jeudi 1 mai 2014

1er Mai

Je vous l'annonce de suite : je déteste les célébrations ! Ça m'agace à un point qu'on n'imagine pas. Tout pareil que pour le rituel des  adieux à la gare. Je trouve cela inutile et désagréablement noueux. Non, ce que j'aime dans les gares, c'est les arrivées. Bienvenue en enfer !
Je déteste les célébrations. Tout minot, quand je matais les grandes personnes, viocs, assoupis, prosternés de toute nature, se livrer au salamalec à l'église ou dans les lieux publics devant plus puissant que nous, ça me mettait dans une rogne ingérable...
Plus tard, ayant intégré certaines règles, acquises à coups de férule, voyant les gars de ma génération reproduire le même schéma - au final on ne fait que copier/coller ce qu'on nous inculque -, ça faisait déborder la boîte à rouscailler que c'était Fol-dram.
Quel monde, mais quel monde ! Pour un oui, pour un n'importe quoi, forcément dramatique et injuste, célébration ! De la mort du bébé phoque à la mue de l'aiglon, victime prématurée d'une balle de fusil de chasse ; du moineau au piaf le plus insignifiant, phagocyté par son prédateur naturel, célébration !
Fidèle au rendez-vous des pleurnichards, mes amis de la loose, comme disent ces sales capitalos, ont pris rendez-vous commémoratif pour un déploiement massif de bannières, pour luter « contre l'oubli » et pour quelques revendications ponctuelles, en souvenir des ouvriers de tout bord défalqués pour nourrir grassement les gangsters qui gouvernent le monde depuis la nuit des temps, avant, pendant et longtemps après les grèves sanglantes du mois de mai 1886 à Haymarket Square, Chicago. Comment peut-on oublier que la racine sous les arpions c'est pas du muguet ?...
Marche bitumesque, lâcher de mouchoir, ramassage du matos, deux ou trois commentaires plus ou moins « impertinents » sur le « mal que l'on nous fait », la « mal organisation de festivités », le « manque d'unité chez les exploités », chacun vantant le produit dérivé de sa chapelle, probablement fabriqué par des ouvriers chinois ou indiens, pour, in fine, sans concertation formelle, date est prise pour la prochaine commémoration, un massacre quelconque perpétré par le haut gratin au nom de la patrie et de sa saloperie de morale, pas plus tard que la semaine suivante, tant le calendrier ne manque pas d'atrocités à commémorer.
1er mai ou pas, les célébrations, ça me gonfle !

Liens :
1er mai 1891
Le travail tue
 



Sous l'casque d'Erby


7 commentaires:

  1. Bonjour les caillasseux. Temps mitigés.
    C'est en ordre dispersé (tiens, tiens) que les syndicats, ces machines à dévoyer, vont défiler aujourd'hui. CGT-FO contre Manu Valls, CFDT et UNSA sous le signe de l'Europe...
    La routine.

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  2. Je n'adore pas plus les commémorations que quoi que soit, mais je respecte et entretient la mémoire d’événements importants, personnels ou collectifs, dont la mémoire ouvrière : la lutte de classes.
    Je suis en train de lire, de George Orwell (1903-50), « A ma guise ». Et à petites doses tant cela fourmille, pour moi, de divers sujets de réflexion ou de recherche. C'est le recueil d'articles, sorte de « bloc-notes » ou (aujourd'hui) de blog-perso, qu'il tint pendant les années noires (1943-47) dans la presse engagée londonienne... L'auteur de « Dans la dèche à Paris et à Londres »(1933), son premier témoignage, magnifique, est encore peu connu. Malgré l'immense « Hommage à la Catalogne » (1938). Puis il aura enfin un premier succès avec « La Ferme des Animaux » (1945), pour moi son meilleur ouvrage. Ce qui lui donnera d'ultimes forces (il est malade) pour achever en 1948 son « 1984 ». Il meurt, épuisé, en janvier 1950, sans soupçonner l'importance politique – toujours actuel – de ce « pavé »... : un gros caillou dans le brouillard des propagandes !

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  3. Réponses
    1. Te plains pas. La légende veut qu'au pays des aveugles le borgne est roi !

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  4. Tiens, moi aussi j'ai parlé de moineaux aujourd'hui, mais sur un ton quelque peu différent. J'avais donc oublié qu'on était le 1er mai... En tout cas, je confirme, travailler tue. Chaque jour, je me meurs.

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