lundi 18 mai 2015

Sue Venning, artiste protéiforme




Membre de l’ArTche des sens ayant participé à l’exposition du mois de décembre 2014 à Perros-Guirec, Sue Venning est une artiste protéiforme au talent égal, quel que soit le registre dans lequel elle s’exprime.
Après des études d'art à Plymouth et à Londres, Sue a illustré des Muppets et réalisé des décors de films. Elle a aussi turbiné pour la téloche ou participé à la création de spots publicitaires.
Aujourd'hui, elle vit et travaille à Hénanbihen, dans les Côtes d’Armor.

De la sculpture à la peinture, Sue aime, en outre, utiliser les débris que la mer charrie et dépose sur les grèves comme autant de natures mortes, qu'elle saisit presque pieusement (coquillages, algues, bois mort, filets, plumes d’oiseaux…) pour usiner des créations singulières que le regard accueille avec plaisir. L'utilisation de ces matériaux a une place de choix dans son esprit, car Sue Venning reste attentive au respect de la nature, rappelant chaque fois que l’occasion lui est donnée d'affirmer que sa « démarche artistique est d’abord écologique »… Et, forcément, la terre façonnant l'humain et réciproquement a dans son travail une place de prédilection !

Mais le mieux est que nous écoutions ce qu'elle dit sur ces visages de cette terre que nous vous présentons dans cette page :

« La mer, la roche, le vent et la pluie ont façonné le paysage breton et la population rustique qui l'habite. Les plus anciens y ont vécu des périodes de bouleversements, voyant les charrues à chevaux et le dur labeur physique faire place à notre vie d'intérieur actuelle, dominée par l'automobile, la télévision et l'ordinateur.


On est saisi par la beauté de ces visages de vieilles dames marqués par les éléments, en ces temps où l'on tolère de moins en moins les rides et où les écrans et le papier glacé nous imposent le regard sans expression de figures au botox. Je suis fascinée par le contraste entre ces visages habités et les coiffes d'une exquise délicatesse, à l'origine simples bonnets et écharpes ayant évolué vers des créations toujours plus fantaisistes et décoratives, chacune propre à son village ou sa commune.







J'attache une importance au fait que les têtes sont faites entièrement de matériaux naturels, trouvés en Bretagne. J'ai expérimenté l'utilisation de la boue résultant de la digestion des vers de terre, laquelle est finement filtrée et étonnamment spongieuse. Les vers ne la produisent qu'au printemps et en automne - périodes que je passe pliée en deux, avec mon seau. Après avoir pétri et mélangé la boue en une grosse boule, je travaille simplement avec quelques outils pour faire apparaître les têtes, et je laisse différents caractères s'exprimer au gré de mon humeur et de mon attitude. Ensuite je les laisse sécher à l'air et, comme cette terre est pleine de vie, des graines germent, de petits vers éclosent et créent des rides, des crevasses apparaissent puis réduisent à environ deux tiers de la taille réelle.








La marque des éléments naturels sur ces sculptures se fait l'écho de l'altération des visages bretons qu'elles reflètent. Les coiffes sont toutes faites d'après les formes et styles traditionnels mais au moyen d'algues séchées, de squelettes de feuilles et de peaux de poissons.
Avec "Visages de cette terre" j'explore la beauté de la vieillesse et des expressions, tout en tâchant de montrer notre besoin de renouer avec notre environnement. »








Sous l'casque d'Erby



6 commentaires:

  1. Bonsoir caillardeuses et caillardeux. S'il s'en passe des choses en ce bas monde, bien basses, bien obscènes, bien ridicules autant que grotesques, il en est d'autres, plus humbles et invisibles, qui semblent s'être décrochées des étoiles pour nous apporter un peu de visibilité dans les ténèbres.
    C'est là la seule bonne nouvelle !

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    1. Vrai qu'Auchan c'est comme à la campagne au temps jadis ! Merveilleux Erby !

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  2. "La marque des éléments naturels sur ces sculptures (...)" écrit l'artiste en fin de billet. Et LE RÉSULTAT est ÉPATANT, bravo ! (cela rejoint bien sûr la sensibilité que j'ai de la nature, traduite à ma façon par les poèmes de la semaine dernière).

    Tout à fait autre chose, encore qu'il s'agisse de la face noire de notre quotidien, celle qui subit les saloperies du capitalisme, si opposé à la face lumineuse de la nature et de l'art : Fabrice Nicolino ( rescapé du massacre des Charlie, rappel) fait mieux que de très lentement guérir. Il déploie une énergie ( un talent, une lucidité aussi) magnifique dans son dernier billet qui vient de paraître sur son blog "PLANÈTE SANS VISA" (voir colonne de droite) sur "le CAS Alsthom"... à lire, commenter, relayer !

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    1. LIEN de ce billet : http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1889

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  3. C'est très beau

    et puisque protéiforme il y a
    je vous suggère- me too- un lien (oh oui!) dans la série: un ptit clic pour une grande claque (on peut faire circuler bien entendu..).

    https://boitenoirekiller.com/

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  4. Bien, bien, j'aime beaucoup.
    Mais l'histoire d'Auchan, c'est une blague ? Non ? Et pour dix euros, on peut chier dans la galerie marchande ?
    J'aime beaucoup la 18[1].jpg. Sue Venning, c'est pas bien Français, ça ?

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