dimanche 31 août 2014

Dimanche zyzycal - JAMES CARTER

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Né le 3 janvier 1969 à Detroit (Michigan, Etats-Unis).


Il y a bien longtemps qu'on n'avait pas vu débouler sur la scène du jazz un saxophoniste doué d'une virtuosité aussi étourdissante et possédé par une telle frénésie de jouer. C'est une évidence : ce jeune homme natif de Detroit – ville très spéciale dans la géographie musicale afro-américaine – d'emblée fascine et impressionne par son encyclopédique culture du jazz. Court-circuitant gaiement toute l'histoire du saxophone, il réconcilie dans le feu de son jeu, Coleman Hawkins avec John Coltrane, Ben Webster avec Albert Ayler. Jouant de sa prodigieuse mémoire, il connaît sur le bout des doigts tous les grands et petits maîtres, même les oubliés comme Chu Berry, Don Byas, Buddy Tate, Eddie Lockjaw Davis. Avec une désinvolture savante, sans l'ombre d'un pastiche, cet athlète des anches a décidé de mettre en mémoire tous les styles et de dévider tous les répertoires avec une impétuosité toute gourmande.
Son jeu nomade affirme le droit à une liberté de circulation entre les sons et les époques. « Je ne cherche pas à brouiller les pistes mais je refuse, proclame-t-il, de me laisser enfermer dans une image. L'impossibilité de classifier un artiste, c'est le secret de sa longévité ».
Quant à sa technique, dire qu'elle est phénoménale est un euphémisme. Justesse, précision, vitesse, tout y est. Tournoiements de registres, couinements subtils, claquements de langue staccato, allers et retours vertigineux du grave à l'aigu, grands écarts harmoniques, rien ne manque. Pendant un solo, les notes peuvent s'éparpiller furieusement de son sax pour tout à coup se rassembler, comme le mercure, en un son énorme, un souffle fou chaudement coloré de musique. De la langueur onctueuse au free frénétique, rien ne l'effraie. C'est que ce diable de jazzman aime prendre tous les risques. C'est avant tout un « saxomaniaque », un collectionneur, historien et réparateur fou de saxophones. Du sopranino au baryton, bien sûr, mais aussi du plus rare, le « freak » comme il l'appelle, un Fmezzo (instrument entre le soprano en si bémol et l'alto en mi bémol qui ne fut fabriqué par la forme Conn qu'entre 1928 et 1930), au plus gros, le basse à qui il sait donner comme personne l'ivresse des profondeurs. « Je crois honnêtement qu'une personne n'a pas commencé à vivre tant qu'elle n'a pas joué du saxophone basse. »


Merci à Roland Schlachter qui a donné le lien à Martine pour Cailloux dans le Brouill'Art.



James Carter Organ Trio - Jazzwoche Burghausen 2004
 


Sous l'casque d'Erby


6 commentaires:

  1. Bonjour les caillasseux. Temps indolents. Il fait beau et si ce n'était la misère, la haine et la violence, partout, partout, on se sentirait heureux à un point qu'on n'imagine pas.
    Beau choix musical pour ce premier dimanche de reprise. J'adore le Erby du jour, pas vous ?

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  2. Les solos de ce saxo sont exceptionnel , bonne écoute !

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    1. Tu m'encourages, M art IN, à aller écouter ce saxo pour tout à l'heure, je m'en régale d'avance. Mais là, le virus de la plume m'ayant soudain repris, je viens enfin de mettre la dernière retouche à un nouveau texte... et je n'ai toujours pas pas bouffé...

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    2. En tris fois - quand même... - j'ai tout écouté-vu ce concert magnifique : quel trio de virtuoses inspirés! Quel beau dimanche !, merci, les amis...

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  3. Salut les p'tits copains. Je n'arrive que maintenant sur les cailloux, bien occupé ailleurs il est vrai. De plus je muis couché presque à 3 heures du mat', en communication avec Eva que j'étais. Elle a 3 bouquins en train, son roman qui va être diffusé chez Lulu.com, le document d'où il est tiré, et son autobiographie que Fayard avait déjà hésité à publier il y a une trentaine d'années (c'est son "jeune âge" qui les a incités à différer ce projet). Il faut dire qu'on a beaucoup à "gueuler" quand on a volontairement vécu avec les clochards, les Gitans, les Indiens de l'Amazonie profonde, côtoyé des fous, mais aussi (dans son enfance) frayé volontairement ou non avec "les petits marquis et les grandes duchesses" du XVIe arrondissement.

    Pour son étude "Au cœur de la pègre américaine", voici un extrait de l'introduction.
    Chantal Dupille a fait trois séjours aux États-Unis, deux mois en 1964, puis en 1981 et 1984, cette fois en s'immergeant au cœur des ghettos américains, particulièrement à New York. Toutes les portes lui ont été ouvertes, même les plus impénétrables grâce à la Police qui s'est mise totalement à sa disposition (consultation d'archives privées, accompagnement de patrouilles...) ; elle a aussi bénéficié de l'appui de missionnaires évangéliques, et d'intervenants locaux les plus variés. Le résultat : un reportage, un témoignage et un document choc aux accents parfois sociologiques. En raison de l'actualité incertaine, pour gagner du temps elle n'a pas présenté ce titre aux éditeurs, et s'en est occupée elle-même.

    Quant au roman, elle le présente ainsi :
    Chantal Dupille publie son premier roman, basé sur des faits réels. Elle a rencontré à New York, dans le Bronx, Mikaël, qui venait juste de se convertir la veille de l'extermination de son gang. A travers lui, c'est l'histoire d'un gang de rues dont tous les membres meurent les uns après les autres. Bref, un roman à la fois document sur l'envers du rêve américain, et polar original !

    Tous ces bouquins seront disponibles désormais (dans les 2 ou 3 semaines qui viennent, voire plus tôt pour les 2 concernant les gangs US) chez Lulu.com.

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