lundi 15 décembre 2014

Préface de l'essai « Œuvrières et Œuvriers »

l'auteur répond à la jeune fille                        photo de Jean-Philippe Hemery
Après vous avoir donné l'une des dernières pages de mon essai en cours de finition, en voici le prélude :

Une jeune fille m'interroge :


Comment vois-tu, vieillard, que marche notre monde actuel ?

Il boîte, douloureusement, de pire en pire, marche à la va-comme-j't'pousse...

Mais qui le pousse ?

D'antiques traditions et mœurs qui l'aveugle et la moderne mafia de malfrats terroristes qui l'attaque et l'affame... en gangs rivaux, aveugles suicidaires.

C'est pire que dans ta jeunesse ?

C'était pas beau. 14-45, Shoah-Hiroshima, Guerre Froide ! et Israël continue !

On a donc rien appris ?

Si ! On en sait de plus en plus, individuellement, sans encore courage collectif de comprendre, d'oser. Alors que ''ça urge'' : la planète Terre est en danger !

Il y a pourtant bien des tentatives dans ce sens...

Oui. Je suis optimiste sur la belle créativité de l'intelligence collective. Zones libérées, mouvements autonomes, sans paternalisme ni productivisme...

Mais alors...

Alors les générations se succèdent, les portes ouvertes autrefois se referment, par alliance de fait entre mafias modernes au pouvoir et poids de nos antiques mœurs de soumission. D'autres portes s'ouvrent un temps de liberté locale et provisoire, puis ''on se laisse avoir'' par la Bête. Son ''Big-Money First'' !

La Bête ? : le capitalisme mondial ?

Oui, allié aux traditions obscurantistes d'éducation de la jeunesse, l'odieux respect de vieilles mœurs qui acceptent l'inégalité sociale comme une fatalité. Ce pouvoir tolère un temps nos conquêtes, tels la fin juridique de l'esclavage et du colonialisme. Puis il fait pire, en prolétarisant une grande partie du monde paysan, transformant l'autre en consommateurs. Souvent aliénés de la conscience d'être les mêmes hommes, libres chacun et égaux socialement.

Donc, te voilà pessimiste !

Non. Inquiet, très. Mais optimiste-inquiet car ne cesse de s'inventer l'Espoir. Luttes sociales multiformes, créations collectives nouvelles dans leur esprit, qui s'affrontent à la Bête... et parfois à d'autres inquiets bien trop pessimistes-individualistes, démoralisants. C'est aussi pour eux, mais surtout pour ta génération que j'écris cet essai. Car tu es œuvrière, bon vent, bon à-venir !




NOTE – Cet échange de questions-réponses est imaginaire et réel :




Réel car je l'ai pratiqué du temps où c'est moi qui posais, jeune, des questions à des vieux, jusqu'au contraire à présent. Aussi bien face à des hommes qu'à des femmes. Et il se trouve que ce sont des femmes, souvent, qui m'ont plus appris ou à qui j'ai plus appris : enrichissement mutuel !

Imaginaire, ce dialogue m'habite tout au long de mon essai : Que tu me connaisses peu, prou ou pas du tout, saches, lectrice et lecteur, que tu ne me quittes pas ! Et qu'importe que tu sois mon contemporain ou plus jeune, plus savant ou plus ignorant que moi... entre œuvrières ou œuvriers !

Sous l'casque d'Erby 

10 commentaires:

  1. Bonsoir les caillasseuses, les caillasseux. Entre fiction et réel ou l'incursion brutale du vécu dans le réel, j'ai fait ce que j'ai pu avec la mise en page, le diable me pardonne, blogspot n'acceptant pas toujours les caprices et les envies éditoriales de ses rédacteurs, malgré des conseils répétés... Cela étant, cette histoire est aussi vraie que nature ! Bon dieu, oui !

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    1. Bon, je te pardonne - puisqu'il paraît que je je suis le diable... m'a dit une dame "témoin-de-Jéhova"!

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    2. Eh Rem, tu lui as fait le coup qui m'avait bien amusé, il y a... pas loin de 30 ans ?
      J'"étais un samedi à la maison, en hiver. Coup de sonnette, je sors à la barrière. Un homme de 40 ans et sa fille de 7 ou 8 ans. Il déballe son baratin, je lui sors le grand jeu de l'inexistence de dieu, preuves à l'appui. La petite comédie dure un bon quart d'heure, de part et d'autre de la barrière. Quand ils repartent enfin, je retourne me mettre au chaud : ce jour-là il gèle sérieusement.

      J'espère que la fille en aura voulu à son père !

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  2. Superbe, la photo d'illustration. Merci Jen-Phi !!!
    Quant au Erby, plus raccord, tu meurs !

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    1. Rappel : l'ami photographe Jean-Phi a son site photo "Boulevard de la Fraternité", superbe de réalisme : voir au bas de la colonne de droite.
      Erby raccord ?... bon d'accord, mais qu'il nous laisse encore un le droit de vivre chaudement vêtus... et bavards - cf. photo et texte!

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  3. Œuvriers, travailleurs de l'esprit ! Je suis hanté : l'avenir, l'avenir, l'avenir !
    Je ne sais plus qui avait dit : "La différence entre la meilleure abeille ouvrière, et le plus mauvais maçon, c'est que le maçon a d'abord la maison dans sa tête."

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  4. Ah, quelle magnifique photo intergénérationnelle ! Je serais bien venue taper la discut' avec vous ! C'est une très belle préface qui te sied à merveille Rem*. Cela me fait penser à un proverbe africain qui dit quelque chose comme : une vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle... Au delà de ce que tu dis, et l'espérance optimiste que tu insuffles à tes lecteurs, il y a cette image de transmission intergénérationnelle qui me tient particulièrement à coeur. Nos jeunes ne prennent plus toujours le temps d'écouter ce que "les pauvres mains racontent" (Brel)... Et dans un de mes très rares contes que tu avais commenté chaleureusement (http://chezelly.blogspot.fr/2014/05/un-ptit-coin-de-provence.html), je mets également en scène un vieillard et une petite fille... Tout un symbole !
    Hâte de lire ton essai publié :-)
    Et le dessin d'Erby est un délice !
    Bonne journée à toutes et tous !

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    1. J'ai été relire - avec joie! - ton beau "conte provençal" et les commentaires...
      Merci de ton commentaire ci-dessus, élogieux, mais peut-être prématuré : le bouquin ne sera disponible qu'autour de mi-janvier, patience...

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  5. Superbe photo
    où le charme fait son oeuvre
    (mais pas le boulot)
    rayures pour affiner la ligne imaginaire
    (mais pas Maginot)
    et manteau
    à ne jamais se tenir à carreaux.


    (Voix off)
    Quand j's'rai grand j'veux le même papi

    :-)

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