"Le préfet Claude Guéant, 70 ans, ancien n° 2 de l’Élysée et ancien ministre de l’intérieur, est désormais, pour les juges, le suspect n° 1. Il a été mis en examen, samedi 7 mars, pour « blanchiment de fraude fiscale en bande organisée », « faux » et « usage de faux », par les juges Serge Tournaire et René Grouman, dans un volet de l’affaire des financements libyens de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. À travers lui, c’est bien sûr le bras droit de l’ancien président de la République qui est poursuivi." Lire la suite.
Voici le portrait que j'avais dressé du gus en 2011 chez les ruminants et, bien sûr, à la lumière de sa mise en examen, les virgules ne sont pas de trop :
Claude Guéant où la non vie
Quand on regarde attentivement la fiole de Claude Guéant on sent de suite que le gars a besoin d'un coup de main. On perçoit chez lui un esprit conditionné par l'ombre avec réglage et thermostat. Autrement dit, le matériau craint autant l'eau que la lumière. Semblable à la spiruline, algue extraite des lacs des hauts plateaux andins, 100% naturelle, sans additifs, sans conservateurs, ni colorants et cultivée en eaux douces, nécessite un grand soin en matière de température. Elle ne supporte pas trop de chaleur, ni non plus la fraîcheur excessive.
Sans aller jusqu'à le prendre en pitié, le gonze dégage une grande détresse. Suffit de lire le pedigree pour être affranchi. Fils d'un employé, ce capricorne pur jus a dû batailler et se tordre de douleur pour être le brillant élève qu'il fut sans que rien ne paraisse de ses gnons intérieurs, du moins c'est ce que j'imagine sans prendre trop de risques. Jugez-en : passer successivement de l'Institut d'études politiques de Paris à l’École nationale d'administration et en sortir à l'âge de 26 ans, on imagine sans peine qu'il n'a pas dû beaucoup s'adonner aux plaisirs de son âge pour atteindre ses objectifs. Du mal à imaginer sézigue tirant sur le tarpé en écoutant Hexagone de Renaud, affublé d'un jean, d'une chemise cow-boy et des santiags aux arpions !
Ses études terminées, il quitte la poussière des livres sur le droit administratif pour l'ombre des cabinets. De directeur de cabinet de préfet dans le Finistère à secrétaire général pour les affaires économiques en Guadeloupe, il découvre enfin, à bientôt 30 ans, le plaisir jacobin du voyage au service de la république. Un missionnaire, le loufiat ! Du Finistère à la mer des Caraïbes, ça vous décoiffe un esprit en moins deux, mais pas le sien, fait de devoir et de visée. Le voici, pugnace, gravissant les échelons avec la patience propre aux larbins : conseiller technique chez Christian Bonnet d'âne au ministère de l'intérieur, à l'âge où il commençait déjà à mener une lutte sans merci contre la calvitie, il avance, il avance en se faisant des cheveux. Ensuite ?... Toujours pareil : l'Hérault, la région Centre et, enfin, la pépinière des Hauts-de-Seine où il fait la big connaissance de sa vie : Pasqua, un des fondateurs du SAC, l'illustre militant des coups tordus de la Vème et d'un certain Nicolas Sarkozy, le génie des Carpates et funeste souvenir électoral du peuple français. C'est en 1994 que Pasqua en fait son directeur-adjoint de cabinet et le nomme dans la foulée directeur général de la police nationale. Depuis, il n'a fait que grandir jusqu'à devenir Secrétaire général de la présidence de la République avec Sarko. Un regret cependant : le refus de Jacques Chirac de le nommer Préfet de police de Paris !
Ministre de l'intérieur, poste où il succède à Brice Hortefeux, le célèbre auvergnat, tellement ému par cette passation de pouvoir qu'il oublia sa femme au ministère en quittant les lieux comme un voleur, Claude Guéant à très vite montré que s'il était le fonctionnaire idéal, corvéable à souhait, tout au service de son maître du moment, il en va différemment quand il s'agit de quitter l'ombre pour la lumière et devoir affronter du même coup le feu des projecteurs. Que fait-il de méchant ? Rien que nous ne sachions pas : il applique les consignes de son chef, tout comme son prédécesseur...
Son entrée en matière à propos de l'immigration avait même fait tressaillir Marine Le Pen en personne. A tel point qu'elle qu'elle était convaincue à l'époque que sieur Guéant, visité par « la grâce », aurait pu devenir « membre d'honneur » du FN !...
Homme de devoir soumis aux consignes, il a en quelques déclarations hissé le mouvement présidentiel à son meilleur niveau. De la France aux français, aux « pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale », il résume merveilleusement la pensée du président Sarkozy et celle d'un homme que la psychanalyse ne peut sauver :
« La psychanalyse est un remède contre l'ignorance. Elle est sans effet sur la connerie », disait Jacques Lacan.
Sous l'casque d'Erby
Bonsoir les caillardeuses et les caillardeux. Oui, je sais, c'est petit, c'est local, mais ne parle-t-on pas de solutions locales pour désordre global ? La bonne soirée à toutes et à tous.
RépondreSupprimerUn global, des globos. Le sieur Guéant Vert vaut son pesant de pop corn. D'ailleurs, il faut se méfier des corn.
RépondreSupprimerBonsoir Jean-Claude. La forme ? Chouette, mon billet sur Nemtsov publié sur Agora : Exécution de Nemtsov, crasse dans la peau et mémoire courte
SupprimerSalut Rodo... pour moi c'est un peu mieux. En tout cas, pour le moment les détracteurs sur Agoravox sont majoritaires.
SupprimerJ'ai vu et répondu au troll de service. Ben, quand t'ira mieux, vient par ici, l'air est frais.
SupprimerBref, un homme admirable ! Sensible à l'art pictural ;-)
RépondreSupprimerUn vrai tagueur !
SupprimerJe reconnais dans ce guéant portrait tout le talent de l'écrivain et auteur de "il faisait encore nuit"...
RépondreSupprimerA la lecture (excellente) du portrait on se rend compte que nos ministres de l'Intérieur, présent ou passés, on plein de choses en commun. Devraient former une amicale ces gens-là
RépondreSupprimerA peu de choses près le sketch "langue de bois" africain de la video du jour pourrait se passer ici!!!
RépondreSupprimerAh, la belle surprise ! Deux pour le prix d'une ! Après mon premier commentaire, ai ouvert la boîte aux lettres et découvre "Le déshonneur des poètes" de Benjamin Péret, accompagné de "L'Etat n'est rien, soyons tout, de Raoul Vaneigem. Mais c'est Byzance !
SupprimerMerci Rémi. De côté pour lecture et notes plus tard.
Bonsoir les amis. Pour cause de bricolage, je n'ai pu participer davantage aux commentaires, pareil pour les jours à venir. En tout merci pour votre participation. Le sketc en vidéo du jour : tordant. J'avais chopé ça via les moutons.
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