lundi 6 avril 2015

PLACEBO

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Je suis très malade et en pleine forme car je consomme du placebo. C'est bel et beau. Mes pieds, mes jambes, mon sexe, mon cul, mon bide, mon pancréas, mes poumons, et mes cervicales souffrent, c'est vrai. Ainsi que mes oreilles, mes yeux et j'en passe. Mon cerveau est plein de trous de mémoire mais je bouffe du placebo et ça va, merci.

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Bon, y a pas qu'ça dans la vie, faut que j'arrête de me regarder le nombril, me prendre pour le centre du monde et me mélanger les pinceaux !!!: car il s'agit des pinceaux de mon pote Paul, il s'agit du grand tableau dit de Boston (où il est exposé) peint à Tahiti et intitulé : « D'où venons-nous ? Où sommes-nous ? Où allons-nous ? ».... Et, depuis 50 ou 60 ans (trou de mémoire?) ce chef-d'œuvre est mon vrai placebo !

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Bon, oui, le placebo c'est aussi la langue de bois, « la Pensée unique ». Oui, bon, hélas, le placebo c'est aussi comme le dogme.
*Il y a celui du docteur Coué-Coué-Coué, qui disait-disait-disait : après moi répétez trois fois « je vais mieux-mieux-mieux » et vous-vous-vous voilà-voilà-voilà géuri-ri-ri... et y a de quoi.
Quoi !... quoi ?... T'es sourd ou quoi ? T'y crois pas à mon dogme ? Alors crois donc à ça :
*Il y a le dogme de la sainte-Trinité. Faut y croire et ton âme sera sauvée...(ah bon ?)
*Celui de 10 Commandements, 7 branches de chandelier, 1 peuple-élu...(et nous ???)
*Celui d'Allah-et-son-prophète, raflant la mise des 2 autres monothéismes...(CQFD ?)
*Celui du Prolétariat-Révolutionnaire-International-derrière-Dieu-Staline...(beurk!)
*Celui du Capitalisme-bienfaiteur-de-l'Humanité-derrière-magouilles-Fric...(beurk!)

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Double Bingo ! J'ai croisé une sacrée belle inconnue ce dimanche midi, très souriante, qui est l'espiègle muse de ce billet... voilà à peu près le début du dialogue :
-Vous ne me reconnaissez pas ? Je suis infirmière, venue chez vous il y a trois ans !
-Ah oui... la plus belle infirmière de ma vie ! Bien sûr, la star Liz Taylor ! (bingo!)
-Liz suffira, et vous, Rémi, êtes le plus charmant patient que je connaisse !...(bingo !)
On est vite passé au tutoiement, j'abrège... Liz m'a embarqué dans sa guimbarde, pour, entre deux patients, me ramener chez moi... à défaut de bout du monde, et on a surtout bavardé au parking : on a refait le monde, quoi... Puis, roulez carrosse...
Fin du dialogue, devant chez moi :
-Reviens chez moi pour deux soins complémentaires d'entre amis : me donner un beau plaisir charnel ultime puis une piqûre létale pour partir avec les mirettes pleines d'étoiles de toi ! Je peux juste te payer les frais du second service au prix d'ami...
-Oh, il est pas cher, il s'appelle placebo... salut, bise, jeune poète !


Sous l'casque d'Erby



8 commentaires:

  1. Bonjour caillardeuses et caillardeux. Avec ou sans placebo « La maladie est un avertissement qui nous est donné pour nous rappeler à l'essentiel », dit la Sagesse Tibétaine. Et l'essentiel pour Rémi consiste à faire semblant de ne plus se souvenir de la Liz Taylor de l'Estuaire quand il la croise par hasard (Ah, oui, cest vous !... A présent je me souviens...) pour mieux l'attirer dans ses filets. Coquinou, va !
    Par ailleurs il m'a semblé que le "je ne suis pas bien portant" de Gaston Ouvrard s'imposait tout naturellement en zyque du jour. Quant au Erby..., évidemment que oui !

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  2. Oui, bon, la Sagesse Tibétaine est peut-être une belle muse... contrairement à la platonique platitude de l'anorexique dame d'Erby!!
    Reste que je préfère la fantasque et concrète beauté de la Mumuse Liz Taylor de l'Estuaire et autres lieux visibles à marée basse, jusque (et y compris) l'Eden tahitien du Coquinou Paul Gauguin... qui mourut dans la misère (en nous léguant ses chefs d'œuvres hors de prix!)....

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  3. Peace et beau, place à love. Chutttttttt.........et pchittttt. ça continue tant que ça n’a pas mouru.

    En parlant de placebo, vous connaissez tous l’histoire de ce médecin qui avait donné un placebo à son patient par inadvertance et il avait guéri. Cette histoire prouva que quand le médecin y croit aussi le placebo fonctionne encore mieux. Nous sommes si vibrants.....

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  4. J'ai trouvé ça :
    « Quant au livre » - triptyque en l'honneur de Gauguin – de Michel BUTOR :
    « Gauguin intervient non seulement par le titre de son grand tableau de Boston, mais aussi parce que, à un tournant décisif de notre histoire, il a tenté, Occidental, de s'immerger dans une culture antérieure au livre.
    D'où venons-nous ? Réflexions sur l'évolution du livre, instrument fondamental de notre civilisation, notamment au cœur des trois grandes religions monothéistes, dans sa forme et dans sa teneur.
    Où sommes-nous ? La place du livre a déjà profondément changé dans notre vie. Devant les problèmes actuels de la librairie, on assiste à la floraison d'un certain nombre de travaux qui mettent en question son fonctionnement et proposent des voies différentes. Une certaine confusion règne dans l'éclosion de genres plus ou moins nouveaux : livres illustrés, livres de peintre, livres de luxe, livres de poche, etc. Il s'agit d'y mettre un peu de clarté.
    Où allons-nous ? Les progrès des communications confrontent le livre auquel nous étions habitués à de nombreux défis. Quel parti peut-on tirer de ceux-ci pour améliorer le passage vers l'océan qu'on espère pacifique d'un nouveau millénaire ? »
     
    Collection Conférences Del Duca - broché, 1 vol. (48 p.), 22 x 14 cm - 29/09/2000 Editeur Bibliothèque nationale de France

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    1. De Butor je garde le bon souvenir du seul livre que j'ai lu de lui, "La Modification". Histoire d'un gars qui prend le train pour aller rejoindre sa géraldine et comme le voyage est long, il s'amuse à faire pendant le trajet autant de projets que de kilomètres, les uns effaçant les autres, comme on efface la craie sur le tableau noir. Jamais fait de chronique book sur Butor. Va falloir que j'y songe, parce que j'ai aimé...

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  5. Excellent... Mourir en plein coït serait encore plus beau.

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    1. Bien qu'on en meure un peu à chaque coït, autant en garder un peu pour la suite...

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    2. Et, en prime, Brassens : mourir pour des idées ? D'accord mais de mort lente...

      D'autres, ayant le tort d'être étudiants, kenyans, non musulmans viennent de se faire massacrer : 143 morts...
      Les Kenyans sont en droit, en plus, d'être choqués par ce fait : après le (modeste) massacre de Charlie, des dirigeants Africains sont venus à Paris "défiler". Mais toute l'Union Européenne s'est défilée de se déplacer là-bas... bôf, des pauvres...

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