Je suis, je suis, je suis... la future fiche signalétique chez Big Brother ?

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« A quelque chose malheur est bon », dit le proverbe. Dans le contexte de la presse à moulinage intensif aura permis à Charlie, journal non subventionné, un peu fanzine, un peu potache, un peu…, de tirer son numéro, disons post-mortem, à 7 millions d'exemplaires avec la Une que l'on sait et que je résumerai par la formule consacrée : « le changement dans la continuité »...
Les instituts de sondages sont à la fête. Mesurant, non pas l'opinion des français, mais l'idée qu'ils se font de cette opinion, qu'ils voudraient aussi lisse qu'un galet, laquelle, à l'heure actuelle, a du mal à gérer son égoportrait (c'est ainsi qu'on dit selfie au Canada), nous annoncent que 40 % d'hexagonaux – ou quatre français sur dix, pour mieux empaqueter l'ensemble – sont pour « éviter de publier des caricatures de Mahomet » et on les comprend, les français, pas les instituts. Dans le même temps, le ministre de l'intérieur recueille 70% d'avis favorables pour sa bonne gestion dans l'affaire Charlie !...
Pour ma part, qu'il s'agisse du Prophète, du pape François, des intégristes catholiques, de Jésus, de son paternel Dieu, lequel en faisant le choix de déposer sa graine dans le ventre de Marie – quel beau roman, quelle belle histoire – a fait de ce pauvre Joseph le premier divin cocu de ces 21 derniers siècles, je suis pour rire de bon cœur envers et contre tous, sans oublier de varier les cibles, comme on fait avec le plaisir sexuel, quand celui-ci pointe le bout d'une queue en compagnie d'une chatte brûlante… Que le rire soit l'occasion d'aller plus haut et plus fort pour se servir et non servir un commerce glauque et une classe politique au diapason, par l’instrumentalisation. Que cela devienne l'acte vigoureux d'une culture en bonne santé, comme le formule Régis Debray dans un entretien publié dans Le Un, sous le titre « C'est le moment d'assumer notre ADN culturel » : « revivifier la parole insolente », en évitant l'aquaplaning au premier tournant et se retrouver dans la douve sans personne pour aider, car « assimiler ce qui est arrivé le 7 janvier au 11 septembre 2001 [aux States] montre l'aliénation de ce qu'il est convenu d'appeler nos élites. Outre l'exagération factuelle, c'est le contre-exemple même ! C'est ce qui a légalisé la torture, qui a entraîné un certains nombre d'interventions militaires insensées, qui ont exacerbé le jihadisme en lui donnant une base populaire, une légitimité anticoloniale. Je suis stupéfié quand je vois qu'on nous demande de réagir à l'américaine. On va inventer un Guantanamo ? On va faire Abou Ghraib ? On va faire du 9-3 un ghetto ? C'est un combat de civilisation, oui, mais on ne va pas le gagner en trahissant notre civilisation. Ne cédons pas aux réactions hystériques, émotionnelles et occidentalistes. » ...
Dans la foulée de Régis Debray, puisque la parole sage – pas celle débitée à la tronçonneuse par les bécanes à décerveler – cherche à se frayer un chemin dans cette jungle, Michel Rocard (entretien au JDD) prévient, lui aussi, sur la confortable tentation sécuritaire qui fait frétiller le corgnolon de la classe politique, évacuant par ce fait la très inquiétante situation économique à laquelle nul ne veut s'y frotter, autrement que pour foutre en l'air le peu que nous avons : « On ne peut pas mettre des barbelés et des miradors à toutes nos frontières. C'est une vision du monde qu'il faut éviter à tout prix », avant d'ajouter : « La vérité, c’est qu’il y a une corrélation forte entre l’importance et la durée du chômage et la délinquance. Si nous retrouvions le chemin de l’emploi, notre approche de bien des problèmes serait toute différente. »... 
Voilà ce que cache l'exploitation tous azimuts du choc Charlie Hebdo : le silence sur tout le reste, la récupération et le reformatage d'une jeunesse qu'on a laissé tomber du primaire à la terminale qu'on cherche à séduire avec des pancartes et des t-shirts qui n'enrichissent que les fabricants.
Et si nous mettions tout en œuvre non pas pour être des Charlie quelconques, mais pour devenir des femmes et des hommes dignes de ce nom ?...

Sous l'casque d'Erby

Les Dieux ne sont pas tombés sur la tête !...

Pas cons les mecs, eux - bien planqués - ils comptent les points !