Erby - Chupa-Chups |
Ce
matin, dès 9 heures environ, je suis allé au point de rendez-vous du sud à
Notre Dame des Landes. C'est un endroit célèbre, bien que ce ne soit qu'un
chemin de terre. En octobre 2012, ce fut l'un des lieux d'affrontements parfois
violents, mais où les défenseurs plus mobiles et sûrement plus motivés ont
"tenu le choc" face à des hommes armés, caparaçonnés, mais aussi
engoncés dans leurs armures. Il y a quatre ans, à la différence d'aujourd'hui,
la ZAD était presque un océan de boue en raison des nombreuses pluies de
l'époque. Ce fut une sorte d'Azincourt, en quelque sorte. Mais là, il
s'agissait du Chemin de Suez.
Parmi les premiers arrivés, j'ai vu arriver après moi beaucoup, beaucoup de monde. Chacun avait apporté son repas, mais surtout son bâton ! Et les bâtons, on peut nous faire confiance, parmi les slogans et les chants, ils ont résonné !
Parmi les premiers arrivés, j'ai vu arriver après moi beaucoup, beaucoup de monde. Chacun avait apporté son repas, mais surtout son bâton ! Et les bâtons, on peut nous faire confiance, parmi les slogans et les chants, ils ont résonné !
Le soleil était de la partie malgré les nuages. Il faisait bon. Nous avancions bruyamment parmi les chemins creux, si recouverts de feuillage que, malgré ses efforts, l'énervant hélicoptère de la police, bien entendu présent, devait mal nous apercevoir. Nous avons fait un détour par Le Rosier, l'une des fermes où les combats ont été les plus intenses. Ce sont des zadistes qui tiennent les lieux, comme en beaucoup d'autres endroits, des dizaines d'endroits. Oui, eux aussi, ils vivent, tout près de la nature, sans rien qui rappelle "le confort moderne". Peu avant d'arriver au point de ralliement final, nous avons fusionné parmi les cris et les chansons avec le cortège parti du Pré Failly, ceux de l'Ouest. Quelle surprise, de les voir au moins aussi nombreux que nous ! Et tout aussi motivés, naturellement. Vaille que vaille, parce que de temps en temps la tête s'arrêtait pour que les cortèges se regroupent, nous sommes arrivés à Bellevue, une autre ferme qui a failli être détruite, mais que des paysans sont venus occuper avec vaches, cochons, couvées. La résistance, c'est toute la ZAD. C'est tout l'ouest. C'est toute la France, et au-delà : des résistants italiens étaient présents, eux qui luttent contre le tgv Lyon-Turin et le massacre de toute une région magnifique aussi, celle du Val de Suse. Là, nous sommes allés planter nos bâtons, sur une levée de terre créée pour l'occasion. Nul doute qu'à cette heure-ci, il y en a beaucoup. Quand je suis arrivé, j'étais parmi les premiers à planter ma branche de sureau un peu torse, décorée de dates. D'autres y avaient attaché des fleurs, des bouquets de feuilles, ou avaient sculpté des slogans avec patience et minutie. Le symbole de ce geste ? "Nous apportons nos bâtons ici, et si les forces de l'ordre viennent évacuer, nous les reprendrons pour reprendre le chant des bâtons. Ce ne sont pas des bâtons de combat, mais des houlettes de bergers et des promesses de paix." Puis solennellement a été érigé un hangar de bois à la mode d'autrefois, chevillé, magnifique, avec des fermes ouvragées. Ce sera un espace de vie de plus. Le reste était plus classique : prises de paroles.... et la musique est aussi de la fête, mais j'ai quitté le lieu avant ces flonflons festifs. Le grand slogan de cette journée : "Nous sommes là, nous serons là". Et jusqu'à présent, depuis plus de cinquante ans que le projet est dans l'air, pas un coup de pelle du chantier n'a encore été donné.
Sous l'casque d'Erby
Bonsoir aux caillardeuses et aux caillouteux. Ça sort du four, c'est chaud-bouillant, du vrai de vrai ! Merci à Jean-Claude pour ce témoignage vivant !
RépondreSupprimerQuant à Erby, on ne peu que... S'incliner !
"On ne peu" qu'avec un T !
SupprimerHihi ! Quand on peu peut, ou l'inverse...
RépondreSupprimerOui nous étions plus de quarante mille, foi de marcheur qui a remonté la colonne longtemps, longtemps, un nombre inespéré en octobre après les autres mobilisations du début d'année et de juillet. Il n'y a aucun essoufflement, les motivations sont plus fortes que jamais.
A preuve ce haka, préparé donc en Côte d'Or, et auquel j'ai assisté avant que le cortège s'ébranle, sous les cameras des télés qui étaient présentes devant la banderole de tête.
euh.... avant que le cortège ne s'ébranle.... tu veux une baffe, ou (comme disait mon fils petit) tu veux un juffle ?
SupprimerMon fils et sa compagne sont à NDDL et m'y représentent...
RépondreSupprimerIls ont planté leurs bâtons et mon bâton mental, qu'ils m'écrivent !
Rem*
Une bonne partie de mes potes de Nuit Debout y étaient... mon énergie était aussi avec eux. Merci en tout cas pour ce témoignage émouvant, jean-Claude. En plus, le soleil est arrivé et a commencé à bien réchauffer l'atmosphère. La météo était avec NDDL (et avec nos réfugiés et nous). Les Irakiennes et Syriennes présentes avaient concocté quelques plats incroyablement bons ! C'est moi qui vous le dis : les "farcis" (dolma) irakiens, c'est kèk'chose. Certains que j'avais vus juste après leur arrivée, un peu hagards et ébêtés, avaient retrouvé le sourire. Ils ont réussi, au moins hier après-midi, à oublier ce que subissent leurs familles restées au pays.
RépondreSupprimerLes Brévinois qui ne veulent pas de demandeurs d'asile chez eux ne savent pas ce qu'ils ratent : de la chaleur humaine ! Qu'ils restent confits dans leur haine de l'autre et leur amour du fric !