dimanche 1 mars 2015

Les barbares, l'eau, le pétrole, ... et les gosses

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Les grands barbares portent aujourd'hui sobre cravate et costume sombre. Ils sont au pouvoir, celui de la corruption. « Bank & Mafia inc. ». Variante costumière, s'ils sont militaires : la cravate est discrète sous le costume kaki qui met en valeur une mâle poitrine bardée de décorations – exemple : le maréchal Sissi. Autre variante costumière, s'ils sont femmes : le discret collier de perles tient lieu de cravate et le costume, comme la poitrine, peut être soit discret – exemple Madame Lagarde -, soit plus voyant sinon seyant – exemple Madame Merkel. Mais certains de leurs barbares sous-fifres, dits Fous-de-Dieu, portent souvent robe longue et chapeau bizarre – mitre, turban, kippa, calotte...). 

Ces grands barbares peuvent être au pouvoir d'États ou organismes importants, plus souvent à celui de trusts du big-business, bien plus discret et important. Ils ont tous leurs armées d'experts, conseillers, espions, bureaucrates et technocrates high-tech... et bien entendu leurs armées-tout-court, à commencer par gardes du corps et gardes des palais, à continuer par tueurs professionnels, milices privées... Et si juteuses « armées nationales », qui ne sont le plus souvent que composantes de coalitions guerrières – dont l'Otan est désormais, de loin, la pire (ce qui ne signifie pas que des barbares genre Poutine soient à excuser, par exemple d'un nouvel assassinat politique hier).

Comme toujours, les riches barbares se font la guerre, par exemple financière. La paix est réservée aux pauvres civilisés qu'ils oublient parfois d'envahir, loin dans les steppes de Mongolie, les forêts d'Amazonie et autres zones peu accessibles, genre zadistes ou activistes divers en réseaux sociaux in-ternet ou (mieux) in-vivo. Plus divers autres rats de bibliothèque, science, aventure ou art... 

Si les barbares se font toujours la guerre pour le contrôle de territoires à piller, il ne s'agit plus du seul pillage du cheptel bovin ou humain (esclavage et concubines), mais de tout : tout, du sous-sol au sol et espaces maritime et aérien. Plus manipulation et contrôle de dociles cerveaux. Par big-trafic et big-magouille, y compris religieuse, cette pire que toujours « boîte de Pandore » à ouvrir pour manipuler et mieux brouiller les cartes...
Tout ce fric d'ultra-milliardaires, blanchi en paradis fiscaux, n'est pas principalement destiné au train de vie luxueux (ce minimum vital va de soi...), mais à CORROMPRE-DONC-RÉGNER. 

S'ils s'allient tactiquement, ce n'est jamais entre égaux. Mais contre d'autres rivaux à bouffer, en attendant de se bouffer entre eux : le marigot des crocodiles ne cesse de grouiller de luttes fratricides pour le mâle dominant... provisoire. Voilà les « Maîtres du Monde » : celui du seul FRIC. 


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« La vraie vie, elle, est gratuite. Comme le soleil, l'air, l'eau, le ramassage de bois mort, la cueillette des champignons des fleurs et des baies sauvages... Et le sourire. Et le coup de main. Et la culture des récits et des chants. Et... » - « Hé, papy, tu dates de Mathusalem !... » 

C'est peut-être ainsi que m’interromprai, armée de sa tablette magique-électronique, Petite Poucette que décrit si bien le (pourtant) si vieux Michel Serres dans son petit livre éponyme... 

Vive la jeunesse !: elle a raison de me rappeler que vivre avec son temps c'est utiliser ses dernières technologies, ce que je ne fais que partiellement (ordi et internet mais pas de portable, etc.). 

Et j'ai raison de l'informer que ces deniers-cris d'objets électroniques ont besoin de métaux issus des « terres rares », exploités sans vergogne dans des pays pauvres par de riches consortiums concurrents : entre la « Silicon Valley des golden e-boys avant-gardistes du futur » et les atroces mises en esclavage d'enfants (comme soldats ou mineurs) des guerres au Congo, il y a un rapport : le cobalt et autres métaux rares du Kivu, « scandale géologique de ressources minières » selon David Van Reybrouck.


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Cet exemple de rareté géologique spécifique ouvre l'énorme thème de l'épuisement très général de ressources naturelles que l'on pensait encore inépuisable il y a un siècle : terre arable, bois, charbon, fer, aluminium, maintenant pétrole, gaz et même eau douce tendent à devenir rares, par excès de pillages et gaspillages : On se bat désormais pour l'eau (celle du Nil entre Éthiopie, Soudan, Égypte ; du Jourdain entre Israël, Palestine et Jordanie, etc....). Et cela ne fera que s'aggraver ! 

La « privaterie » comme le disent les portugais à propos de la vente des services de l'eau (etc.) par l'État, supervisé par la même Troïka qu'en Grèce, est un des pires aspects de cette guerre du BIG-FRIC contre les intérêts sociaux. En Cisjordanie, l'occupation militaro-économique d'Israël ajoute à la férocité des intérêts privés : non seulement l'eau du Jourdain mais de la nappe phréatique d'une belle agriculture millénaire est détournée pour abreuver les citadins de Tel-Aviv et leurs piscines... Et c'est pire encore à Gaza, contrainte depuis 20 ans de ne plus avoir qu'un peu d'eau saumâtre... ou d'acheter, très cher, de l'eau en bouteille made in Israël et pompée en Palestine... 

La liaison fric/guerre/pétrole-gaz/pollution est trop évidente pour être développée ici (Voir NOTE). Elle est surtout connue pour l'énorme région Iran/Péninsule-Arabe/Proche-Orient, puisque depuis un siècle, la quasi totalité des troubles et guerres de la région (et au delà en Afghanistan...) est lié au pétrole. Elle est moins connue mais aussi évidente en région Caucase/Caspienne/Asie-Centrale, en régions africaines (Nigeria/Guinée-Équatoriale/Angola, Libye/Algérie) et caraïbes (Mexique, Vénézuela)... 

On sait moins qu'une nappe phréatique d'eau voisine toujours une nappe de pétrole et que cette eau est gaspillée pour la production de pétrole. C'est pire encore (eau importée d'ailleurs) pour la folie, du point de vue géologique, d'exploitation de gaz de schistes et de sables bitumineux... 

Le pompon de la folie dans le domaine reste ailleurs, dans deux domaines : l'exploitation de l'or (légale ou pas) en bassin amazonien, où le mercure employé empoisonne toute vie du cours d'eau, et l'exploitation des centrales nucléaires qui ont tant besoin d'eau de refroidissement : lorsque survient un accident (Fukushima...), la radio-activité de l'eau empoisonne jusqu'à l'océan ! 


* 

Retour au Kivu et à la jeune Poucette, aux enfants-d'internet et aux enfants-esclaves. Ils sont de même humanité et le savent : Dès qu'un enfant du Kivu peut échapper à l'enfer guerre/minerai et se scolariser, il rêve ou accède au domaine de Poucette. Et dès que celle-ci peut apprendre le sort de son contemporain du Kivu, elle pleure de compassion et, mieux, peut politiser sa vie sociale... 

De génération en génération, ainsi se créent de nouvelles consciences porteuses d'espoir et d'avenir. 

Les moyens de communication varient plus d'une époque à l'autre que l'essentiel du message culturel : nous sommes fait de même bois, avons les mêmes ennemis fait de fric. Nous vaincrons, car nous nous aimons. Et, ensemble aimons la liberté, la joie d'inventer les moyens de la gratuité de vivre : exit les fous-terroristes-« légaux » du Dieu-Fric et leurs sous-produits terroristes-« illégaux » fous-de Dieu !



NOTE – Le livre le plus fouillé et important que je connaisse sur l'impact environnemental (etc.) de la guerre du pétrole concerne la première agression US en Irak (dite de « libération du Koweit »). Signé Nicolas Skrotzky et sous le titre « Guerres– crimes écologiques », il fut édité par Sang de la Terre en 1991, puis réédité en 2002 sous le titre « La Terre victimes de guerres », mais ne figure plus chez l'éditeur (donc indisponible en librairie). Il est disponible sur internet et ce lien le présente sommairement.



11 commentaires:

  1. Bonjour caillardeuses et caillardeux. Petite panne d'oreiller et des petites misères à formater et mettre en ligne ce très dense papier de Rémi qu'on peut résumer d'un trait : On se réveille ! Un mouton noir c'est peu pour b(r)outer le champ capitaliste hors de nos vies. Amen !
    Le bon dimanche à toutes et à tous.

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    1. Bon dimanche plus-vieux aux caillouteux de service !

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  2. Le crobard d'Erby est pile-raccord avec le thème de mon billet : je ne sais, lediazec, si tu l'a choisie dans l'armoire à malices de l'ami René ou bien s'il est tout récent ?: en tout cas, il rappelle ce manifestant chinois qui, tout seul au milieu de l'avenue, put un moment arrêter une colonne de chars de l'armée "populaire"(!!) du PC Chinois, venant massacrer la foule de "moutons noirs" de la Place Tien Anmen...

    Comme ce manifestant isolé, l'image d'en-tête que tu as choisie, lediazec, représente un seul mouton noir à contre-courant des blancs moutons blancs docile. A mon avis, ce manifestant pacifiste ou ce mouton noir n'est pas l'éternel "anar isolé" que les merdias nous présentent comme "exception qui confirme la règle" sans la déranger, cette règle de "l'ordre social = consomme et tais-toi"...

    Ce non-conformiste ne saurait s'exprimer sans la force de se savoir porteur d'une immense aspiration populaire à la dignité de l'homme libre, harcelé à devoir se soumettre aux grands barbares du FRIC......

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    1. Pardon pour les fautes d’orthographe ci-dessus (je n'ai pris qu'un petit café). Plus important, ceci:

      L'illustration d'entête représente une machine à laver au centre du pré de pâturage, suggérant que le mouton noir va y passer pour devenir aussi blanc que les autres. C'est exactement l'image du "lavage de cerveau" fait par la propagande relayée par les merdias.
      Mais alors pourquoi cela ne marche pas ?
      Parce que, pollution et raréfaction de l'eau aidant, la machine à laver est en panne !
      Et le pré de bonne pâture devient bouffe pleine de poisons chimiques... qui transforme(ra) les blancs moutons qui vont de gauche à droite en noirs moutons-enragés qui vont (iront) de droite à gauche !
      Et à la fin on gagne : exit les barbares-bouchers !

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    2. Salut Rémi. Ce crobard date un peu. Je suis allé le piocher sur Ruminances. Il Illustrait une de mes nombreuses bafouilles là-bas. J'ai pensé qu'il collait parfaitement avec ton sujet...

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    3. Excellente idée que de redonner à lire ton billet de juillet 2013, qui n'a pas pris une ride, je crois...
      De même, toujours sur (feu) Ruminances, j'avais le 13 juin 2012 consacré un billet intitulé: " Crimes écologiques - Nicolas Skrotzky (un Nicolas peut en cacher un autre)" qui cite beaucoup cet auteur. Et c'est, hélas, toujours d'actualité... : je ne sais pas, Rodolphe, si tu peux mettre ici, en lien, cet article, ou bien s'il est passé à la trappe...

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    4. Lien de "crimes écologiques" sur Strotzky pioché sur Rumi et collé dans la Note de fin. Voilà.

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  3. Le problème n’st pas le fric en lui même mais plutôt ceux qui en amassent le plus pour prendre le pouvoir
    http://lesmoutonsenrages.fr/2015/02/28/les-georgia-guide-stone/

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  4. bourk bourk ... comment sortir de ce monde mondialisé ???

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  5. Merci pour la référence, je prends note.

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  6. Je ne découvre que ce soir "de Dinde et d'escalope" en video du jour : bravo les doux-dingues d'artistes!!!

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