dimanche 1 février 2015

Oeuvrières & oeuvriers, de Rémi Begouen, essai

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Pour que du désert nous sortions
A contre-courant de ma vie
Au bout du ruisseau de mon enfance
A la source des origines
éclate un mystère étonnant :
Qu'est-ce que je fous sur cette Terre ?
Môrice Bénin (extrait de "Sémaphore")

Entre deux lectures rapides, un article de blog à commenter, une ineptie à intégrer et une saloperie sociétale à digérer, j'ai lu le foisonnant essai de Rémi Begouen, écrit pour dire, entre plein d'autres choses passionnantes, sur le passé, sur le présent, sur l'histoire, sur la géographie, sur la société de consommation, sur la lutte des classes, sur la robotisation de l'humain, sur sa vie personnelle, sur la poésie, et j'en passe : "Stop ! sortir de l'économisme".
Je préviens : il serait erroné de prendre ce sous titre au pied de la lettre... Car ce livre, écrit d'une encre avec laquelle on trace sur les cartes la direction à suivre, pour donner aux voiles le gonflement idéal, imprimant sur les vagues l'immortalité des utopies, est celui d'un poète, d'un photographe et d'un philosophe préoccupé par les misères du monde. Ce livre est celui d'un homme ayant enjambé deux siècles et accumulé expérience et savoir qu'il ne cesse de partager dans chacun de ses ouvrages, dénonçant sans relâche les horreurs d'un capitalisme criminel.
Rémi fait de la politique comme l'onde porte la coque, d'une immensité à une autre, sûr de son fait, tout aussi convaincu que sans la liberté du hasard, sans son "miracle", la vie y perdrait en saveur et en humanité. Sa boîte à surprises ne manque jamais un rendez-vous avec l'insolite et c'est cela qui rend le livre passionnant. Ne vous attendez pas à découvrir l'habituel pensum du genre, ni dans sa construction, ni dans son développement, même si à première vue il en présente les caractéristiques. Rémi Begouen aime les chemins de traverses, ces voies discrètes et riches de bonnes surprises que le blaireau à deux pattes n'emprunte jamais, tant il est conditionné par la ligne droite. Terrien aussi, parce que sans ce sel, la terre manquerait cruellement de liant. Rémi est un homme courbatu, fourbu par la douleur, la sienne et celle du Monde, qu'il porte et partage avec passion et fraternité.
Cet essai lui ressemble. Malgré une situation mondiale explosive (guerres - politiques ou religieuses -, terrorisme, misère, coups d'Etats, incitation à la haine...) Rémi Begouen ne cède pas au défaitisme, ni à la sinistrose ambiante. Il reste convaincu que la solution se trouve ailleurs, aux antipodes du champ politique traditionnel, trop compromis, trop sale, à la solde d'une dictature capitaliste chaque jour plus sanguinaire, elle est dans les "chemins de traverses libertaires", dans les "mouvements sociaux nouveaux dispersés dans la société, où indignés, rebelles, insoumis, résistants" ouvrent des voies navigables vers un avenir solidaire et enfin humain. Rémi Begouen est l'assemblage d'une multitude de pièces combinées pour être ce qu'il est : un homme vertical, fier de son humanité, incassable, résolument tourné vers l'humain, son frère et non son ennemi. Sa tête et son regard sont au diapason de sa volonté. Quand il rigole, détendu et fraternel, au hasard d'une rencontre heureuse, ses yeux vous mettent quand même en garde, au cas où : "Me prend pas pour un cas, p'tit gars, car j'en suis un. Et je le sais ! Mais toi, qui es-tu étrange étranger, sinon ce frère qui m'a devant pour partager le pain de la fraternité..."
 
Oeuvrières & oeuvriers, autoédition, de Rémi Begouen, essai (format 15x21, 160 pages, 9 illustrations), disponible par la poste contre 12 € par chèque libellé à : Rémi Begouen - 35 rue Jean Jaurès - 44 600 St-Nazaire. 
Pour plus d'informations, écrire à remi.begouen@free.fr
 
 
Sous l'casque d'Erby
 
 


13 commentaires:

  1. Bonjour caillaedeuses e caillardeux. Bonjour les gens. Voilà une idée pour gérer un dimanche de météo merdique : commander le bouquin de l'ami Rémi.
    Hier, des dizaines de milliers d'espagnols, venant de toute l'Espagne, proches du Parti Podemos, allié de Syriza, le parti frère en Grèce, défilaient dans les rues de Madrid scandant "Oui, c'est possible" et autres "Tic tac, tic tac, c'est l'heure du changement" pour exprimer avec vigueur le rejet de la Troika : Banque Centrale, Commission européenne, Fonds Monétaire International et mettre fin au gang de la finance internationale dont on connaît les actes délictueux... Lien

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  2. Du grand Lediazec, pour raconter du grand Bégouen. Je ressors un instant de ma tanière (aider à migrer dix énormes blogs n'est pas de tout repos, quand une partie des articles doit être copiée-collée item par item) pour apprécier les deux artistes.

    "Allez les petits !" comme clamait le grand (lui aussi) Roger Couderc. La vie est tragique et magnifique à la fois. C'est de plus en plus vrai, quand des barbares hirsutes basés dans les marécages de la cité à L'Enfant entreprennent de ramener la planète au niveau de leur compétence parasitaire. J'ai sauté en l'air ce matin en tombant par hasard sur ce texte très significatif en sa stupide volonté hégémonique. Ce qui fait le plus peur, c'est la constance de cette politique, qui a amené en 2014 une femme anglophone à la tête de l'Organisation Internationale de la Francophonie. Quand on sait qu'elle fut la gouverneure générale du Canada, donc représentante directe de la reine d'Angleterre, ses motivations peuvent inquiéter.

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    1. @bab - A propos de « la guerre linguistique de l'anglais contre le français », pas de panique !!

      1- « le rapport secret » part d'une stupidité immense : il considère l'anglo-américain comme simple marchandise standard, genre canon plus munitions, à vendre pour la suprématie impérialiste US... : grosse connerie !
      Comme toute langue, l'anglais est très vivant, varié, très riche dans le meilleur de la littérature (Shakespeare, Joyce, Whitman... « The last poets » ou Kerouac...) et très riche du métissage culturel (pidgin de Jamaïque, Niger...). MAIS très très pauvre dans le domaine commercial (et militaire) : et c'est ce seul « BASIC ENGLISH » qui pollue toutes les langues, dont la nôtre !... Et principalement donc, cela pollue le pauvre français en usage commercial (de la banque à la boutique en passant par l'internet), cependant que, pour le meilleur culturel, l'anglais (comme l'arabe, l'italien, etc...) peut enrichir le français, ne serait-ce que, par exemple, dans le rap, etc.
      2- La nomination d'une Canadienne (dite anglophone) à la tête de la francophonie ne me choque pas : 1-Elle est Femme... de tempérament. 2- Haïtienne d'origine 3- Le fait qu'elle ai fait allégeance rituelle à la Reine d'Angleterre est une broutille, par rapport aux lourdes allégeances de dirigeants francophones à la « Françafrique » (France-à-fric...) 4 : enfin et SURTOUT, cela renforce la francophonie dans le Canada : pan sur le bec de Uncle Sam !!

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  3. Tiens, Rodo, je ne t'avais pas vu... nous avons répondu ensemble. Je vais me refaire un café, tu en veux une tasse ?

    Il faut dire que je me suis levé aujourd'hui à l'heure où je m'étais couché hier. Ah le téléphone.... je supporte bien mieux de me lever à 4 heures, que de me mettre dans les draps à cette heure-là. Cette nuit Chantal a cessé exactement à minuit d'utiliser OverBlog : même si ses blogs y restent en l'état elle postera ailleurs, chez Eklablog. Nous y avons copié le maximum de posts antérieurs, mais bien sûr il restera pas mal du plus gros blog uniquement sur l'ancienne plate-forme (celle qui cette nuit devait changer énormément - en mal). Ce sont peut-être de 30 à 50 000 articles, tout de même, rien que sur ce blog-là.

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    1. Salut Jean-Claude. Un caoua ? Avec plaisir ! A ce que je vois t'as la tête dans le guidon. Ah, les migrations des blogs, les copier/coller ! J'en avais eu pour mon compte quand Ruminances était passé d'une plateforme à une autre. Dans les 800 bafouilles que j'avais transféré !

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    2. Je me souviens... une belle gageure que tu avais tenue là ! Et là il n'y avait donc pas un blog, mais 9 de tailles inégales. Au point que pour le plus gros, la sauvegarde HTTrack ne passait pas sur une clef même grosse : il a fallu un disque dur, parce que sur une clef la FAT est en 32 bits. Comme le fichier maître (l'ossature) à lui tout seul dépassait 32 Go, tu imagines....

      Et hop ! vendredi je retourne à Saint Denis, pour une réunion publique du CNR-RUE, avec plein de beau monde. J'y vais avec une copine du M'PEP qui habite pas loin. Elle bosse à l'IFREMER. Les anti-aéroports montent une liste pour les départementales : elle sera probablement la suppléante là-bas.

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    3. A ce niveau de transfert, ce que j'ai fait relève du bricolage, en effet !

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    1. Je ne connaissais pas ce farfelu, ni d'ailleurs les autres (sinon Coluche), et... je me suis bien amusé, en effet : l’exubérance de tels utopistes fait partie de la joie de vivre, sur la quelle refaire le monde !

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  5. Salut les futés "bricolos-ès-blogs" Rodolphe et Jean-Claude !!!... J'avoue être très impressionné par ce foisonnement d'initiatives créatrices sur "la toile", alors que j'en suis à patauger dans mon petit marécage perso de sauvegarder-ranger mes doc, etc. : et même là, je bois le bouillon, perd mes billes dans le tréfonds de l'abîme des poubelles de l'océan Internet... sur lequel de hardis explorateurs tels que vous deux naviguent... à la recherche d'un nouveau continent, peut-être ???

    Toujours est-il que - étant de "vieille école" - j'aime le continent "PAPIER" sur lequel garder trace de tant et tant d'efforts humains tournés vers le SI nécessaire avenir social de l'Humanité LIBRE, libérée des monstrueuses inégalités sociales...
    Depuis quelques jours, il me reprend une "juvénile colère" (débile p de vue de psy !) contre nos incapacités à révolutionner le monde... Je n'en dis pas plus, ça bouillonne !!
    Merci l'ami Lediazec de commencer ton billet par la citation de Môrice Bénin..., merci de l'ensemble de ton billet (je n'en dirai pas plus), qui est le p de vue lucide d'un homme si bien placé pour présenter "Œuvrières et Œuvriers" : amis depuis environ 35 ans quoique si différents et complémentaires - par exemple comme "poivre" (toi) et "sel" (moi) dans le bon plat qui donne la force sociale de remettre le monde à l'endroit... alors qu'il marche sur la tête de la dictature Fric.

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  6. Je vois ce livre depuis l’endroit ou je suis assise à un mètre , je le lirais dès que j’aurai un peu de temps. Merci Rémichhh

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    1. Avec de très bons yeux ou de très bonnes lunettes on peut lire à un mètre... et espérer que la queue du chien savant tournera les pages! bise à toi, MartiCHH...aud !

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