maitriser la bête.
Il a un foutu besoin de s'entourer de spécialistes et de chefs pour l’aider à se canaliser. Aussi se sent-il misérable de constater l'échec comme le prouve Kant, "nous restons inlassablement, naturellement humains". Quand on se lâche c'est du concentré. Rousseau disait que le progrès était dangereux pour la nature et n’apporterait que luxe, vanité... domination et guerre. Pour rassurer sa conscience, il veut se prouver qu’il est le plus fort, sa domination le rassure. Il canalise la nature, la plie, la broie, la met à ses pieds. Nous nous sommes, puisqu'on est bêtes, infligés le même traitement,  nous laissant bizarrement l’illusion de valeurs imaginaires en brisant tous nos vilains sens, comme les pieds des geishas, atrophiés, dénaturés...Nous sommes schizophrènes et nous allons tout droit à notre extermination en faisant semblant de ne pas le voir. Aujourd’hui, nous avons pris plus de contrôle encore,  modifier l’Homme, assouvir notre  beau fantasme : être un surhomme...


L’armée serait le premier moteur de l’avancée robotique. L’humain augmenté est la pointe de cette quête névrotique. Le naturel devient l' handicapé au yeux des fans de ses nouveaux exploits.
Bientôt Google et des logiciels en implant dans le cerveau : augmentation de la mémoire, vue, ouïe, force. Les trans-humains de tous les pays travaillent pour la Nasa dans la Silicon Valley. Ils préparent l’évolution des plus riches et des élites de la planète pour les transformer en surhumains qui ne vieilliront plus. L’eugénisme des années trente est de nouveau en place, mais de façon différente : d’un coté les riches augmentés et de l’autre la masse de pauvres qui n’en finit pas de crever, esclave, servante des surhumains. Ces découvertes aident considérablement ceux qui nous manipulent déjà.
Si aujourd’hui on accepte les choses affreuses qui se passent sur cette terre, guerres pour les sols, Fukushima, gaz de schiste, extermination du vivant, pollutions diverses qui auraient été inconcevables avant, c’est que les gens  deviennent de moins en moins attentifs à leurs sens d'instinct de survie. Il n'ont plus beaucoup de temps pour se poser les bonnes questions.
Plus on avance dans la recherche sur le cerveau et plus on se rend compte que c’est la part irrationnelle qui nous dirige tout entier. Le pilote dans l’avion n’est certainement pas notre raison, mais belle et bien la part inconsciente qui gouverne toute la mécanique. Nos décisions sont prises 7 à 10 secondes avant que notre raison décide. Nous vivons dans un rêve bleu  prétentieux.
Notre boite crânienne n’a pas d’ouverture. Les informations ne peuvent passer que par nos sens. La raison consciente nous fatigue. Seul l'inconscient nous fait vivre. Notre raison n’a pas beaucoup d'influence sur ce que nous sommes et ce que nous faisons. L’Intuition fait référence à nos sentiments. Cette sensation subjective est essentielle à nos décisions. Nous sommes captifs et prisonniers des images affreuses qui éveillent nos pulsions animales.


 La créativité ne peut être qu’un acte de rébellion contraire aux règles préétablies. Pour être inventif, il faut être subversif : un sujet conditionné , conforme, est un sujet vidé de ses atouts. L’atout réside dans la liberté d’exploiter ses sens. Ouvrons les yeux et les oreilles : touchons, sentons, écoutons nos intuitions subjectives. Fermons la porte aux pubs, leurres en tout genres, qui nous gavent le stimulus Ayons confiance, nous avons tellement d'atouts inexploités. Soyons attentifs et surtout libres de ressentir, d’être un bel humain heureux… de vivre. Pas ce maillon faible qu'il faudrait augmenter que l'on veut nous planter dans la tête. Nous le valons bien...Laissons nos enfants développer et approfondir leurs sens. Au collège, les consignes sont données, les enfants ne doivent plus peindre et dessiner en art plastique...
Bientôt en maternelle ?...
Le paradis est sous nos pieds. Il n'a pas de prix, luttons pour nous et pour le vie.



Sous l'casque d'Erby


13 commentaires:

  1. Bonjour les gens. Temps de réchauffement sous l'casque !
    La question (fondamentale) était et demeure : Végéter comme un légume à l'état de soumis ou se hisser à la hauteur exacte de l'homme libre ?...
    Cet excellent papier pose la question de manière vigoureuse en dénonçant avec pertinence ce qui se trame dans les laboratoires de la manipulation des esprits pour que perdure un état profitable à la minorité des puissants... Se défaire des coups de butoir de cette engeance relève d'un chantier gigantesque... Ne pas baisser les bras cependant est le moins qu'on puisse faire : Sur-hommes contre sous-hommes le combat s'annonce inégal !
    Excellent Erby !

    RépondreSupprimer
  2. J'ai écris ce texte il y a plus d'un an. Je l'ai retravaillé heureusement. Voici la vidéo qui m'a donné l'idée de le remettre.
    https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=OEWOESrZDwQ

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Vidéo de Martine en direct. Superbes illustrations, qui, elles, sont tout à fait nouvelles.
      ARTE - Un monde sans humains

      Supprimer
  3. (zut, un bug, et je dois tout retaper)
    Un humain est fondamentalement a-logique. Certains veulent expliquer leurs actes en faisant intervenir des raisonnements logiques, ce qui bien entendu est stupide. C'est vouloir rabaisser ce qui différencie nos congénères des animaux, en le ramenant à quelque chose de prévisible. L'art n'est pas prévisible, ou ce n'est plus de l'art. Il y a quelque chose de fondamental (je ne sais plus qui avait dit cela) : entre l'abeille la plus habile à bâtir sa ruche, et le maçon le plus maladroit, le maçon, lui, a d'abord la maison dans sa tête.

    Les maîtres de ce monde font tout ce qu'ils peuvent pour régresser. Ils n'empêcheront pas une chose : mille soldats peuvent accomplir exactement ce qui leur a été commandé, quelque part un "général en chef" aura imaginé ce qu'ils font même si cela paraît stupide, dangereux, contre nature, a-logique. Et le trader le plus crétin (pourtant la compétition est dure) aura élaboré une stratégie qu'un ordinateur même le plus sophistiqué ne pourra pas initier. Et ce, même si l'ordinateur, ensuite, pourra continuer l'effort de l'homme.

    Je repense à la démarche inverse, c'est Isaac Asimov qui l'avait imaginée. Dans la nouvelle "L'homme bicentenaire" il met en scène un robot qui, à la suite d'un bug de construction, est capable de créer des œuvres d'art. De fil en aiguille, ce robot de plus en plus humain en finit par demander à son propriétaire (un descendant de celui qui l'avait acheté) de le libérer, afin de pouvoir mourir comme un homme qu'il est effectivement devenu.

    RépondreSupprimer
  4. C'est incroyable comme l'être humain n'arrive pas à se faire confiance. Nous n'avons même pas atteint les dix pour cent de nos capacitée et déjà on cherche à s'augmenter avec des machines. La machine n'arrivera jamais à rêver. Comme toujours nous ne voulons pas prendre cette capacitée en compte. Nous empêchons notre cerveau d'apprehender l'imaginaire dès les petites classes. Nous obligeons les enfants à quitter ce qu'il font le mieux pour se dévelloper imaginer, créer.

    RépondreSupprimer
  5. Très beau et important billet, Martine : merci !
    Je suis en train de restaurer un très beau texte, déjà ancien (1984) de Jean Firmann (Genève) mais qui reste d'actualité tragique : il recoupe en partie les idées de ton billet (et celles du commentaire précédent de Babel). J'ai l'intention, lorsque j'aurai l'image de l'affiche, de l'envoyer au blog de "Cailloux..." : vous déciderez de l'opportunité de le publier ou pas...
    Je ne sais plus a dit (c'est repris dans une chanson de Brassens?) "le poète a toujours raison". Il est du moins toujours en avance sur son temps. Et c'est tout simplement parce que, artiste, il met sa raison-raisonnante loin derrière sa sensibilité, ses sentiments, sa fulgurance...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Nous sommes preneur pour un texte de Jean Firmann !

      Supprimer
    2. Faudra que m'explique ta dernière phrase un de ces quatre mon Rémichhhh

      Supprimer
  6. "le poète a toujours raison", c'est Jean Ferrat parlant d'Aragon. Et pour avoir raison, il faut faire passer sa... raison derrière son côté artiste. C'est ce qui lui permet de s'envoler, donc de voir plus loin, quitte à ce que les détails deviennent un peu moins distincts.

    "Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ;
    Mon aile me soulève au souffle du printemps.
    Le vent va m'emporter ; je vais quitter la terre.
    Une larme de toi ! Dieu m'écoute ; il est temps."
    Alfred de Musset

    RépondreSupprimer
  7. Merci Babel de combler mon trou de mémoire (Ferrat/Aragon) et de répondre à ma place à la question de Martine.
    La quelle ne manque pas de fulgurances dans ses toiles... ce qui est le meilleur de ce que donne l’œuvre d'un(e) artiste à son public, plus important, ô combien que les bla-bla de rationalistes obtus !

    RépondreSupprimer
  8. Merci Rémich et Babel pour vos explications

    RépondreSupprimer
  9. Je suis sur le cul!...Très rapidement ceci :
    1 - l'absence de visiteurs à mon expo m'a permis de réparer l'absence de son à mon haut-parleur (fil paumé mal branché)
    2 - j'ai ainsi "plongé" dans l'excellentisciste film d'Arte...
    3- j'ai été (aux 3/4 de la video) interrompu par une (re)visite d'un voisin, pour compléter son achat d'une photo bradée. Ok Merci... mais une heure de bla-bla de ce "marsupilami" (son surnom d'entre poivrots du bistrot voisin)
    4- j'ai réussi - pas tout de suite! - à me "replonger" dans la video : et cette fin est TRES importante : LUTTER... contre ces "libertariens" de la Silicon Vallée, qui rêvent de transhumains, etc. sans JAMAIS prendre conscience que tout leur système hyper-capitaliste ne repose QUE sur les sous-hommes : Très vite m'est revenu ma bouleversante lecture de "CONGO", qui m'a inspiré un grand chapitre intitulé "Le trou du cul du monde" dans mon essai sur l'Utopie et l'Anarchie. Ce Congo qui fournit des minerais rares pour toute l'électronique...

    Bref, quand et si je peux ou pourrais, je développerai ces 4 points dans une 1° contribution au blog des déjà chers "cailloux..." à qui je souhaite longue vie, FERTILE !

    RépondreSupprimer