68 - ART

Oui « j'ai fait Mai 68 », anonymement comme presque tous. Et déjà plus âgé que les quelques « vedettes dont on parle encore »... Sur ce blog qui ose passer du brouillard au brouill 'Art, j'ose passer du soixante-huitard au 68-Art, même si cette notion n'est évoquée qu'à la fin du billet !  Rém*

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Il n'y a pour moi QUE 46 ans que se déroulaient les « événements de Mai 68 » dixit l'officielle doxa qui osa qualifier, bien pire, de simples « événements » la si terrible Guerre d'Algérie (54-62)...

Les fantômes de ces deux « événements » français du xx°siècle, si dissemblables, hantent encore notre présent et notre avenir : le racisme et le conformisme sont omniprésents... sinon vainqueurs !

Non, je ne suis pas qu'« Ancien Combattant » (AC) de ces deux épisodes si historiques de notre société vermoulue, mais j'en suis marqué. La 1° fois (59-62) très à contre-cœur et bien moins que beaucoup de mes contemporains. Mais sans avoir droit à la (minable!) retraite d'AC je suis membre de l'Association 4acg de ces anciens appelés en Algérie Contre la Guerre... les deux mots importants. La seconde fois ce fut de tout cœur : l'AC de mai-68 ne regrette pas ses jets de cailloux dans le brouillard des lacrymos... Et beaucoup d'anciens appelés, surtout ouvriers, purent comme moi se « défouler » à prêter main-forte (au moins) à la révolte étudiante (de 5 à 10 ans nos cadets). J'étais alors « établi » mais dans le sens inverse de ce que les maoïstes prêchaient : passer du statut d'étudiant-fils-de-bourge à celui d'ouvrier-fils-du-peuple... Car j'étais victime (pour la 1°fois et dixit déjà Big Brother en novlang) d'un « plan social ». Et, non-bachelier, pu réussir un examen d'établi à l'Université, plus une bourse (d'un demi-salaire d'ouvrier). Mes études d'alors ? L'UNEF et Mai 68 !

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Oui, d'anciens dirigeants de Mai 68 sont passés, comme le dit Hocquengem, du col Mao au Rotary, dont de trop bavards « philosophes-politiciens-businessmen » etc. Trop indignes pour être cités...

Oui, certaines « troupes du pavé » ont silencieusement rejoint CGT, PC - victimes de propagandes...

Oui, avec bien des aléas, bien d'autres ont essaimé dans X ou Y comités de base, mouvements contestataires, retours à la terre nourricière. Ont tenté de transmettre leurs valeurs aux descendants...

Oui, surtout, les chocs de Mai 68 ont fécondé souterrainement un grand renouveau des mœurs, TOUJOURS d'actualité : Féminisme, Écologisme, Mondialisme, Anarchisme... Mais halte aux « ismes » : oui à la décroissance, le local, l'humilité, l'audace et l'espoir !: voilà le legs de Mai-68...

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Les pouvoirs politiques et économiques continuent de bafouer et nier Mai 68, comme le programme du CNR de 44, avant. Ou, depuis, tant et tant de fragiles victoires de nos luttes sociales. L'essentiel, disent-ils, reste les « vraies révolutions » qui, depuis ces 46 ans, ont bouleversé le monde entier. Pour aller très vite, l'Électronique, etc. : des révolutions technologiques immenses, certes. Mais qui n'ont fait que conforter ces pouvoirs et l'inégalité sociale à l'échelle mondiale !

Même à gauche ou à l'extrême-gauche, il est courant et facile de calomnier hâtivement Mai 68, « au nom de la classe ouvrière » ou pire « au nom de la stratégie bien comprise de la révolution internationale », blablas de politicards ou de plumitifs auto-proclamés théoriciens. S'il est exact que les étudiants d'alors étaient presque tous d'origine petite-bourgeoise (cf. « les Héritiers », de Bourdieu), il est non moins exact que beaucoup d'entre eux osèrent renier, soit un temps soit définitivement cette origine. Exact aussi que beaucoup d'ouvriers, surtout jeunes (dont d'anciens d'Algérie) rejoignirent le mouvement. Le « mouvement de la jeunesse » est une réalité inter-classe très vivante, avec toutes ses audaces, romantiques ou pas, sans prétention au pouvoir. Temporaire par essence, encore que bien plus féconde que des pseudos Partis prétendants au pouvoir ou le garder. Lesquels prennent soin d'encadrer leurs jeunes sympathisants en pseudos « mouvements de jeunes », écoles politiciennes de... docilité à la vieillesse « ossifiée ». Cette docilité scolaire (ou familiale, pire) fait qu'il y a toujours bien « des jeunes déjà vieux dans leurs têtes », comme il y a bien « des vieux toujours jeunes dans leurs têtes » : je laisse à chacun le soin de s'y reconnaître !

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Reste l'essentiel : le-Mai-68-du-Quartier-Latin n'est qu'une minuscule étincelle (plus brillante et éphémère que d'autres, c'est tout) d'un très vaste mouvement international de jeunesses. Commencé dès le tournant des années 60 : décolonisations, fin de guerre d'Algérie, début de Cuba-Libre, début de l'agression US au Vietnam. La protestation de la jeunesse américaine envoyée au Vietnam est le plus fondamental (merci Joan Baez, Bob Dylan...) de la vague internationale du mouvement jeune...

Sait-on encore que, dès 1963 à Paris, naissaient à gauche du PC des Comités-Vietnam autonomes - dont les militants fournirent bien des forces à Mai 68 ?... Sait-on l'importance mondiale que prit le Vietnam résistant héroïquement à l'US-Army, tant dans le dit « monde libre » que dans le dit « camp communiste » - se divisant plus encore entre Moscou et Pékin... sous le regard impuissant et inquiet de l'arbitre Ho-Chi-Minh ? Sait-on encore que la défaite stratégique de l'impérialisme yankee au Vietnam est dû à l'alliance objective entre le « Peace and Love » de la jeunesse américaine et le « Vietnam Uni et victorieux » du vieux patriote Ho ? Sait-on enfin que vieux renard Mao, percevant l'importance du mouvement autonome de la jeunesse mondiale, prit l'initiative de sa dite « Grande Révolution Culturelle Prolétarienne », manipulant ses Gardes Rouges pour fortement encadrer sa jeunesse vers sa perte... et même d'autres, comme les « maoïstes » de Paris en Mai 68 ?

Reste l'essentiel : La Révolution Culturelle, la vraie, autonome. Lancée dès avant 68 aux États-Unis et devenant souterraine dès après 68 un peu partout, mais toujours vivante. Pour compléter « le legs de Mai » (plus haut), voilà ce qu'il reste de ce départ de révolution culturelle : Musiques rock et du monde, cannabis, poésie, créations : L'ART d'oser vivre LIBRE ! L'art d'inventer de nouvelles mœurs, pas à pas, dans des millions d'expériences sociales : Penser globalement, agir localement...

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Une anecdote, pour finir : J'avais à l'époque un récent passé de laborantin-photo industriel et commençait à travailler en imprimerie. C'est pourquoi je fus vite familier des travaux artisanaux de l'ex-école des Beaux-Arts, devenue alors le lieu de création des célèbres affiches de Mai 68 en sérigraphie. Technique apprise là qui me permit plus tard de créer un atelier de sérigraphie... et surtout de me donner l'audace de créer une vie « parallèle » de phoète, à la fois photographe et poète... 

Ce type d'anecdotes a sûrement foisonné par dizaines de milliers. Mai 68 reste pépinière du futur !

Sous l'casque d'Erby

Ennui de Chine