mardi 2 septembre 2014

Le parler vrai...

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Le « parler vrai » est expression aussi courante et ambiguë que « le bon-sens » ou « le compromis réaliste », etc.. Elle mérite à mon avis réflexion. Peut-on parler vrai dans le carcan légal du système électoral ? Ou celui de l'académisme universitaire qui nous impose ses disciplines-carcans : Philosophie, Histoire, Linguistique, Sociologie, « Science Économique ou Politique », etc. ? ...
N'étant en rien de ces disciplines, moins encore d'aucun Parti, je reste poète indiscipliné, sachant qu'est inépuisable la vérité de notre condition humaine. Et je cherche, parmi tant d'autres, à parler vrai, à partir de mon vécu éprouvant et de ma permanente curiosité à « saisir le monde ». C'est ce vécu et cette curiosité qui fut (et reste) pour moi LE critère fondamental pour accorder confiance ou non à telle ou telle personne, très indépendamment de ses diplômes, postes, de son bagout, etc.


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Exemples : MarcFerro a du bagout, Jean-LucMélenchon aussi. J'ai très tôt accordé ma confiance au premier, peu au second. Ce n'est pas parce qu'ils ne jouent pas sur le même terrain (géo-histoire pour le premier, politique pour le second) qu'il n'y aurait pas de comparaison à faire !: ils s'adressent tous deux au peuple dont je fais partie... et une bonne analyse géo-historique est un préalable indispensable à un bon projet politique. De plus ils sont tous deux membres de l'élite nationale, qui est (en principe) dévouée à « nous éclairer », nous peuple obscur. Mais voilà :


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Ferro (né en 1924), étudiant en géo de Grenoble, menacé par une ascendance juive et par le STO, est « monté au maquis du Vercors » (43-44) et cette épreuve (puis, à la fin, la fuite rocambolesque) le marquera à vie. Une vie universitaire pleine d'un combat, certes culturel, mais important. D'abord guidé par Fernand Braudel (« Les Annales ») il est très combatif pour introduire le cinéma dans le domaine de l'historien, ainsi qu'une foule de témoignages jamais pris au sérieux, car émanant du peuple. Il étudie ainsi la Révolution d'Octobre et le régime soviétique, le monde arabe et l'anticolonialisme, etc. sans dogmatismes. Ni académique ni idéologico-politique : une analyse « fine », mais simple car respectueuse des faits... et des individus qui tant souffrent et agissent...


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Mélenchon (né en 51) est un classique produit de l'élite politicienne, qui démarre à l'embauche du militant de base (à conviction sincère : respectable!) dans les rouages de la machine électorale. Oh, d'accord, « il connaît le terrain » (il a même été dans sa jeunesse pompiste) et il « aime le peuple ». Et puis, surtout, il reconnaît avoir fait des erreurs... A l'ambition de ne plus en faire : « confiance »! Parcours banal que de faire erreur, de grimper dans un projet politique zigzagant. Il est moins banal de vouloir diriger une « Révolution Citoyenne » ici. S'inspirant de l'Histoire de France... mais aussi, surtout du modèle vénézuelien, aux données géo-historiques si différentes... : Quelle erreur encore !
Conclusion : Marc Ferro a durement gagné sa bataille de parler-vrai contre le carcan universitaire et cela est utile au peuple, pour qu'il s'instruise au mieux pour gagner ses batailles sociales. Mais il est vain de croire à un parler-vrai de l'ambitieux Mélenchon. Quitte à lui reconnaître ses qualités de tribun, de polémiste, dans l'actuel brouillard politique d'entre si riche France et si pauvres français !


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A propos de « parler-vrai », on pourrait multiplier les exemples de gens, soit très connus - comme Mélenchon – soit à mieux connaître - comme Ferro. Je préfère en revenir au parler vrai, qui abonde dans notre peuple comme dans tout peuple : et là, il n'y a pas de frontières, nous sommes entre curieux, internationalistes, féministes et libertaires (consciemment ou non) : nous nous comprenons et nous pouvons utilement nous inspirer les uns des autres. Avec l'espoir de Liberté !
Ici, les difficultés de communication sont linguistiques et culturelles. Dont religieuses et surtout us et coutumes locales, souvent adaptés aux conditions locales. Mais la musique, la chorégraphie et tout autres formes d'art (architecture, peinture, etc.) transcendent ces difficultés, ainsi que la conscience de devoir communiquer nos soucis et nos innovations sociales, vers le mieux-être... Ainsi chemine le parler-vrai, international. Quelques exemples seulement (ils fourmillent!) :


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La toute jeune fille pakistanaise Malala, qui arrive, malgré mille difficultés (elle a failli être assassinée) à faire éclater le scandale de la terreur des talibans contre la scolarité des filles dans son pays (et partout où s'exerce ce type de terreur pseudo-islamiste, Afghanistan, Niger, Irak-Syrie...).


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Le tout vieux PierreRabhi, français d'origine algérienne, qui parvient très très laborieusement à devenir pionnier-paysan-écologiste et même philosophe-poète... et inspire – entre autres - « les Colibris ». Il reconnaît humblement qu'il doit son énergie à l'amour d'entre sa femme et lui...


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Les anonymes (ou pas) artistes-ès-gratiffis qui « habillent » l'autre mur de la honte, israélien en Cisjordanie (bien pire que celui de Berlin!) et le transforment en vaste exposition permanente de dénonciation internationale du colonialisme, souvent avec un humour noir plus percutant, sans doute, que de classiques slogans et discours ...


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Des groupes, chanteurs et musiciens, qui, tels Zebda, lancent des tubes comme « Tomber la chemise » et surtout « Y a pas d'arrangements » qui ont un impact socio-culturel, donc politique, bien supérieur aux discours de ces gens « sérieux », dirigeants syndicaux ou politiciens bavards...


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Des autochtones (dits « indiens ») d'Amérique du Sud qui sortent de leurs forêts pour dénoncer les brigandages meurtriers des exploitants (illégaux, souvent) de bois ou de minerais (dont pétrole)... : certaines tribus étaient si ignorées qu'il n'y avait nul interprète de leurs langues... mais, à force de patience et de science (de la linguistique), on les a compris... et ils ont eu gain de cause, parfois...


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Les « zadistes » (de Zone à Défendre) qui occupent l'officielle « Zone d'Aménagement Différé » pour le chantier d'aéroport à Notre-Dame des Landes. Depuis des années, en bonne intelligence avec les paysans résistants locaux, cette occupation de fait, malgré des agressions policières, est la force principale qui a fait la notoriété (nationale et plus) de leur juste cause. Qui peut gagner !...


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Je termine, volontairement, cette courte liste, sur cette belle cause d'ici, du « Peuple de Boue ». Pour la compléter lire par exemple :''Un million de révolutions tranquilles'', de Bénédicte Manier, éditions Les Liens qui Libèrent (LLL). On y trouve des luttes certes partielles, mais originales, qui ne sont pas autant de « RRRévolutions », sinon qu'elles parlent vrai et agissent vraiment : cela révolutionnent les mentalités, les mœurs et les rapports de force entre pouvoirs et populations. Cela annonce la fin du capitalisme : il est, en fait, de plus en plus faible et par conséquent arrogant de terreurs maladroites contre la multitude de gens qui, plus que jamais instruits, parlent vrai en aspirant à la liberté et la justice sociale, naturelle. Naturellement, le dernier mot sera au poète :
(…)
Je quête un enfant souriant au jour,
Non une place dans la machine de guerre.
Je suis venu ici vivre le lever des soleils,
Non leur coucher.
Il me fit ses adieux...
Il était à la recherche de lys blancs,
D’un oiseau accueillant le matin
Sur un rameau d’olivier.
Il percevait les choses
Telles qu’il les ressentait... et les sentait.
La patrie, il me l’a dit,
C’est boire le café de sa mère
Et rentrer, à la tombée du jour, rassuré.


MahmoudDarwich (fin du long poème « la terre nous est étroite et autres poèmes »), traduction d’Elias Sanbar, Gallimard 2000).


13 commentaires:

  1. Coucou !
    Très chouette texte, et bien sûr je te rejoins dans ce que tu dis. Mais en somme, le parler "vrai" ne peut aller sans un agir "vrai". C'est ce que certains philosophes nous disent je crois... Cohérence entre nos paroles et nos actes + une éthique... Alors, les politiciens, en général, tu vois ce que j'en pense... Entre ce qu'ils font et ce qu'ils disent, il y a tout un monde. Et parmi nos élites, peu en effet sont capable de probité.
    On pourrait citer aussi Marjane Satrapi, Hubert Reeves, feu Albert Jacquard, etc.
    Bon, allez, c'est la rentrée, je file ! Des bises :-)

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  2. Bonjour les caillasseux. Temps immuables. Très belle bafouille avec les ingrédients nécessaires pour faire fonctionner la turbine à comprenette. Moi aussi, j'ai apprécié le bonhomme Marc Ferro que j'ai croisé à l’École Pratique des hautes Etudes. A l'époque, il partageait le bureau avec Claude Lefort, mon directeur de thèse.... Nous avons parlé... couscous ! Vrai !
    Bonne journée à tous, je m'apprête à m'apprêter !

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    1. J'ignorais, mon ami, qui tu avais connu Marc Ferro à l'EPHE... que j'ai un peu fréquenté, ainsi que l'Institut de Géographie, mais en auditeur libre, quand j'avais le temps, entre 2 activités syndicales (UNEF 64-67)... Mais, plus tard j'ai bouquiné ses travaux sur la Révolution d'Octobre "décortiquée", ainsi que sur les colonisations (GG-France) au Proche-Orient...

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  3. Salut les bidules ! Ouf, il y a 5 heures je n'étais pas couché encore.... cela ne m'empêche pas de savourer les envolée du grand Rem*. Allez, un peu de café pour éveiller la machine....

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  4. Reka est " géographe cartographe information designer journaliste rêveur utopiste partageur " sic. C'est à lui que je dois le contexte de ce poème (vieux de plus de 40 ans) de Mahmoud Darwich... : Contrairement à ce que l'on pourrait croire il ne s'agit pas, pour ce "rêveur de lys" d'un jeune palestinien, mais d'un jeune israélien, mais d'un jeune israélien, écœuré de ce qu'il a vu et dû faire dans son armée Tsahal, lors de la guerre de 67 qui commença l'actuelle occupation de la Cisjordanie. Ce jeune Israélien inconnu, AMI de Darwich, va le voir pour l'informer qu'il veut fuir Israël. Ils discutent toute la nuit. Et au matin, Mahmoud réveille son ami, lui donne son poème d'insomniaque...
    Résultat ? son lecteur va changer d'avis. Il reste en Israël, étudie, étudie... devient historien israélien anti-sioniste : c'est SHLOMO SAND, le très réputé auteur de (entre autres) "Comment le Peuple Juif fut inventé" !!

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    1. Lien vers ce récit (et poème) : http://seenthis.net/messages/234474 copié le 6 mars 2014 de Rezo Net

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  5. " Je ne sais pas quel sera le bilan « touristique » de cet été agité sur le plan météorologique, mais il y a au moins une catégorie de commerçants et d’industriels qui peut se frotter les mains, ce sont les marchands et les fabricants d’armes. Eux ne connaissent pas la crise ! Palestine, Irak, Lybie, Ukraine, Syrie… à feu et à sang… Les grossistes en munitions de tous formats se frottent les mains et se congratulent mutuellement dans les salons feutrés où ils ont l’habitude de se rencontrer. Un grand merci aux gouvernements occidentaux, à celui des Etats-Unis en particulier. Dans la plupart de ces pays où la mort vous guette à chaque coin de rue, le gendarme du monde est venu faire un tour pour expliquer aux autochtones attardés ce que c’était que la démocratie. La démocratie c’est comme la religion : ce sont des affaires qui marchent ! Tous les prétextes sont bons pour se flanquer une bonne raclée mutuelle." (...)

    C'est le début du billet, exemple de "parler vrai" évident pour moi, du blog "La Feuille Charbinoise" à découvrir, colonne de droite !

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  6. J’aime Mélenchon , c’est inconditionnel, même si je sais qu’ils sont tous les mêmes et même si mon ami Pim me sonnait à l’époque des élections que j’étais épinglée comme un drap sur un fil à linge...Je n’ai pas aimé son attitude sur le nucléaire trop lié au PC. J’admire l’homme !

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  7. Moi aussi j'aime le Méluche. Pour les raisons évoquées et par sentimentalisme peut-être puéril. Il est d'origine espagnole, né au Maroc, à deux pas de chez moi, famille catho, la mienne aussi, antifranquiste, moi aussi, batailleur, moi aussi. Mais, contrairement à lui, j'aime Bakounine, les situationnistes et fais tout ce que je peux pour que ces idées me survivent, ce qui n'est pas le cas chez les politiciens, lui ou un autre... A un moment, dans la vie, il faut savoir où se trouvent les barrières délimites... J'ai eu la chance de comprendre ça assez tôt. Merci le hasard !

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  8. Des parcours plus ou moins exemplaires, sources de modèles, mais tout le monde n'est pas ainsi... Et, à trop les mettre en exergue on tombe dans l'idéologie individualiste... Et j'allais dire neoliberale.

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    1. Pas d'accord du tout !
      1- "tout le monde n'est pas ainsi" : certes, et alors ? Il faut suivre les moutons dociles au capitalisme aliénant, parce qu'ils sont "démocratiquement majoritaires"... d'élire un Sarko puis un Hollande ???
      2- "trop les mettre en exergue" : pourquoi "TROP" ? vaut mieux mettre en exergue les "people" de la presse de caniveau ?
      3- "idéologie individualiste" : qu'est-ce que ce "isme" vient faire là ? J'ai cité des INDIVIDUS (Malala, Rahbi, Darwich, précemment Ferro et Mélenchon), certes. Qui sont TOUS dévoués à mettre leurs talents au service de leur société : c'est bien le contraire de l'individualisme, non ??
      4- "néolibérale" ?????? : alors là, quel contre-sens absolu !

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  9. Oui, c'est souvent le hasard qui, d'erreur en erreur, nous fait progresser vers quelques vérités éprouvées, plus lucides. J'en connais un rayon, côté erreurs et épreuves... correctrices. Pour moi, la voie poétique, au sens large, m'a guidé et sauvé... et les voix puissantes de quelques poètes comme Federico Garcia Lorca, Whitman, Kateb Yacine, Edouard Glissant, Mahmoud Darwich entre autres : "le parler vrai"...

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    1. Je pense tout à fait comme toi Rem : la voie poétique ! Et de même pour moi, elle m'a guidée.

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