mercredi 16 septembre 2015

Quand le « socialisme » à la française tient la chandelle

Illustration M art'IN
Crains la faim, cela vaut mieux
Qu'avoir peur des affamés.
Crains la nuit devant tes yeux
Mais pas la clarté.
BRECHT

Pour les gens de peu, de plus en plus nombreux, il y a Leboncoin, la mine des « bonnes affaires » qu’on utilise pour tirer la charrette de la vie quand on n’a pas les moyens de s’offrir du neuf. En politique, les ventripotents de la haute, une minorité, ont Lebonplan, lequel consiste à vendre du périmé au prix fort. On nous fait des promesses de gauche et on gouverne à droite, voire davantage, sans le moindre remous de conscience, puisque leur métier n’est que fourberie.  
Ils sont contre le racisme, ils ouvrent la boîte de Pandore. Ils sont pour la démocratie, mais à la stricte condition que l’individu prenne la place du petit poisson rouge dans le bocal. Ils sont pour l’environnement, mais ils militent pour la fracturation hydraulique « contrôlée », une manière cynique d’imposer progressivement l’exploitation généralisée. Ils sont contre la guerre, ils la préparent par la manipulation mentale et la font là où ils la veulent. Elle est tellement plus belle vue du ciel ! Car, désormais, c’est par les airs qu’elle se fait, ainsi pas de traces de corps désintégrés, de sang projeté sur les ruines et des pertes en hommes et en matériel si elle avait lieu au sol. Ils sont contre l’armement à outrance, la France cherche et trouve chaque jour des nouveaux clients, sans ignorer à qui et à quoi serviront ces joujoux, enregistrant des records de vente en 2014 et probablement en 2015...
Ils sont contre la spéculation, ils s’apprêtent à nommer l’ex PDG de la BNP-Paribas (un chômeur de moins à comptabiliser dans les statistiques, un véritable triomphe social) gouverneur de la Banque de France. Ils sont contre la misère sociale, ils travaillent comme des malades en faveur du TAFTA  pour faire de l’humain une marchandise, autrement dit un esclave ! Ils sont, qu’ils disent, pour l’avènement d’un « homme nouveau », et ils le prouvent chaque jour en pratiquant la culture intensive du « traumatisme émotionnel » dans le but de biffer des esprits toute intention subversive pour que règne enfin un Nouvel Ordre Mondial, ce vieux rêve du « capitalisme du désastre », comme le dénonce avec vigueur depuis des années Naomi Klein dans « La stratégie du Choc », peu importe si pour cela on fait de la vie un désert.
Ils sont pour la « Paix Sociale », faisons la guerre à ces criminels en col blanc !

Sous l’casque d’Erby


9 commentaires:

  1. Bonjour aux caillardeuses et aux caillardeux. Pas moyen de vivre en paix ! Va falloir pourtant qu'un jour tout cela cesse !
    La bonne journée.

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  2. Bien dit...
    Un beau démontage de la novlangue et du cynisme des politiciens aux affaires.

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  3. "Et dire que chaque fois que nous votions pour eux
    Nous faisions taire en nous ce cri : "ni dieu, ni maître!"
    Dont ils rient aujourd'hui puisqu'ils se sont faits dieux
    Et qu'une fois de plus nous nous sommes faits mettre."
    (Renaud Séchan)

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  4. Excellent pamphlet Rodolphe... Qu'ajouter ? Qu'on reste le poil hérissé par chaque annonce des turpitudes de ces machiavéliques...

    Odile

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  5. Encore un qui n'est pas complètement convaincu par un Jean-Marie Le Guen fort marri de voir la victoire de Corbyn à la tête du Labor... On est très nombreux finalement. ;o)

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  6. Je rebondis sur Corbyn... avant-hier, sur Arte : 28' (où, sévit, depuis la rentrée, Arnaud Le Parmentier -grand pourfendeur de Grecs branleurs- dans son torchon, en plus de l'éternel Quatremer -lui aussi pro UE à fond surtout pour clouer les gauchissses grecs au pilori et pleurer parce que le café coûte très cher au Pelion, petit paradis grec de la Chalcydique où il a passé ses vacances après avoir dégommé les Grecs corrompus tout le mois de juillet-.
    Donc, A cette émission avant-hier, un des invités (ni Le Par ni Quatremer), a dit haut et fort que Corbyn était un islamiste (en fait, Corbyn soutient les Palestiniens)... donc la campagne pour dégommer ce "vrai gauchiste" qu'est Corbyn a commencé en France. La presse a réussi avec Mélenchon, elle a réussi en juillet avec la "crise grecque" (à l'aide de Schaüble et des autres super-démocrates de l'UE... Maintenant, elle est dans les starting-blocks avec Corbyn.
    Nos élites ne seraient rien si leurs valets n'étaient pas aussi serviles. Aucun d'eux ne veut partager leur soupe de ttes façons.
    Clomani

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  7. Ô combien juste est la conclusion de ce billet, mais combien difficile est la voie à suivre. Que de statues à déboulonner, de droite comme (encore de) gauche. Certains voyaient - il y a peu - Tsipras en nouveau messie. Les faits montrent que ce n'est qu'un politicard parmi les autres... D'autres croient encore en Mélenchon ou en Corbyn... en attendant que le "réalisme socialiste" et/ou le "carriérisme" ne les amène à reculer une fois, deux fois... sur leurs pseudo positions radicales. Une certitude : le salut ne viendra pas d'un quelconque sauveur suprême mais d'une réel prise de conscience par l'ensemble des citoyens que d'autres formes de gouvernance sont possibles. Le pot de terre contre le pot de fer, sachant, histoire de se remonter le moral, que le pot de terre est nombreux et... (je l'espère) imaginatif. Quant à 28' ce n'est qu'un talk show de plus (voilà que moi aussi je me mets au franglais). Ce qui compte c'est d'être vu et de préparer la vente du bouquin que l'on vient ou que l'on va écrire. Merci en tout cas pour cette analyse brillante !

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  8. Superbe indignation, Rodo. J'étais plongé dans la lecture du dernier Todd, en vue d'un avis à donner à des copains. J'ai pu d'ailleurs constater que des torchons comme le Point et l'Express s'ingénient à descendre ce document en flammes : il ne doit pas leur plaire ! Du coup, j'en ai fait un .doc pour pouvoir griffonner à l'aise sur une copie sacrifiée. L'imprimante est en train de rougir. Je ne suis d'ailleurs pas d'accord sur tout, car il sort le terme antisémite un peu partout, sans en donner SA définition (qui n'est probablement pas la mienne). Je suis surpris que les religions aient une telle importance : en t(out cas, pour lui elles en ont. Et tout cela à propos du défilé Charlie du 11 janvier, et de la foule que j'avais croisée dans le hall de la gare en me gardant bien de la suivre. Encore un jour où je rentrais de Saint Denis, qui, lui, était particulièrement calme.

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