jeudi 6 mars 2014

Patrick Buisson ou l'arrière Sarkozie

Illustration Miguel P.Diaz
En 2011 j'avais tiré pour Ruminances le portrait de Patrick Buisson, alors conseiller de Sarko. Le retrouvant au cœur de l'actualité pour le scandale des enregistrements lors de réunions privées à l’Élysée pendant le précédent quinquennat, mettant à mal l'image du Lider Mínimo tout autant que la sienne, je vous le livre avec quelques modifications minimes, puisque rien de fondamental n'a changé chez le sinistre :

Patrick Buisson. Signe du bélier, dernier décan. spécialiste en dépenses sondagières. Conseiller de Sarko, alias El Mínimo.
Dire que le gars a besoin d'une clé pour enfoncer les portes relève de la fiction. Né un 19 avril, en plein printemps, son corps et son esprit n'ont jamais quitté l'hiver.
Un drôle de pedigree le gnace, toujours dans le sillon, sans jamais dévier. Une ligne droite dans un esprit torve.
Trousse-pète d'un père ingénieur EDF, militant de l'Action Française et grand apologiste de Maurras, fiston ne peut échapper à son destin. A l'âge où la jeunesse pratique l'onanisme avec vigueur, Patrick a déjà d'autres sujets à branler et s'applique à détester le bougnoule et le communisme. Si d'aventure le « bicot » est un « rouge », ce n'est que du bonus. Deux pour le prix d'un !
En refusant, lycéen, d'observer la minute de silence en mémoire des victimes d'un attentat meurtrier de l'OAS, il montre à papa qu'il est son digne successeur et mérite sa place dans l'ordre de la cagoule. Est-il nécessaire de préciser qu'en mai 1968 il s'opposa de toute la force de ses bras pas musclés au Mouvement du 22 mars, tous des juifs allemands, pouah !
Ce serait erreur de penser que le type était un brétailleur à la façon d'un Longuet, d'un Madelin ou d'un Devedjian, puisque dès la fin de ses études il quitte le militantisme « actif » pour se consacrer à l'enseignement. Coloniser l'esprit des têtes blondes devient un apostolat qu'il exerce durant quelques années avant de s'orienter vers le journalisme.
Mais c'est dans le feutre des cabinets sombres qu'il donne sa pleine mesure ! Il est historien, analyste, homme de réflexion et un journaliste qui, de Minute au Crapouillot, en passant par Valeurs actuelles et LCI, ne rêve qu'à l'unification de l'empire droitier. Chose qui, observée à la lumière de l'actualité – compte-tenu de la position qu'il occupe, lui et quelques autres de même facture, dans l'équipe de Sarko – lui donne de facto le statut de « visionnaire ». Ne déclare-t-il pas sans sourciller en 1986 ou 87 : « Le Pen, le RPR et le PR, c'est la droite. Souvent, c'est une feuille de papier à cigarettes qui sépare les électeurs des uns ou des autres ».
Les électeurs seulement ?...
Citons pour la postérité son opus, écrit en collaboration avec Pascal Gauchon, le verrat bien connu de Défense de l'Occident et d'Ordre Nouveau : « OAS, Histoire de la résistance française en Algérie », préfacé par un artiste du gourdin, Pierre Sergent.
Son parcours dans la presse et dans les médias l'ayant sans doute persuadé que pour fabriquer de la bonne soupe il lui fallait un bon potager, le voici lancé dans le « conseil aux hommes politiques ».
Après Jimmy Goldsmith, un temps, on le retrouve dirigeant les campagnes de Philippe de Villiers, aux européennes de 1994 et à la présidentielle de l'année suivante, labourant du souverainisme à bannières déployées.
Ensuite ?... Que du fulgurant ! Il vend. Il vend du service, en veux-tu, en voilà. A Madelin, évidemment, quelle idée ! Mais aussi à Bayrou, puis dirige et anime, en association avec les directeurs des instituts de sondages, à partir de l'année 2 000, la page « Opinion » du Figaro... On passe rapido, parce que l'oiseau à plus d'une plume à son cul...
Pour faire succinct, c'est en 2005 que Sarko, alors ministre de l'intérieur, le repère et le déclare conseiller. C'est ce marlou que Sarko a décoré de la Légion d'honneur en 2007 qui le trahit aujourd'hui. C'est encore à Buisson Ardent  que le pays doit la création du ministère de l'identité nationale et l'idée d'aller piocher du vote chez ses anciens collègues du Front National en élaborant le discours sécuritaire...
Toute peine méritant salaire, Patrick Buisson a, outre des menus services rendus au châtelain, facturé à l'Élysée un total de 130 autres factures pour des conseils, dont une quinzaine de sondages, le montant s'élevant à 392 288 euros. Épinglé par la Cour des comptes, le total de ses prestations avait atteint la somme de 1,5 million d’euros pour l'année 2 007 !
A quoi bon se péter le cul en jouant au loto !
Dire qu'il y a encore maintenant des personnes qui se fâchent quand elles lisent ou entendent « Sarkofacho » ! 
Sur un point Buisson avait raison quand il écrivait à l'époque de Minute : « Le Pen, le RPR et le PR – ne rayez pas la mention inutile, il y en a pas – c'est la droite. Souvent, c'est une feuille de papier à cigarettes qui sépare les électeurs des uns ou des autres »...

Sur le sujet :
Selon Buisson, Sarkozy savait qu'il avait été enregistré


Sous l'casque d'Erby

Andro hideux !...

12 commentaires:

  1. Bonjour les caillasseux. Temps aux oignons diplomatiques.
    "Non, ce n'est pas moi, c'est l'Autre !" La guerre des préaux fait rage et la diplomatie dépense sans compter l'argent confisqué pour quitter les dorures d'une chancellerie pour celles d'une suivante afin de nous guider dans nos choix : Schizophrénie ou Alzheimer ?
    Merveilleux !

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  2. Minuscule anecdote d'hier : sur le trottoir, au centre de ma "bonne ville ouvrière" de St-Nazaire, je croise un sévère vieillard, qui lit, en le brandissant comme une affiche, "Action Française"... Je suis surpris qu'existe encore (et ici!) cette gazette maurrassienne, bien plus encore du gros titre : "TOUS SUISSES!"... Je passe mon chemin puis revient, interroge le Mô-Sieur : "Vous avez aussi de l'Action Suisse? J'achète!". Le type pince les lèvres, me jette un regard noir, se détourne...

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  3. Je viens de lire les extraits des enregistrements, je vois pas ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est anecdotique , encore pour occuper le peuple. Je pense qu’il y a eut bien d’autres conversations plus compromettantes ou importantes.

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  4. Bof... à peine une anecdote.
    En revanche, aujourd'hui et compte tenu de ce que votent sans hoqueter les députés dits "de la majorité", Buisson peut facilement ajouter les solférineux à ce qu'il appelle la droite.

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  5. "Qui s'assemble se ressemble." Non ?

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  6. Bizarrement, dans la colonne de droite, "les Cénobites Tranquilles" ne sont pas réactualisés aujourd'hui : il y a pourtant un excellent portrait : "les mystères de Wes"...

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    1. Ça doit venir de chez toi et de ta bécane à pédales. Sur la colonne de droite il est en 8e position et il ouvre parfaitement sur John Leslie « Wes » Montgomery himself !

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    2. Ben ! lien est mis sur "wes", enfin !

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  7. On nous parle des méfaits de M. Buisson. Son parcours, par exemple, n'est-il pas un modèle du genre, qui témoigne, si besoin était, des préférences marquées de ceux qui l'emploient. Il est des actes qui valent de longs discours, n'est-il pas ?

    Brave petit soldat, donc, ce M. Buisson, qui a bien mérité de la patrie reconnaissante - légion et tout le tintouin - : grâce à ses petits coups de derrière les fagot - que voilà un homme moderne, au fait des dernières technologies, NSA à lui tout seul, et bien avant que l'on en fasse un fromage - voici que nous pouvons plonger les oreilles en direct - mais pas le groin, hélas, et gagner ainsi le jackpot - chez les Crapouillots.
    L'est pas belle la vie ? Comme dirait certains, Mme Le Pen peut se régaler : elle n'a pas même à se baisser pour ramasser l'ordure à présenter sur son étal ; la voici qui vient à elle. Comme quoi, il y a de ces hasards dans la vie politique ...

    Les Ukrainiens de Kiev ont bien raison de manifester leur mécontentement : il est grand temps que l'Ukraine intègre en son sein l'Europe, tant ces deux-là, à quelques détails près, semblent manifester de proximité dans leurs bonnes manières ...

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    1. Brave, en effet, ce petit Buisson et cette petite Hexagonie, tout feu, tout flamme pour les épiphénomènes. A vrai dire, je suis fatigué par la redondance de l'actualité, toute tournée vers la diversion et donc la manipulation. Alors, quand j'ai vu que Buisson-malgré-lui prenait de la bouteille, ai sorti ce vieux portrait... Actuellement, ce qui me divertit à un point qu'on n'imagine pas c'est la diabolisation tous azimuts de ce malin de Poutine, en essayant de cacher la merde européenne sous le tapis ! Mais sous le tapis ou pas, la merde est là et les responsables ne sont pas forcément ceux qu'on nous désigne ! Une certaine presse dite "radicale" ferait bien de ne pas l'oublier !

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