mardi 11 avril 2017

Au Faisan Doré

C’est vacances de Pâques. Le printemps n’est pas naze, bien au contraire. Ça bourgeonne à tout va et ça bronze itou. La nature vous explose la libido que c’est miracle. Pour un oui, pour un non elle vous envoie outre-galaxie que c’est plaisir à voir et à sentir. Même si parfois la joie n’est pas au rendez-vous du point du jour c’est un point qui ne se discute pas.
Quand je dis cela, je ne parle pas d’élections. Car à la différence des printemps dont la bonne surprise ne lasse pas, les élections sont, elles, toujours aussi pourries. Tellement prévisibles, tellement corruptibles, qu’on se demande comment on peut atteindre un niveau aussi sidéralement bas avec un tel détachement. Comme si l’humain n’était qu’un robot dépourvu de sentiments, un ensemble de pièces programmé pour applaudir une fois le boniment débité.
Cela me fait penser au lâcher de faisans lors de la saison de chasse. Le volatile se faisant rare, désormais on l’élève en batterie en respectant certains quotas afin, dit-on, de protéger l’espèce et de faire plaisir aux chasseurs qui se livrent, en tenue camouflage et meute de clebs glapissante, à une véritable orgie sanguinaire lorsque les pauvres bêtes sont lâchées en plein champ, un carré de plastique blanc autour du cou pour ne pas les confondre avec celles de leur espèce vivant à l’état naturel.
Ayant été « domestiqués », nourris par la main criminelle des éleveurs, l’instinct de reconnaissance de l’animal fait qu’au lieu de prendre la poudre d’escampette et de profiter d’une liberté qui leur tend les bras, nous assistons à des scènes ubuesques. Au lieu de s’envoler pour préserver un plumage magnifique et de se reproduire avec des congénères sauvages, ils s’en viennent docilement au pied de celui qui pendant l’année les a si bien traités, ce qui provoque la colère du chasseur qui ne s’attendait pas à ce type de comportement de sa part. Le Rambo étant là pour avoir sa part d’aventure, son pourcentage d’exercice et son plein d’émotions, est fort marri. Comment se résoudre à lui tirer dessus à « bout touchant » ? Outre que cela est interdit – quand même ! – que va-t-il rester de la bête pour la déguster en famille, faisant le récit de cette extraordinaire partie de chasse ?... Alors on l’oblige à prendre son envol à coups de pieds, à coups de bâtons, à grands cris épouvantables pour qu’elles daignent enfin de se mettre à distance optimale afin de se faire plomber comme la loi et la morale l’exigent.  
Tout juste si la pauvre bête ne se saupoudre de sel, de poivre, réglant le thermostat du four à la bonne température et se mettant à rôtir, attendant gentiment la fin de l’apéro pour se faire tortorer...

Sous l’Casque d’Erby




18 commentaires:

  1. Le bonjour aux caillardeuses et aux caillouteux. Loin de moi l'idée de nous prendre pour des faisans. Bien que, tout bien pesé...

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  2. En m'abstenant de voter, après avoir été autant que possible rebelle à l'élevage domestique, j'espère ne pas être "faisandé" par le tir d'élections "dé-mo-cra-ti-que-tique-ti-ques" de l'Ordre établi...

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    1. S'abstenir est une façon de chercher le repos sans pour autant trouver la paix. Ce qui, en langage commun se traduit par la lutte continue.

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  3. La politique sent le faisandé à un point incommodant. Du moins la politique politicienne.

    Mais la politique n'est pas que cela : c'est l'art de décider ensemble de la vie que nous voulons avoir. Il y a deux jours, je suis allé à Notre Dame des Landes, dans une ancienne ferme reprise par les zadistes artistement (c'était à la Wardine, l'un de ces si nombreux lieux aux noms parfois improbables comme Kazh Koat ou la Chat Teigne). Nous avons parlé de l'irruption de l'informatique dans la vie de tous, de nombreux participants (ils venaient d'un peu partout en France sous la bannière d'Écran Total) ont apporté leurs témoignages parfois fort érudits.

    En-dehors des discussions, pas un son dans cette grange hormis les commentaires des hirondelles qui nous survolaient souvent : il y a bien 40 ans que je n'en avais plus revues ! Loin du monde, près des humains.

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    1. Le bonjour Jean-Claude. Evidemment que je partage tes vues et je fais au quotidien ce que je peux pour que ce monde ne soit que cela. Hélas trois fois, de Nuit Debout à d’autres mouvements alternatifs, où je croise, discute et rigole avec des copains branchés sur la même longueur d’ondes, je reste souvent sur ma faim. Bien sûr, si la satisfaction est là, pour le reste nous sommes bien perdus. Que faire alors, baisser les bras ? Absolument pas ! Mais pas non plus se boucher les yeux au ciment rapide, ce que tu n’as pas fait, je le sais. Cette intervention d'Emmanuel Todd en révèle une partie

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  4. J'aime quand tu manies la métaphore ^^
    ¸¸.•*¨*• ☆

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    1. Merci Jean Claude ! En vidéo du jour de suite. Ils ont tout bon, les "salauds" !

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  6. Perso j'apprécie beaucoup de sketch des chasseurs des "Chevaliers du fiel"... Ils ont tout bon eux aussi si j'en juge le comportement de certains viandards cévenols, bien plus occupés à se pochtroner et à farcir de plombs
    les panneaux de signalisation routière, qu'à chasser dignement comme le faisaient nos ancêtres, pour qui c'était une question de survie !....

    Ce " faisan ".... Je n'irai pas voter non plus !

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    1. "Il n'y a pas un sur cent et pourtant ils existent..."

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    2. "... presque tous espagnols, allez savoir pourquoi !"...
      et à propos de ce 1%, si vous avez loupé (ou voulez revoir) le bon film sur ARTE : "Ni Dieu ni Maître, une histoire de l'anarchisme", voilà un lien (et une présentation critique) :
      https://florealanar.wordpress.com/2017/04/12/a-propos-de-ni-dieu-ni-maitre-une-histoire-de-lanarchisme/

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    3. Je me suis donc posté devant la téloche pour regarder cette histoire mondiale de l'anarchisme, fort bien conçue. En fait, il s'agissait d'une rediffusion. Je l'avais déjà visionnée il y a un bon moment, dans le cadre d'une conférence sur "la disparition de la classe ouvrière" par un militant de la CNT, chez Constance, à Plougrescant. Pas grave, je l'ai re-regardée avec autant d'intérêt.

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  7. Quand je vois ce que subit Melenchon de la part des médias du cac40 depuis quelques jours, je ne m'abstiens pas de rire et d'espérer voir certaines tronches déconfites...

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    1. BHL, spadassin de Macron, a déclaré chez Ruquier que si Méluche était élu il quittait la France. Un effort les français : débarrassons-nous de cette tumeur !

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    2. Rien que pour ça, la tumeur-BHL, je serais d'humeur à voter Méluche (quoique l'entarteur Godin s'occupe déjà bien du "cas"; et ce départ le priverait d'une cible familière...)!
      Mais voilà : j'avais déjà de fortes réticences envers ce vieux ch'val de l'écurie politicienne, adepte du productivisme et, en fait, de toute une tradition franchouillarde sociale-démocrate forte en gueule (il en a, oui!!!)et faible dans les faits (de Léon Blum à Guy Mollet et aux 2 François, Mitterrand et Hollande)... donc NON à un nouveau Tsipras...
      Mais voilà : à Marseille-sous-les-drapeaux-tricolre-va-t'en-guerre, son lyrisme démago sur le thème de "La Paix-La Paix-La Paix" m'a carrément débecqueté : c'est de la sauce à noyer le poisson, du genre (dans mes années noires de trouffion) du PCF gueulant "Paix en Agérie" et, en fait, poussant les conscrits à ne pas s'INSOUMETTRE, donc à aller faire la guerre coloniale...
      Alors, merde aux guerriers BHL ou JLM, les cocoricos et leurs marseillaises (pas les frangines de Marseille, OK!) n'auront pas mon petit bulletin...: c'est dans la rue que l'on ouvrira l'avenir... avec luttes légitimes sinon légales!

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  8. Oyez ! Oyez ! Voici que s'avance un délicieux revenant, délicieux par son humour même si l'on ne partage pas forcément ses choix et ses idées. Il me paraissait important de le signaler ici. Voici quelque six mois qu'il n'avait pas écrit, tout de même. Bienvenue à Pangloss chez "les Caillax", comme dirait mon fils.

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    1. Salut JC, avant et après. Je venais à peine de planter deux plants de roses trémière noire dans le jardin que je tombe sur ton commentaire et le lien vers la chronique du Fourbe. Formidable ! Du coup je l'ajoute à la liste de blogs, sans coup Fait Rire.

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