jeudi 27 mars 2014

SILENCE, ON TUE... en Palestine & Syrie  !

De son dur vécu de 1936, Orwell tire, dans Hommage à la Catalogne, d'admirables pages sur vrais ou faux amis et sur les manœuvres secrètes contre la Révolution d'Espagne.
De 36 date aussi le début de la Résistance Palestinienne à la conquête sioniste, toujours en cours... Et la Syrie n'a cessé d'être mêlée de près à cela, ne serait-ce que par l'afflux de réfugiés et la solidarité. Dans la région arabe, TOUT tourne depuis 1948 autour de la création terroriste d'Israël en continue guerre de conquête coloniale de la Palestine, étendue parfois au Sinaï ou au Liban. Et au Golan syrien, annexé (81), après conquête (67) dans la foulée de la Cisjordanie (non annexée mais occupée, morcelée, colonisée) et de Gaza (la plus grande prison du monde). Ce Golan fut une sorte d'Alsace-Lorraine à délivrer, pour le pouvoir syrien. Qui se dota (comme l'Égypte) d'une énorme armée... Laquelle trouva plus facile de mater son propre peuple... par contre-révolution préventive !.
Il n'est pas possible ici d'entrer dans le dédale des théories (liées), ni de la Résistance Palestinienne, ni du Baas (Parti pour l'Unité Arabe !), inspiré par Nasser, mais divisé entre Syrie et Irak. Des dérives compliquées font ces dictateurs, Saddam Hussein et Assad-père-et-fils, ainsi que Nasser et successeurs, ou les rois de Jordanie, etc. depuis 1948... 
Depuis la Nakba (Catastrophe) de 48 la dignité arabe est bafouée. Notion fondamentale de la fière sensibilité de cet ensemble de peuples. Et bafouée en son cœur puisque Jérusalem est ''ville sainte''. Pour les musulmans et pour les fortes minorités chrétiennes arabes (où se trouvent nombre d’intellectuels et militants de la cause arabe rénovée au XX°). La première Nakba puis d'autres (surtout en 67 !) ont entraîné énormes afflux d’exilés chez les 4 voisins (Jordanie, Liban, Syrie, Égypte) et autres pays arabes (Irak, Golfe, Libye,Tunisie). Ils sont partis avec la clef de la maison quittée abruptement, croyant vite revenir. La clef se transmet de génération en génération, l'espoir aussi, qui alimentent la fabuleuse et tortueuse Résistance palestinienne, dans toute sa diaspora, y compris en Argentine, aux USA (cf. le grand intellectuel Edward Saïd). Presque toujours en contact et soutien à la Résistance en Palestine, pour la moitié restante, y survivant... non résignée pour l'essentiel : « Vivre c'est Résister »... Et l'écho sentimental arabe est énorme :
La vie sociale et politique de « la rue arabe » a beau être manœuvrée, elle vibre pour la Palestine. Tous les pouvoirs régionaux sont donc ''unanimes pour La Cause'', tentant bien sûr de la contrôler, éventuellement la combattre (Jordanie, Liban). Ou de l'acheter ! 
La corruption, si générale dans tout le monde capitaliste actuel, a toujours été dans les traditions arabes très présente (''bakchich''), mais dans des proportions maintenant inouïes. Pétrodollars et autres ''générosités'' de l'UE ou des USA payent les fonctionnaires de la dite ''Autorité Palestinienne''. Dont, alliés de fait à l'occupant, de durs flics protégeant la mince bourgeoisie de la masse de miséreux de Palestine, pépinière de résistants. Dans les camps de réfugiés, intérieurs et extérieurs à la Palestine, la corruption se limite à la manne de l'UNRWA, ce qui permet hypocritement au pays hôte ''d'oublier'' ses bidonvilles, mais pas sa propagande de ''libérer la Palestine, un jour...'' : la Résistance palestinienne n'en est pas dupe, qui, longtemps et difficilement, est devenue autonome des États Arabes malgré des tentatives de contrôle (la Saïka Syrienne, qui fut surtout active au Liban, etc.).
Il y a analogies à faire dans l'histoire du camp opposé, le sionisme. Là aussi il y eut idéal de se libérer de l'oppression, cette fois en Europe (époque de l'affaire Dreyfus...). La aussi, une fois amorcé - grâce aux dons corrupteurs - le début du ''foyer juif'' en Palestine (mais le choix était erroné, elle n'était pas ''sans peuple''!!), le sionisme ''oublia'' les sortes de bidonvilles que furent les ghettos juifs d'Europe, jusqu'à la Shoah, l'affaire de l'Exodus !
Là aussi, de nos jours, à échelles différentes, la corruption internationale veut régner !
Le pire n'étant même pas l'argent brut mais les armes... et les propagandes religieuses !

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Depuis 3 ans en Syrie : au moins 146.000 morts, des millions de blessés et de réfugiés selon l'Observatoire Syrien des Droits de l'Homme (OSDH). Depuis 80 ans, le sionisme a fait au moins deux millions de morts arabes, d'innombrables blessés et destructions (pas seulement en Palestine!) et plus de 4 millions de réfugiés palestiniens (sur une population moindre qu'en Syrie). Sans tuer l'indestructible Résistance Palestinienne qui n'a cessé de se battre, aussi, contre ''la chape de plomb du silence on tue'' derrière les blablas de Paix.
Une autre façon classique de faire taire l'information sur ces incessantes tueries de longue durée est de parler d'autres drames nouveaux : c'est l'Ukraine, actuellement. J'abrège...
Variante, l'information biaisée : attirer l'attention sur les quelques Français, jeunes ''têtes brûlées'' par l'aventure djihadiste, pour accréditer l'idée très saugrenue que la Révolution Syrienne n'existe pas, n'est que création d'Al-Qaïda terroriste. Idée parallèle saugrenue : ce n'est, avec aval des USA, que création du pétrodollar du Golfe contre le si dissident alaouite Assad, donc allié à l'Iran chiite. Et, contre ces 2 idées saugrenues, une 3° qui a le soutien de Poutine : le régime syrien est légitime, voire progressiste et la dissidence est ''étrangère'' au bon peuple fidèle à son Chef. Pas de dictature, mais complot international 



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Le tyran est à dégager. D'abord. Je sais que bien des gens-biens, ''idéologisés'' ou pas, nuancent : Oui, mais d'abord pas n'importe comment, cela dépend du rapport de forces international, blabla, faut attendre : Donc c'est finalement le cas, toujours. Par peur !...
Quand ça pète enfin grave c'est que l'étincelle a mis le feu à la plaine asséchée, à la plainte populaire assoiffée de liberté. Toujours à bonne raison, mais ''toujours n'importe comment et quand'', selon de hardis politologues. Bon, c'est comme çà. Hé oui, une révolution socio-politique sincère, issue de très grandes colères populaires, peut s'enliser ou pire virer à la guerre civile. Ou à l'arrivée d'un nouveau tyran. Napoléon après le Roi, Staline après le Tsar, l’Ayatollah après le Shah, Al-Sissi après Moubarak, etc. N'empêche qu'à grands fracas et casses sociales, l'horizon s'est enfin ouvert, l'Histoire a fait un bond radical, même provisoire. Bien plus que par de dites réformes, dites légales. Lampedusa, dans Le Guépard : ''pour que rien ne change, changeons tout''. Sauf l'injustice sociale ! 
L'étincelle tunisienne du Printemps Arabe a mis le feu à la plaine populaire opprimée par des tyrans (pas qu'arabes). Ce furent, ce sont des révoltes, abouties, déviées, larvées. Le plus souvent empêchées préventivement, par réformettes politiques (Maroc...) ou par répressions policières renforcées (Algérie...). Afin d'arrêter la contagion de l'espoir !...
L'espoir de Justice Sociale et de Liberté est international, permanent. Partagé bien sûr par la solidarité basique de tout-un-chacun avec la cause des gens qui osent se révolter quelque part contre un tyran. Au point de prêter main-forte au besoin, entre amis... Espoir manœuvré bien sûr par des politiciens locaux pseudo-révolutionnaires et par des amis qui vous veulent du bien. C'est à dire imposer leur contre-révolution. ''Amis'' motivés comme toujours à grossir leurs pouvoirs régionaux ou lointains, à visées hégémoniques, toujours idéologico-économiques. ''De son dur vécu de 36, Orwell tire d'admirables pages sur ces vrais et faux amis, ces manœuvres secrètes'' : Hommage à la Catalogne - Bis Repepita !




Sous l'casque d'Erby

14 commentaires:

  1. Et le vainqueur est.......
    L ' A R G E N T

    (je repense aux Mexicains, "si loin du ciel, si près des États-Unis...." )

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  2. Bonjour les caillasseux. Temps nauséeux !
    Comme un mot, un seul, Jean-Claude, résume bien l'horreur du monde : ARGENT. Quel moteur, vingt-dieux !
    Sinon, Rémi, toujours le même binz avec tes liens. J'ignore comment tu t'y prends, mais la plupart du temps, soit ils n'ouvrent pas, soit ils conduisent là où Dieu himself perdit jadis ses premières allumettes... Une véritable prise de tête !
    Désolé si tout n'est pas conforme à tes souhaits.

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  3. note rédigée avant de lire ta juste remarque ci-dessus... j'fais c'keu peut-peu...

    Avant de commenter plus tard sur « le fond », ceci :
    Superbe guépard en ouverture, comme lien sur le fameux roman évoqué ! Merci du choix !
    Je ré-essaie, lediazec, de te donner de meilleurs liens sur les 2 mots soulignés sans liens :
    bafouée : (lu sur mes coups de cœur du 22 mars sur Richard Falk, venant de CAPJO)
    http://www.europalestine.com/spip.php?article9194 (sur Richard Falk)
    UNRWA : (1°article wiki en français en cherchant ce mot sur Google)
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Office_de_secours_et_de_travaux_des_Nations_unies_pour_les_r%C3%A9fugi%C3%A9s_de_Palestine_dans_le_Proche-Orient

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    1. Autre problème de lien, mais cette fois l'erreur n'est pas de moi ! :
      l'auteur du roman "le Guépard" s'appelle bien Lampedusa, comme l'île du drame, mais c'est homonymie, donc hors-sujet !!

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    2. Juste pour Lampedusa. Intrus supprimé, c'est le cas de l(dire ! J'en ai plein l'cul des liens ! D'une force qu'on n'imagine pas.

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    3. Oui, ce témoignage est angoissant. Il décrit le débordement de la rébellion citoyenne première (l'ASL) par des islamistes fous.
      La solution préconisée d'une "opposition l'égale'' et ''d'élections démocratiques sous contrôle'' fait le jeu du tyran, qui n'a pu empêcher que son ex-opposition ''légale'' devienne insurrectionnelle, devant la montée des colères populaires brimées...
      Dans un tout autre contexte, c'est le passage tragique de la Révolution Espagnole à la Guerre Civile, qu'a vécu Orwell. Et on connaît la suite de cette défaite : la guerre de 39-45.
      Il est possible que le régime syrien règne demain encore, sur la "paix des cimetières", sûrement pas démocratique, moins encore sociale. Il est possible aussi que non. Il est certain que, là comme partout, l'INJUSTICE sociale est condamnée. Nous sommes des milliards...

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  4. je ne change pas une virgule et je signe.

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  5. "Ainsi en Syrie, que certains assimilent à la "Guerre d'Espagne" - pourquoi pas, en effet ? Sauf qu'ici les faits, toujours aussi têtus, se présentent comme inversés(...)" écrit Pim sur son excellent blog. Je suppose que je suis concerné par ce "certains" et pensait qu'il s'exprimerait ici. Faute de pouvoir commenter sur son blog, je luis répons indirectement ici.
    Je n'ai pas "assimilé" ces deux situations dramatiques. Juste rappelé que Orwell a vécu l'enfer de la dérive de la Révolution en Guerre civile d'Espagne et témoigne des manœuvres odieuses de "faux amis" (à l'époque : des communistes, des politiciens apeurés, locaux, de France et de GB etc.... ces 2 derniers allant bientôt signer les scélérats "Accords de Munich" en sept 1938, prélude à la guerre hitlérienne) . UN peu comme il y en a tant de manœuvres et faux-amis, différemment, aujourd'hui en Syrie (djihadistes, pétro-dollars et combines des "Grands" corrupteurs, USA, UE, Israël et Russie)... vers des lendemains de guerre ?...

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    1. Dans un nouvel article, Pim écrit que je tente de (...)" réécrire l'histoire de la Guerre d'Espagne en déguisant les "rebelles" franquistes en révolutionnaires"... QUELLE ERREUR !!!, tu me fais dire l'inverse de ce que je dis - avec Orwell...
      Je ne comprends pas que tu n 'ais pas compris que les "rebelles" évoqués sont ceux du POUM et des anarchistes CNT-FAI, classés tels par les communistes et autres faux amis, au lieu de continuer de combattre ensemble les fascistes de Franco ...

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  6. Bonjour. J'ai essayé de commenter ton article ce matin sur ce blog, mais le robot a dit vade retro. Je me suis donc
    rabattu sur le mien pour y commettre un point de vue que je trouve loin d'être "excellent" - mais c'est gentil de le
    laisser croire -. Il semble bien que j'ai extrapolé ton point de vue sur la base de ce qui avait déjà été discuté entre
    nous sur Ruminances. S'il ne s'agit que de faire valoir les coups tordus dons taon victimes les révolutions, je n'ai
    rien à redire. Et il suffit pour s'en convaincre, si besoin était, de regarder ceux opérés par une ministre de
    l'Intérieur française auprès de "l'ami tunisien", comme ceux que doivent à présent vivre les révolutionnaires
    égyptiens qui se sont fait chouraver leur "révolution". Mais, au fait, étaient-ce des "révolutions" ? C'est là que nos
    avis divergent. Et si tu fais, à nouveau, référence à l'Espagne de 36, comme cas d'école, en effet, d'une révolution
    trahie par ses "amis", c'est que, sur ce point, tu es intransigeant : les printemps arabes sont des révolutions, et la
    Syrie en fait partie. Sans même parler de ce que tu ne dis rien à ce propos ni de la Libye, ni du Bahreïn, ni du
    Yemen, je ne vois pas en Syrie, l'ombre ou même l'amorce d'une révolution, pas plus que je ne les aperçois en
    Ukraine. Il n'y a donc, de mon point de vue, nulle confiscation, puisque les faux amis étaient là dès les premières
    manifestations que l'on peut dire "populaires", qui se contentaient d'être revendicatives. Ce sont les "animateurs"
    de rue et autres djihadistes qui leur ont donné une coloration autre dès le départ, ou presque, puisque très
    rapidement, il y eut des armes, venant certes des forces d'Assad, mais il n'est guère possible, ni vraiment
    intéressant de savoir qui a commencé le premier. On a vu ce qu'il en a été en Ukraine, à ce propos, avec des
    snippers sortis de nulle part et mettant le feu aux poudres, ainsi que leur "mission" le supposait san aucun doute.
    Et quasiment aussitôt, Londres et ses fonds de pension, Washington et ses visées iraniennes se sont "indignées",
    c'est-à-dire jetées là-dessus comme un effet d'aubaine qui s'avéra, assez vite aussi, comme bien plutôt un effet
    provoqué.

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    1. Merci, Pim, de ta réponse.
      J'ai dis trouver "excellent" ton blog en général, pas la première allusion que tu as faite dans ton article d'avant, mais sans plus...
      Par contre j'ai sursauté d'horreur sur le contresens que tu as fait dans le second, sur les franquistes !

      Pour en revenir à ta réponse ci-dessus, ceci. Tu parles des conneries de MAM vis à vis de son ami Ben-Ali, bon... : poubelle !
      Il est vrai que je dis rien de la Libye, du Bahreim, du Yemen : pas la place ici : j'ai raccourci 4 ou 5 pages de notes sur l'ensemble du "Printemps Arabe", car j'en connais beaucoup ayant vécu mes premiers 17 ans au canal de Suez et suis toujours ami avec des immigrés arabes... Par contre je connais très mal la Crimée, l'Ukraine,etc. : reste donc prudent.
      Mais SURTOUT, par expérience, je me méfie beaucoup des généralisations (et "jugements" parfois!) d'intellectuels en stratégie.
      Je préfère me fier aux témoignages poignants (genre Orwell) et, par exemple, hier, du simple et humble Syrien qui est devenu ouvrier (naturalisé français) aux Chantiers de l'Atlantique depuis 30 ans, à cause de Assad-père. Il est déprimé de ne plus pouvoir avoir des nouvelles de sa vieille maman depuis 2 ans, découragé de la misère de son peuple pacifique en guerre civile...

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  7. Beaucoup de boulots avec une expo à venir en fin de semaine, pas beaucoup de temps à consacrer au blog.....
    Ton article est intéressant sur bien des points, il y a comme une permaculture de la révolte ..Je crains que toutes ces dernière révolutions ne soient tuées dans l’oeuf, quand elles ne sont pas montées de toute pièce. Cela me laisse un gout amer.....

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    1. Martine - bonne expo à venir ! J'ai moi aussi un goût amer, et nous sommes nombreux ainsi. Faut s'accrocher, quoi !...

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