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Je laisse les lanceurs de mots d’ordre à leurs affaires. La lecture est un besoin vital en toute saison. Voici mon livre du jour, relu cet hiver, ou à l’automne, ou peut-être au printemps. Je partage les sensations en cet été vitaminé !
Un livre en vrac ou la pensée fragmentée. Voici un journal plein d'une formidable jubilation. Un endroit dans lequel le terme « modestie » et autres synonymes sont proscrits. Pas proscrits à la manière dont on bannit quelque chose ou quelqu'un, parce que cela importune les bonnes mœurs ou agace le potentat. Aucun tabou là-dessous.
Dali ignorait la signification du mot tabou, tout comme il ignorait la modestie. Ici, nous sommes dans la sublime surprise du plaisir mégalo. Le lecteur ne lit pas, il absorbe, ou va son chemin, moulinant avec vigueur l'index sur la tempe, prenant l'auteur pour ce qu’il est : un fou !
Le lecteur que je suis, a devant ses châsses le « Journal d'un génie ».
Le regard curieux et souvent complice de celui qui découvre et non l’œil accusateur de celui qui juge. Je suis portion et je suis néant. Je suis l'accent circonflexe qui chapeaute l'univers et ses complexes, aurait pu écrire (et il l’a fait) Salvador Dali sur la toile tendue d'un monde prosterné ou agacé par son immense talent !
Une mégalomanie absolument virtuose. Car qu'y avait-il de plus sublime que Dieu dans la pensée de Dali ? Dali lui-même ! Dali était un croyant de l'absolu. Quand Dali se mettait à imaginer une religion, il faisait plus qu'y croire, il remodelait la religion jusqu'au son paroxysme mystique, jusqu'à ce que la croyance devienne son artère principale, la rivière et les affluents de sa circulation sanguine.
Quand il avait été convaincu de la nécessité de devenir surréaliste, il savait à l'avance qu'il serait le premier et le dernier surréaliste. Dali était le roi de la boucle.
Quand il lit Auguste Comte, à la recherche d'un appui pour une nouvelle religion qu'il envisage de soumettre à André Breton, passablement irrité par le fourmillement mégalomaniaque de l'individu, Dali ne fait pas que lire Auguste Comte, il est déjà en train d'affiner les méandres de sa dialectique. Il bâtit l'édifice d'une religion ne pouvant souffrir la moindre contestation.
Un jour, alors qu'un grand journal lui demandait sa définition du surréalisme, il répondit avec une simplicité absolument désarmante : « Le surréalisme, c'est moi ! »
Plus tard, dans le livre de notes, je lis ceci et je me marre jusqu'aux larmes : « … Je suis le seul à le continuer (le surréalisme). Je n'ai rien renié et, au contraire, j'ai tout réaffirmé, sublimé, hiérarchisé, rationalisé, dématérialisé, spiritualisé. Mon mysticisme nucléaire présent n'est que le fruit, inspiré par le Saint-Esprit, des expériences démoniaques et surréalistes du début de ma vie. »
Même Dieu (son alter ego) semble confus par le talent de ce trublion de génie. Au point qu’il se demande jusqu’à quel point il en est le Créateur. Comment voulez-vous, dès lors, que Dali puisse être encarté par une autre religion que celle de son génial égocentrisme ? Dali est à son propre service et cela suffit à notre bonheur.
En lisant Dali, on se demande qui a créé qui, tant la relation est naturelle et simultanée. Ici pas de place pour les demi-mesures. Le fil électrique de l'inconscient électrocute sans pitié tout esprit craintif. Une seule certitude chez ce génie paranoïaque : la conviction profonde de jeter un pont entre les rives tumultueuses de la conscience révolutionnaire. Il n'y a aucune gêne à entendre un homme dire ce dont il est capable avec le plus grand naturel. Surtout quand dans la minute suivante, il vous le prouve.
Un homme qui parvient à se pasticher, voltigeant d'une idée à un concept sublime avec une rapidité d'exécution stupéfiante, ne peut qu'inspirer le respect. Le phénomène est assez singulier pour qu'on salue la performance.
Dali est cet homme et cette sphère. Avec lui, nous naviguons dans le sublime, la conscience formidablement secouée. Persuadés que quelque chose de grandiose a traversé et marqué de son sceau le ciel de notre médiocrité quotidienne.
Savoir que l'humilité ne fait pas partie de ce voyage extraordinaire est chose rassurante. Nous voici soulagé d'un poids et de sa culpabilité. La culpabilité d'un monde et d'un système religieux à la fois « sadique, masochiste, onirique et paranoïaque. »
Au pays des génies, le maître choisit ses propres termes et ignore le reste.
Sous l’Casque d’Erby
Chose promise, chômedu ! Notre ami Rodo nous offre Dali en couleur, en pleine saveur et en vraie grandeur — et ce n'est pas rien ! — ce qui est excellent un jour de cas tau RZ en plein Messidor sous le soleil exactement !
RépondreSupprimerLà-dessus, j'attends un peu avant de prendre un deuxième café : ne pas abuser des bonnes choses !
JC
Salut JC. Aujourd'hui, tu dames le pion. Pour ma part, j'ai drastiquement réduit ma consommation de café. J'en prends un, deux max, avant de passer à l'infusion, thym, citron, miel, gingembre. Le gingembre, je l'ajoute. Délicieux et désaltérant. Mais ça fait pisser !
SupprimerLe bonjour aux passantes et aux passants. Tout le monde, ou presque, parle de la même chose. A savoir, la ruine du pays par des bandes, organisées ou pas. Téléguidées ou pas. Mais il n'y a rien de spontané dans ce chaos. Tout est fait pour qu'il en soit ainsi. Du coup, tout seul dans mon coin, je cultive ma différence sans prétention, avec le souci d'épanouir ma culture. J'espère qu'il en est de même pour vous. Le "bon" défilé à tous.
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