Erby |
A l’occasion
de manifestations publiques, pour l’abrogation de la Loi travail, contre l’extraction
de sable en baie de Lannion, contre les Tafta, par solidarité avec un syndicaliste
éborgné par un tir de lacrymo, ou contre n’importe quelle saloperie commise par
l’Etat, il m’arrive d’observer des militants socialistes de ma connaissance rasant
les murs pour s’éloigner vite fait de ce nid de complotistes qui perturbe l’ordre public, mettant en évidence une
culpabilité sous-jacente.
Essayons
de comprendre ces humains blessés. Ils ont peur. Peur de quoi ? Je me le
demande en leur faisant un petit signe de la main. En réalité, je crois qu’ils
ont honte, les militants de la rose. On ne les voit plus dans la rue, comme du
temps où Sarko était aux commandes, s’amusant comme des fous à expédier des
missiles contre El Lider Minimo,
criant à tue-tête : « le
changement c’est maintenant ! ».
Désormais,
on dirait des fantômes. Ils ont peur et honte de devoir admettre que leur vie
durant ils ont œuvré pour un changement de société et se retrouvent à devoir valider
une politique de renoncement et à justifier des actes sans rapport avec l’idéal
qui a donné sens à leur vie. Pas de quoi pavoiser, en effet.
Loin
de moi l’idée d’en faire hâtivement des fachos potentiels en 23 points ! Ou de
fabriquer du faux complotistes en 3 petits points, comme on tire le portrait
d’identité dans le Photomaton, prenant grossièrement l’arbre pour la forêt !
Ils sont des hommes et des femmes ayant à supporter quotidiennement sarcasmes et
quolibets de la part d’un entourage de plus en plus hostile au gouvernement qu’ils
soutiennent et cela mérite au moins un geste de fraternité.
Avons-nous
seulement idée du déchirement et de la détresse que ces milliers d'humains éprouvent
devant ces chefs qu’ils ont porté au pouvoir et qui déshonorent l’engagement militant
de tout une vie ? Imaginez-vous seulement la misère morale de ces militants désœuvrés voulant une chose et devant en accomplir l’exact contraire parce
que c’est ainsi que leurs chefs l’ont décidé ?
Avons-nous
songé au ravage d’une telle abdication chez quelqu’un de foncièrement honnête ? Aidons
ces sœurs et ces frères dans la détresse et l’auto-fustigation à retrouver la verticalité.
Évitons-leurs la démarche pénible de l’analyse freudienne, inutile et coûteuse,
alors qu’il suffit de leur tendre une main fraternelle, les invitant à
rejoindre la réalité et la chaleur humaine de la rue comme aux premiers temps de leur engagement politique. Difficile peut-être mais point
infaisable, bien qu’une telle remise en cause mette à mal l’édifice des
croyances patiemment bâti tout au long d’un parcours militant riche en émotion...
Socialistes
humiliés n’ayez pas honte de reconnaître que vous avez été floués. Tournez le
dos à ces chefs qui vous ont sciemment manipulé pour satisfaire une ambition personnelle et les avantages que celle-ci génère ! Faites comme cette
frangine qui à force d’avaler du frelaté a fini par exploser dans une très
belle lettre où elle dit tout sur l’usine à gaz qu’elle trimbale dans ses
tripes depuis des années, se débarrassant avec courage et lucidité du sentiment
de culpabilité qui l’empêchait de prendre une décision irrévocable. Lisez-la, elle vaut
le détour.
Extrait :
« Cher Parti Socialiste, je ne voterai plus
pour toi.
Pendant longtemps, j’ai beaucoup cru en toi,
comme ma grand-mère et mon père, on était fier de dire « Dans la famille, on
vote socialiste depuis trois générations ». Je revois mon père me parler
de l’arrivée de Mitterrand et des fêtes autour du bicentenaire de la Révolution
française. Je me souviens de mon père me racontant pourquoi je devais voter
socialiste, même si il m’a toujours laissée faire ce qui me plaisait.
Moi, j’étais une fille PS, une fille de gauche,
une fille de la gauche réformiste, une fille du compromis. Celle qui pense que
l’humain est plus important que les profits, mais qu’il ne faut pas non plus
renoncer à l’économie. J’étais ce genre de fille qui se battait pour ses
convictions, j’aurais pu prendre ma carte au PS, si je n’avais pas rencontré
des militants un peu concons trop proche de toi. Je n’ai jamais été adhérente,
mais j’étais fidèle, comme on peut être fidèle à un parti politique. Avec des
contrariétés, avec de l’euphorie et avec beaucoup de gesticulations... »
Sous l'casque d'Erby
Bonjour aux caillouteuses et aux caillouteux. Eh, non, la vie n'est pas aussi simple qu'on le croit...
RépondreSupprimerLa bonne journée.
Dans mon bled dirigé depuis des décennies par PS+PC+Verts, je ne croise plus de "militant-de-base" PS, même rasant les murs... à une execption près : c'est 'POPOL", célèbre idiot-du-village qui fait le contraire du rasage de mur : poignée de main+sourire-inaltérable quoiqu'on luis dise !.........
RépondreSupprimerRem*
Salut les bidules - oui, c'est encore bab, ces temps-ci je suis beaucoup sur le blog 44contrelinky, ras le bol de fermer le butineur pour le rouvrir aussitôt. J'ai d'ailleurs eu les félicitations d'Annie Lobé, professionnelle sans reproche, pour notre action locale 44contrelinky .
RépondreSupprimerJe pense que les militants PS sont soumis à rude épreuve (pensée émue à Françoise, que nous n'avons côtoyée qu'une fois). Combien résisteront ? Il en existe, j'en ai rencontrés récemment. De quoi rêver. Cauchemarder, plutôt. Le regard fixé sur un avenir qu'eux seuls voient, ils ne remarquent rien à droite, à gauche, devant, derrière. Des zombies, en somme.
Incidemment, mon fils fonctionnaire confirmé envisage très sérieusement d'aller ailleurs que dans le mur... cela veut dire quelque chose, non ?
Il ne doit plus rester beaucoup de "simples" militants PS grâce à Hollande, Valls et la bande...
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