Je n'ai pas de critère dans le choix d'un livre, je vais à l’instinct. Sauf quand il est question de morale et de corruption, de militantisme donc, ce dont notre actualité regorge. Pas de ligne directrice autre que le fond et la forme. Pour le reste, je laisse le hasard me guider comme il l’entend.
Aucun éditeur pour me contraindre à parler de tel ou tel navet pour les profits d'une entreprise prenant le livre pour un objet et l'objet pour de la littérature ou de la philosophie.
Quand je file dans mon grenier, là où mes livres sont entassés dans un ordre incroyable, je cherche le temps et le silence. Là, je suis loin de la pourriture politique !
Sentir l'odeur indéfinissable du livre en dormance est un instant d’une magie inexplicable. Entendre la rumeur lointaine d'une respiration apaisée et me demander quel phénomène est à l'origine de ce fait, dans cet espace à la fois minuscule et immense, est un plaisir dont je revendique la nécessité.
Une bibliothèque est aussi vaste que l'univers, et aussi infiniment effacée que les choses dont on ignore l'existence.
Quand feu notre ami Rémi apprit que j'allai toucher un mot sur Georges Perros, il s'était dépêché de me proposer un titre de sa bibliothèque, soulignant de sa voix usée par une vie « dissipée » : « tu les lis et tu me les renvoies », sachant bien que je n’en ferai rien ! La main sur le cœur, je lui répondis : « Évidemment ! Tu me connais ! »...
Maintenant qu'il est parti en villégiature sur une exoplanète, il n'est pas rare que je tombe sur des livres que je lui ai « empruntés » !
Georges Perros (né Georges Poulot) n'était pas un homme de choix mais de préférence. A la capitale, il a préféré la Bretagne. A un mauvais ouvrage, il préférait un bon article. La subtilité qui sépare (ou réunit) ces deux termes le définit beaucoup mieux que ne pourraient le situer des dizaines d'études.
Comme un livre est une histoire de sensations, celui (ici on devrait dire carnets) de Georges Perros l'est assurément autant que n'importe quel grand livre de n'importe quel « très grand » auteur.
Ce « Papiers collés », publié après sa mort, est le troisième d'une quête permanente du bien-être dans la pénombre de son contraire.
Un livre rare. Un livre en trois volumes qu'on lit sans aucun souci d'ordre ni des règles. Rien ne nous oblige à tout lire d'un coup. Ni, non plus, à entreprendre sa lecture par le début, de manière binaire. Vous l'ouvrez n'importe où, vous lisez, et vous avez votre compte de rêve, de détresse ou de vague à l’âme.
Un livre bâti au hasard, à l'humeur de l'instant. Comme cette mer bretonne qu'il chérissait, si loin qu’elle se retire, jamais elle n’oublie de revenir laver nos pieds.
Un livre (des notes jetées à la volée) écrit pendant la période où il travaillait en qualité de lecteur chez Gallimard. Quel boulot ! Gagner sa vie en perdant ses yeux et parfois son temps, lisant des choses qu'on chercherait plutôt à fuir. Y a pas à dire : il n'existe pas de travail heureux !
Pour se distraire, pour combler une halte ou remplir un vide, il jetait des notes sur un cahier, comme pour libérer son esprit d'on ne sait quel maléfice. D'où un sentiment de tristesse et parfois de ras-le-bol !
Né à Paris en 1923, Georges Perros a été comédien à la Comédie Française avant de devenir lecteur de la NRF, grâce à l'intervention de Jean Grenier. Il était aussi l'ami de Gérard Philippe dont il lisait des manuscrits pour le TNP (Théâtre National Populaire).
Ayant préféré la Bretagne à Paris il s'installe avec femme et enfants à Douarnenez où il meurt à l'âge de 55 ans.
C'était un jour comme un autre. Un jour où « l'horloge sonne. C'est le temps qui tâte son pouls. »
« Papiers collés » est publié dans la collection l'imaginaire de Gallimard.
Un gars qui écrit, entre autres choses magnifiques : « notre postérité c'est le présent », on se dépêche d'aller le découvrir et de bien se garder de ne pas le prêter à n'importe qui !
Sous l'Casque d'Erby
Bonjour à tous. Séquence "nostalgie". C'est quoi un livre sinon un retour aux valeurs fondamentales de la vie ? C'est mon refuge quand la laideur du monde atteint des niveaux insupportables. Le bon dimanche de Pâques.
RépondreSupprimerSalut Rodo. Toujours la passion de lire ! Il faut dire que chez Rémi, qui n'avait pas de grenier, les lectures ne manquaient pas, en commençant par ses propres productions – je dois en avoir une dizaine – il écrivait beaucoup.
RépondreSupprimerPour ma part, je viens de répondre sur l'un de mes sites à une vidéo où Emmanuel Todd répondait à un journaliste du Figaro : pour une fois, j'étais tenté de nuancer largement son propos.
Bonjour Jean-Claude. Ecrire, Rémi le faisait constamment. Et quand il n'écrivait pas, il lisait. Enorme ! Bien que son inspiration était centrée sur des sujets récurrents, je me demandais comment il faisait pour tenir la cadence.
SupprimerTrès bien ton bémol à l'adresse de Todd. Simple, clair, efficace. Au milieu de ce chaos propagandistique, on oublirait presque de souligner que la chose la plus difficile à tenir c'est de les dire avec clarté ! Ce que tu fais fort bien.
Bonjour Jean-Claude. A propos de vidéo, j’ai regardé celle où tu apparais pour illustrer la « Légende de Sainte-Macrine ». Tu diras à tes enfants que je les regarde toutes : très bon format, bien calibré et très pédagogique Légende de Sainte Macrine
SupprimerEt je suis d'accord avec J-C ! J'ai revu et la vidéo... et son article...:-) Et j'avoue n'avoir jamais lu Georges ! Va me falloir lire celui que tu vas... me prêter, Rod !
RépondreSupprimerUne autre vie pliz petit lapin de Pâques, pour relire tooous les livres que j'ai aimés...et découvrir tooous ceux que je voudrais tant rencontrer...
OMA
Bonjour Oma. Il est rare de ne pas être d'accord (entièrement) avec Todd. Mais cela arrive, la preuve. Cela étant, tout comme Jean-Claude, nos points de convergence sont plus nombreux que le contraire. Sinon, oui, bien sûr, je te passerai mon exemplaire de Georges Perros lors de notre prochaine visite. Bises.
SupprimerBonjour Rod,
RépondreSupprimerAs-tu des nouvelles des moutons enragés, le blog est fermé ou en panne?
Criminalita
Salut. Tout comme toi depuis ce matin. J'ai interrogé Jean-Claude et lui n'avait pas de problèmes dans les Deux-Sèvres (?!). Maintenance ? Sabotage ? J'en sais rien et ça me les brise menus. Si t'as des nouvelles de ton côté alerte-moi par ici. Merci et la bonne fin de weekend.
SupprimerJ'ai réussi à me connecter, il paraît d'après Volti que nous sommes plusieurs à avoir ce problème. Je viens à nouveau d'être coupé, à mon avis il doit y avoir des attaques ciblées. Je suis à Brest sur smartphone, Volti à aussi eut des soucis pour poster les articles.
RépondreSupprimerPlus qu'à patienter. Merci.
SupprimerSalut Crimi. Je suppose que tu es au clair avec la "défaillance technique" du navigateur. Volti vient de me donner les clés pour débrouiller tout ça. Et ça marche ! Je cite : " Vas dans les paramètres réseau de ton navigateur et accepte les DNS via HTTPS. Dans Firefox, c'est tout en bas de la page. La bonne journée.
SupprimerJe n'ai pas réussi à me connecter sur le site " l"Échelle de Jacob" pour faire un commentaire à propose de l'article 1 de la Déclaration des Droits de l'Homme et pour dire que l'on trouve déjà la phrase sur les distinctions sociales citée en sept 2022 dans un bouquin d'Onfray "Puissance et Décadence" , page 53.
RépondreSupprimerA propos des casseroles ___> les mettre en soutient gorge ou en faux cul
RépondreSupprimer