samedi 7 mars 2015

Notes de lecture : Pierre Mac Orlan

Source et bibliografie
Le premier livre que j’ai lu de Pierre Mac Orlan portait pour titre « A bord de l’étoile matutine ». J’avais trouvé refuge sur une île où je vivais comme un poisson privé d’eau. J’ignore si l’auteur vous évoque un sentiment ou un souvenir quelconque, mais je fus happé par la qualité du voyage qu’il proposait à l’esprit. J’ignore encore aujourd’hui quel vent intérieur m’avait poussé au-delà des terrains vagues qui bordaient les barrettes immobilières en chantier dans les banlieues, mais je vous garantis que ça bougeait sous les décombres.
A l’époque, j’ignorais tout de cet écrivain prolixe et complet : chansonnier, poète, essayiste, romancier, la planète prenant rendez-vous sur sa table de travail pour un festin singulier. Un peu à l’image de Baudelaire (la comparaison s’arrêtant là, bien que tous deux partageaient sur l’art la même passion) le monde est venu lui rendre visite sans qu’il ait eu à beaucoup bouger un orteil.
J’avais déjà vu à l’écran deux adaptations de son travail, « Le Quai des Brumes » et « La Bandera », avec un Jean Gabin riboulant des yeux de merlan frit devant des partenaires féminines qui avaient l’air pâmées devant tant de force masculine. Qui ne se souvient pas d’une Michèle Morgan hypnotisée par le charme bourru de Jean le déserteur dont le destin est déjà scellé avant même le clap de fin... Avant de devenir des films l’œuvre de Mac Orlan était déjà du cinéma.
Quand je parle d’un auteur je ne peux ignorer la part d’émotion, de sensations complexes et des traces qu’il laisse dans l’esprit longtemps après lecture, le lecteur devenant ce naufragé sauvé des eaux par les bras miraculeux de la création artistique. Quand longtemps après la mort un auteur, au hasard d’une relecture, continue à faire danser l’esprit sur la crête des vagues, sans parler de « miracle », on peut considérer qu’il a réussi ce qu’il attendait (ou n’attendait pas) de son travail, lui faire enjamber le temps pour communier avec l'éternité. N’attendez pas de ma part le récit chronologique de sa vie, les difficultés de la maman avec les couches culottes, les biberons ou les tétines, ni de m'attarder sur la cruauté d'un père brutal ou autres détails « croustillants » pour vous inciter, peut-être, à le lire ou à le relire. C’est un tout bon et vous auriez tort de vous priver d’une telle lecture, cela devient rare. A vous de voir, mais quand il parle de brouillard, de mer d’huile, de cabarets ou d’art, Pierre Mac Orlan fait encore souffler un air très pur.
Pour être complet, je vous invite à lire l'article d'Erwan dans les Cénobites tranquilles, publié il y a un an, et vous serez parés pour le week-end.



Sous l'casque d'Erby



6 commentaires:

  1. Bonjour caillardeuses et caillardeux. Voilà de quoi se réjouir, je l'espère, en cette journée printanière.

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  2. Oui, c'est réjouissant de revisiter "LE" Mac Orlan... surtout via ta singulière plume poétique !
    Pourrais-tu nous dénicher, tant qu'à faire, quelque chanson (Fanny ou autre...) de cet artiste, pour la zyque du jour ?

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    1. Voilà, Rémi, pas trouvé la Fanny mais suis tombé sur Margaret. Puis, dans la foulée, ai ajouté un lien sur une intervieuw de monsieur trouvé dans You tube, au mot chansonnier.

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  3. Chansonnier.... j'en ai connu un, j'ai même pris l'apéro dans sa cuisine. Il était poète patoisant, et avait un solide bon sens. C'était un gars de chez moi. Détail amusant, il avait pris pour compagne la pianiste du Caveau de la République. C'était dans l'immédiat après-guerre. Il avait officié là, et aussi dans d'autres cabarets comme le Lapin Agile.

    On trouve encore son œuvre dans un bouquin (que j'ai, bien sûr) qui fut préfacé par Léon Zitrone.

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  4. je passais par là et, v'la ti pas que je suis cité à comparaître. Ah, Mac Orlan, pour un brestois comme moi, que du bonheur...

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