mardi 10 mars 2015

Dropped : comptez pas sur moi pour pleurer !

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Je ne vais pas me la raconter, l’actualité du monde se résume aujourd’hui, en Hexagonie, tout comme hier et assurément demain, aux faits divers, grands pourvoyeurs de frousse dans les gourbis citoyens. Plus le quidam éprouve ce sentiment devant l’écran, à la lecture des quotidiens, à l'écoute de la radio, plus le bien assis, le repu, le ventru, le pognoniste, le cachalot de la finance auront les coudées franches pour faire yo-yo avec la bétaille. En un mot comme en cent, nous vivons séquestrés et si certains pensent que j'exagère, tant pis pour eux. Parce que sur eux comme sur moi le sort s'acharne opportunément !
La tragédie survenue en Argentine avec le crash d’hélicoptères qui a fait 10 morts parmi lesquels des champions sportifs en mission de repérage pour un jeu de téléréalité dont les télépoubelles ont le secret pour achever les avachis devant l’écran me flanque une de ces douleurs qui a à voir avec l’événement, mais aussi avec quelque chose de bien plus sombre : le sentiment que ce monde est tellement dévoyé qu’il n’a plus conscience de ce qui lui arrive, de ce qu’on lui fait subir. Un peu comme si nous avions changé de dimension et que rien n’était plus important que la fausse importance, celle qu’on sert à l’heure du repas comme on pousse l’écuelle au condamné dans le cachot. Même au cœur de la tourmente cela met en branle les machines à sous au casino de la misère !
Au-delà du désespoir des proches, humainement compréhensible, devant lequel on ne peut dévaluer l’importance (y compris celle de mon admiration pour les athlètes, j'aime le sport), le concept de l’émission et le tapage subséquent autour du drame, est le tas d’immondice sur lequel on couche l’individu et les sociétés pour leur faire sentir la sale odeur de misère dans laquelle on les enfonce faisant croire qu’ils ont encore de l’importance dans un jeu qui n'en est plus un !...
Non, je ne pleure pas. Et si je pleure, c'est pour tout autre chose. Je ne pleurerai jamais devant le drame d'un sale business !


Sous l'casque d'Erby



12 commentaires:

  1. Bonsoir caillardeuses et caillardeux. Voici venu l'écho des cavernes !
    La bonne soirée.

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    1. J'ai pas pleuré non plus...
      ... suite à un cauchemar puis insomnie, j'ai repensé à ma lecture de "boire la mer à Gaza", reportages déjà assez anciens de la si courageuse israélienne Hamira Hass : là-bas, c'est pire aujourd'hui, dans un silence de plomb. Pas un seul hélico sanitaire... ni même d'hôpital sinon de fortune avec manque de médic etc. Les gens crèvent par simple "accident" d'être nés du mauvais côté de la PLUS GRANDE PRISON du monde (1,6 million de prisonniers)... et les (sur)vivants sont révoltés... y compris de notre dédain ou impuissance... : "la télé-réalité" cache la réalité, et s'il arrive un pépin d'hélicos dans le show, pleurons... NON!

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  2. Réponses
    1. Bien d'accord, Martine... mais j'aime bien aussi la très ancienne image de "l'homme-arbre" qui ouvre (page de garde) mon essai "Œuvrières et Œuvriers"...

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    2. Le hasard du singulier calendrier du singulier Erwan fait qu'il nous parle ce jour d'un autre singulier "homme-arbre" avec la racine de la mandragore !!! - voir "les cénobites tranquilles" colonne de droite.

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    3. Merci d'apprécier !... Il est des phrases qu'on ne peut laisser passer. Un petit gribouillage permet de les graver en mémoire.

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  3. Moi j'ai pleuré… mais c'est parce qu'on m'a demandé de pondre huit mille signes sur Florence Arthaud, sa vie, son œuvre !

    Sinon, je persiste à penser que, en parlant de "manipulation" ou de "contrainte", vous faites preuve d'un optimisme qui n'est plus de saison. Car une manipulation, on peut en mettre les auteurs hors d'état de nuire ; une contrainte, on peut s'en libérer. Alors qu'une léthargie par consentement général, une noyade consensuelle dans le festif et le ridicule, ça, on en sort beaucoup plus difficilement – et à mon avis jamais.

    Personne ne manipule personne : c'est ça la vraie tragédie.

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    1. Salut Didier. Cette santé ?... J'accepte l'idée d'une "léthargie par consentement général", j'ai même failli parler de "consentement mutuel". Quant à devoir torcher 8 000 signes sur la seule Florence, j'imagine bien ce que cela aurait donné si on les avait multipliés par le nombre des victimes...
      La bonne journée et mes amitiés à Catherine.

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  4. Sacré Erby ! On est au delà de la souche là !

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    1. J'admets !.... Mais la souche est la base de tout ce qui suit !.... ;-)

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    2. Quand j'étais gamin, on jouait aux soldats (dits) de plomb sur des souches qui devenaient "forteresses" invincibles...
      C'étaient donc des pious-pious de souche... et ce qui en suivi, en ce qui me concerne, c'est l'amour pour les arbres bien vivants et beaux, et la détestation pour les pas-beaux soldats (de souche ou pas!) qui vont tronçonner des gens...

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