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Savez-vous ce qu’est
le Chautauqua ? Jusqu’à ce que je n’entreprenne la lecture du livre de
Robert M. Pirsig, « Traité du zen et
de l’entretien des motocyclettes », j’ignorais l’existence de cette coutume
américaine. Se présentant comme un road
movie, ce livre - jugé comme un mauvais roman par certains critiques, dont la parution remonte aux années 70 du siècle dernier - est aux antipodes du genre, même si dans sa construction, tout peut donner à penser que cela est le cas, car si l’aventure se déroule
sur la route les voies qu’elle emprunte sont celles d’un vol majestueux au-delà
de la trouée nuageuse qu’on atteint par la force de l’esprit. Je n’en suis qu’à
la moitié de la lecture de ce périple d'un père et de son fils sur les routes de Californie et je ne peux m’empêcher de vous conseiller d’aller le zieuter
de plus près.
Or donc, jadis, on
appelait Chautauqua des spectacles ambulants, sorte de causeries populaires, ou
veillées, donnés sous une tente partout chez nos cousins d’Amérique par des
artistes. Conçues pour « élever l’esprit par la culture », la
représentation s’ouvrait par « Quoi
de neuf ? » lancé à la cantonade, question certes intéressante
mais quelque peu réductrice qui petit à petit, au fil de la vie et des mauvais
événements qui l’émaillent, s’est muée en « Quoi
de mieux aujourd’hui ? » dont la portée est singulièrement
différente en ce sens qu’elle trace des nouveaux chemins dans les consciences,
« loin des platitudes indéfiniment répétées », cherchant à guider
l’individu vers un état de liberté, relatif en la circonstance, l’aidant à trouver
et à partager ce que la vie offre comme maigre salut pour éviter la folie.
Aujourd’hui tout cela,
regrette l’auteur, a été supplanté par des technologies très performantes comme
la radio, la télé, le cinéma et on en passe. Ce qui dans l’absolu devait être
un signe de progrès est devenu selon lui la machinerie infernale avec laquelle
on fait d’un humain un robot ou un perroquet, répétant des passages entiers du
missel que le dogme libéral fait matraquer pour nous rendre marteau. Si
l’uniforme n’a plus cours obligatoire dans certains de pays, reste le
neurotoxique qu’on nous fait absorber par goulées dès la naissance :
l’uniformité ! En matière d’évolution j’avoue que c’est un peu court,
mais, attendant mieux, comme par exemple une prise de conscience globale qui
fait le dos rond sous le cyclone, il est important pour toute personne tant
soit peu éveillée de tout faire pour ne pas sombrer.
Rompre avec cela est
un boulot de dingue ! Hercule et ses 12 travaux n’est rien en comparaison. Quant
à Sisyphe et sa caillasse qu’il s'obstine à remonter, au lieu de la fracasser à
coups de masse et de porter le tout une fois pour toutes par petits tas,
c’est de la gnognotte à côté de ce qu’on nous pousse à accepter. Pas étonnant
qu’on ne croise que des gens fatigués dans la rue, au Pôle emploi, partout où
le pas de la démence conduit toute personne cherchant à trouver l’antidote
contre cette morsure mortelle…
Cela parmi bien d'autres choses l'auteur nous les délivre l'esprit serein.
« Traité du zen
et de l’entretien des motocyclettes », collection Points, le Seuil
Sous l’casque d’Erby
Bonjour aux caillardeuses et aux caillardeux. Je remercie Loïc, responsable de la bibliothèque de Trélévern, où l'ArTche des sens s'exposait la semaine dernière, qui a prêté ce livre à Martine et que je me suis dépêché de commencer sans plus attendre.
RépondreSupprimerErby du jour tout à fait raccord !
Parmi mes "mémoires d'âne", je garde excellent souvenir d'avoir lu ce livre avec GRAND plaisir, sans doute au début des années 1980...
RépondreSupprimerJe fais peut-être erreur, mais il me semble qu'il y a là un père qui emmène son tout jeune fils dans un "voyage initiatique" de sagesse...
J'associe ce souvenir à celui de la splendide image (l'auteur est ???) du cavalier noir, Zorro, sur son cheval noir, emmenant au galop un beau blondinet tout pâle et tout nu !
Restons Zen ...... au galop ....... face aux malheurs de pire en pire épouvantables du monde actuel!
« Quant à moi, je voyage non pour aller quelque part, mais pour marcher. Je voyage pour le plaisir de voyager. L'important est de bouger, d'éprouver de plus près les nécessités et les embarras de la vie, de quitter le nid douillet de la civilisation, de sentir sous mes pieds le granit terrestre et les silex épars avec leurs coupants.Hélas ! Tandis que nous avançons dans l'existence et sommes plus préoccupés de nos petits égoïsmes, même un jour de congé est une chose qui requiert de la peine. »
RépondreSupprimerStevenson - Voyage avec un âne dans les Cévennes - ça c'est zen!...
Il "faut" compléter avec : Sur la route de Kerouac - Acid Test de Tom Wolfe ; amicalement, Olivier SC
RépondreSupprimerEn effet, c'est dans la filante ayant précédé et accompagné Woodstock, Kérouac étant mort en cette année 69. Avant cela, Rem* a signalé Stevenson, un autre grand voyageur... Et combien d'autres "anonymes", avant, après, amateurs de courses suprêmes, partis la lumière dans les yeux, nous laissant l'héritage flamboyant d'une course de relais à laquelle nous sommes régulièrement invités ?...
SupprimerMerci.
Formidable vie quand même !
Les livres que je mentionne, le Pirsig et le Wolfe se mentionnent et mentionnent On th Road...
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